Cramponnez-vous à vos sièges et préparez-vous à avoir peur !

« Fear » est une série artistique, poétique, expérimentale et non fictive, qui explore comme son nom l’indique la nature multiforme de la peur à travers la perspective audiovisuelle de neuf artistes talentueux. « Cette nouvelle série que nous avons produite dans le cadre du programme intuitif « filmlab », que j'ai créé et que je dirige chaque année, offre aux artistes du milieu audiovisuel la possibilité de produire gratuitement, librement et sincèrement un nouveau film d'art », indique la réalisatrice Muriel Aboulrouss.

« Chaque année nous proposons ce programme de mentorat de 6 semaines à la suite duquel est créée une nouvelle série et où 9 artistes sont sélectionnés. Nous avons commencé par produire Ana Beyrouth en 2021 suivie par Ana/I Am en 2022 et en 2023 Fear a vu le jour. » « Les 9 candidats sélectionnés doivent être prêts et assez mûrs pour cette création. Car il s’agit d’un travail individuel. Même si je les accompagne dans le processus de développement de leur idée. Et qu’ils soumettent ensuite leur travail à l’étalonnage d’Élias Nemr et au mixage son de Victor Bresse », signale Aboulrouss.

Se reconnecter avec les émotions premières

Le programme intuitif « filmlab » est né en 2012 mais a été gelé lors de la création de Zyara, l’autre mini-série signée par le duo Muriel Aboulrouss et Denise Jabbour, dont la réalisation s’est étalée sur plusieurs années. « Après la double explosion du 4 août 2020, confie Muriel Aboulrouss, nous avons décidé de reprendre cette initiative et de nous effacer pour laisser carte blanche aux réalisateurs en herbe. L’objectif de ce filmlab est d’abord d’archiver les émotions humaines et ensuite d’amener cette jeunesse libanaise « perdue » à croire en son potentiel et à faire exploser sa créativité. Les jeunes pourront ainsi sonder leurs émotions en les transformant en un film au langage cinématographique qui leur est personnel », précise-t-elle. Et de poursuivre : « Le 4 août a été un coup de massue pour l’art qui ne trouvait plus sa place dans notre monde. J’ai senti qu’il était de mon devoir, puisque j’ai survécu à cette catastrophe, d’offrir tout mon soutien aux jeunes talents, en les suivant et en protégeant l’authenticité de leurs projets, loin du mainstream et du diktat de ce qui est interdit et permis dans l’industrie des films ».

« Fear » reproduit donc la peur à l’écran. Cette frayeur qui vous serre la gorge et vous prend aux tripes. Elle est tout à la fois unique et multiple, et les artistes choisis ont su la représenter à partir de leurs expériences personnelles afin qu’elle soit démultipliée en des centaines d’interprétations. « Chacun d’eux a créé un épisode qui sonde profondément l'une de ses peurs personnelles, qu'il a intuitivement explorée à travers des moments capturés de la réalité dans laquelle il vit. »

Ces mini-épisodes qui composent la série et n’excèdent pas cinq minutes chacun offrent un aperçu unique des complexités universelles de la psyché humaine, révélant certaines des craintes qui sont souvent profondément enfouies en nous.

En couleurs ou en noir et blanc, avec une image saturée ou bien léchée, un son strident ou sourd mais toujours obsédant, Line Itani, Alex Meouchi, Rayan Zrein, Leen Aoun, Jamal Jaafar, Yara Amache, Tia Naamy, Karim Chreyteh et Charbel Chouchany ont ainsi reproduit dans cette série « Fear » édition 2023 un éventail d’émotions palpitantes. Ce groupe de jeunes talents a réussi à arracher des objets et des situations du quotidien divers aspects de la peur et à nous plonger dans un monde parallèle effrayant et familier tout à la fois.

« Le filmlab qui vise à donner à ces jeunes le droit de s’exprimer avec un langage personnel et sans garde-fous au-delà du jugement des autres est un premier pas vers soi-même et vers ce qui pourra être développé plus tard en films longs ou courts ou même en séries », dit Muriel Aboulrouss.