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Moyen-Orient - REPERE

Ce qu’il faut savoir sur la visite du Premier ministre irakien à Damas

Mohammad Chia el-Soudani a entamé dimanche un déplacement officiel de deux jours dans la capitale syrienne pour y rencontrer Bachar el-Assad, quelques semaines après la réhabilitation régionale de l’ancien paria.

Ce qu’il faut savoir sur la visite du Premier ministre irakien à Damas

Le Premier ministre irakien Mohammad Chia el-Soudani (à gauche) aux côtés du président syrien Bachar el-Assad lors d'une cérémonie de bienvenue à Damas, en Syrie, le 16 juillet 2023. Photo Reuters

C’est la première fois depuis l’éclatement du soulèvement populaire en Syrie en 2011 qu’un chef de l’exécutif irakien effectue un voyage officiel dans le pays – même si les deux puissances n’ont jamais interrompu leurs liens. Une visite officielle – notamment axée sur la sécurité de leur frontière commune et le renforcement de leur coopération économique – qui revêt une importance particulière après le retour du régime Assad dans le giron arabe au mois de mai.

Les faits

• Dimanche, le Premier ministre irakien Mohammad Chia el-Soudani s’est rendu à Damas à l’occasion d’une rencontre officielle de deux jours auprès du président syrien Bachar el-Assad. Accueillie au palais présidentiel de la capitale, la délégation irakienne comprenait également les ministre et vice-ministre des Affaires étrangères, le ministre du Commerce ainsi que le commandant adjoint des opérations conjointes.

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• Au menu : des discussions autour de la sécurité de leur frontière commune de 600 km – incluant la lutte contre les réseaux de contrebande de l’amphétamine captagon et contre le terrorisme, une référence au groupe jihadiste État islamique (EI) –, le retour des réfugiés syriens en Irak (estimés à 250 000), l’atténuation de l’impact de la sécheresse, ainsi que le renforcement des liens économiques et commerciaux.

• Durant sa visite, dimanche, Mohammad Chia el-Soudani a déclaré que l’Irak soutenait la levée des sanctions occidentales contre la Syrie, mises en place au début de la répression sanglante du soulèvement populaire de 2011 par le pouvoir en place puis renforcées.

Le contexte

• Le déplacement du chef de l’exécutif irakien à Damas intervient un mois après la visite du chef de la diplomatie syrienne Fayçal Mekdad à Bagdad le mois dernier, lors de laquelle l’invitation de Mohammad Chia el-Soudani a été lancée.

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• Dernier signe en date de la fin de l’isolement du régime Assad par ses voisins, ce voyage a lieu dans le contexte de la réhabilitation arabe de l’ancien paria.

• Après des années de mise au ban régionale, le pouvoir à Damas a fait son grand retour au mois de mai, acté par sa présence au 32e sommet de la Ligue arabe à Djeddah sous l’impulsion de l’Arabie saoudite.

• Si la plupart des pays de la région avaient fermé leurs ambassades en Syrie, Bagdad et Damas ont continué d’entretenir des liens économiques étroits au cours de la décennie passée.

• Tandis que la rencontre officielle entre les dirigeants irakien et syrien doit aborder une série de questions liées à leur frontière commune, Bachar el-Assad a déclaré, dimanche, à l’issue d’une conférence de presse conjointe, que les deux pays étaient « confrontés à plusieurs défis, en premier lieu celui du terrorisme ». Une référence au groupe EI qui a contrôlé de vastes régions en Irak et en Syrie après l’établissement de son califat autoproclamé en juin 2014.

• Le groupe jihadiste a été vaincu en Irak en 2017, tandis que sa défaite a été annoncée en Syrie en 2019. Un réseau de cellules dormantes subsiste cependant, alors que Washington justifie sa présence dans la région par les combats qu’elle mène pour les éradiquer.

• La lutte contre la circulation des drogues à la frontière, en particulier du captagon, figure également parmi les sujets devant être abordés. Ces dernières années, la Syrie s’est transformée en narco-État, alors que les proches du pouvoir tirent les ficelles du trafic de captagon – dont Damas est devenue le premier producteur mondial. Officiellement, ce dernier nie en bloc et promet d’aider à mettre fin à cette contrebande, ayant en partie motivé la normalisation saoudienne et jordanienne avec le régime Assad.

• L’arrivée de Mohammad Chia el-Soudani à Damas a coïncidé avec la découverte, dimanche par l’Irak, d’un rare site de fabrication de captagon dans le sud du pays, frontalier de l’Arabie saoudite, selon les autorités de Bagdad.

Les enjeux

• Avec sa visite officielle, le Premier ministre irakien acte un peu plus la normalisation arabe du régime Assad, obtenue à la suite des efforts-clés des Émirats arabes unis puis de l’Arabie saoudite, au printemps dernier. Un déplacement symbolique dont l’amitié entre les deux pays a été mise en avant : « Le président Assad et le Premier ministre irakien ont souligné que la solidarité entre l’Irak et la Syrie dans diverses circonstances était une véritable traduction des relations fraternelles et historiques qui unissent les deux pays et ont souligné la poursuite du développement de ces relations aux niveaux officiel et populaire », a rapporté l’agence de presse officielle syrienne SANA.

• Le voyage de Mohammad Chia el-Soudani en Syrie, qui est parrainée par la République islamique, signale également le resserrement institutionnel de l’axe iranien alors que l’actuel chef du gouvernement irakien était le candidat proposé par la coalition rassemblant les partis chiites pro-Téhéran.

C’est la première fois depuis l’éclatement du soulèvement populaire en Syrie en 2011 qu’un chef de l’exécutif irakien effectue un voyage officiel dans le pays – même si les deux puissances n’ont jamais interrompu leurs liens. Une visite officielle – notamment axée sur la sécurité de leur frontière commune et le renforcement de leur coopération économique –...

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