Bassil menace les vice-gouverneurs de la BDL de poursuites judiciaires s'ils poursuivent les politiques de Salamé

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a mis en garde les vice-gouverneurs de la Banque du Liban (BDL), les menaçant de poursuites judiciaires s'ils poursuivent les politiques financières du gouverneur Riad Salamé après la fin de son mandat fin juillet.

S'exprimant devant des jeunes membres du CPL dans un camp d'été au Liban-Nord, M. Bassil a appelé les quatre vice-gouverneurs à "ne pas poursuivre les mêmes politiques que celles de Riad Salamé". ''Je préviens tous ceux qui veulent les poursuivre, en particulier les vice-gouverneurs, que nous les tiendrons pour responsables et les poursuivrons en justice s'ils adoptent ces mêmes politiques illégales'', a insisté le chef du CPL, qualifiant ces ingénieries de ''pyramide de Ponzi''. 

Jeudi, les quatre vice-gouverneurs ont présenté à une commission parlementaire une stratégie visant à "rectifier la politique monétaire du pays" et à ouvrir la voie à un redressement financier. Leur plan s'écarte nettement de la politique observée pendant trois décennies par Riad Salamé, et prévoit un flottement ''contrôlé'' du taux de change entre la livre libanaise et le dollar, ainsi que le lancement d'une plateforme de taux de change "internationalement reconnue" qui reflétera la "valeur réelle de la livre". M. Salamé a, au contraire, adhéré pendant des années à des mécanismes d'ingénierie financière pour maintenir un ancrage officiel de 1.507,5 LL pour un dollar.

Riad Salamé, 72 ans, dirige la BDL depuis 1993 et est accusé d'être l'un des principaux responsables de la crise financière du pays. Son mandat prend fin à la fin du mois, sans qu'un remplaçant n'ait jusqu'à présent été nommé, sur fond de vacance présidentielle et alors que le gouvernement est uniquement chargé de l'expédition des affaires courantes. Il fait l'objet de poursuites au Liban et dans plusieurs pays européens, où il est soupçonné d'avoir amassé une fortune immobilière et bancaire considérable grâce à un montage financier complexe et à un détournement massif de fonds publics libanais.

M. Bassil a encore déclaré samedi que les responsables politiques "corrompus" veulent que Riad Salamé reste à la tête de la BDL "pour les protéger". Il a en outre accusé la classe politique ''corrompue'' de vouloir "maintenir un gouvernement inconstitutionnel et illégitime" et permettre au Premier ministre sortant Nagib Mikati d'assumer les pouvoirs présidentiels alors que la vacance au palais de Baabda dure depuis des mois.

Le CPL boycotte les réunions du Conseil des ministres qui se son tenues depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre, et accuse M. Mikati de vouloir assumer des prérogatives réservées au président de la République.