Rechercher
Rechercher

Culture - Focus

Jane B. à l’écran : du nu intégral à la mise à nu

Jane B. à l’écran : du nu intégral à la mise à nu

Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg lors de la présentation de « Jane par Charlotte » en 2021. Photo AFP

Elle n’avait pas de nom au générique du film de Michelangelo Antonioni Blow-Up. Elle était juste surnommée « la blonde ». C’est vrai que son rôle ne durait que quelques minutes, mais Jane Birkin avait illuminé l’écran de son beau nu intégral et tellement esthétique qu’on croirait voir une odalisque moderne, avec les formes en moins. Quelque 70 rôles plus tard, entre films commerciaux et d’auteurs, Jane Birkin effectuera une mise à nu de sa propre personne qui fera oublier au public qu’un jour elle n’était qu’un corps dénudé.

Et pourtant, ce rôle a commencé par un pari de son premier mari et père de Kate, le compositeur John Barry, qu’elle voulait impressionner quand il lui lança : « Tu n’oseras jamais te dénuder devant la caméra ». Il ne fallait pas badiner avec elle. Pari tenu doublement puisqu’elle posait nue devant la caméra de David Hemmings, qui jouait le rôle de photographe dans le film, et au grand écran, devant celle du grand Antonioni.

Jane Birkin dans « Blow-Up » de Michelangelo Antonioni (1966). Photo Contributor/Corbis via Getty Images

Le 7e art l’appelle. Elle est engagée en 1969 par Jacques Deray pour jouer le rôle de séductrice entre deux monstres sacrés du cinéma, Alain Delon et Romy Schneider. Encore une fois, on parie sur son physique et sa silhouette qui captivent la caméra. Ce n’est que par la suite que derrière la peau diaphane, le sourire qui irradie l’écran, se dévoile une actrice à multiples facettes. Pendant dix ans, elle enchaîne les films, parfois sous la direction de Serge Gainsbourg – le sulfureux Je t’aime moi non plus (1975) –, mais le plus souvent dans des rôles comiques comme dans La moutarde me monte au nez et La Course à l’échalote, deux films de Claude Zidi où son duo avec Pierre Richard est irrésistible. Avant de passer aux films d’auteurs, entre autres sous la direction de son troisième compagnon Jacques Doillon, père de Lou.

Sa première mise à nu s’effectue devant Agnès Varda qui la fait jouer Jane B par Agnès V en 1987, un portrait de l’actrice sous forme de collage d’entretiens et de sketches. De ce documentaire naît une grande amitié. Agnès Varda va convaincre Jane de passer derrière la caméra, d’abord pour un téléfilm, puis pour le long métrage Boxes en 2007. Une seconde mise à nu puisqu’il s’agit dans ce film d’une femme qui emménage dans sa nouvelle maison au bord de la mer en Bretagne, où des « boxes », les cartons de déménagement qui renferment mille objets, mille souvenirs, envahissent les lieux. De là va surgir son passé. Le film, écrit et réalisé par Jane Birkin, est plus personnel. Elle sonde son intériorité avec finesse et tendresse.

En janvier 2022, après une longue absence des écrans, l’actrice et chanteuse (qui n’est plus la blonde mais simplement Jane) apparaît sous la caméra pudique de sa fille Charlotte qui signe son premier film. La fille de Gainsbourg raconte sa mère Jane Birkin dans un documentaire, Jane par Charlotte. Ce n’est pas une troisième biographie mais une déclaration d’amour pudique à une maman à laquelle elle n’a jamais su dire « je t’aime ». L’histoire d’une relation découpée au scalpel et mise à nu.

Elle n’avait pas de nom au générique du film de Michelangelo Antonioni Blow-Up. Elle était juste surnommée « la blonde ». C’est vrai que son rôle ne durait que quelques minutes, mais Jane Birkin avait illuminé l’écran de son beau nu intégral et tellement esthétique qu’on croirait voir une odalisque moderne, avec les formes en moins. Quelque 70 rôles plus tard, entre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut