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Économie - Politique monétaire

Ce que l'on sait sur la nouvelle plateforme de change préparée par la BDL

Selon le 3e vice-gouverneur de la Banque centrale, Bloomberg et Refinitiv sont les deux candidats en lice pour préparer le remplacement de Sayrafa.

Ce que l'on sait sur la nouvelle plateforme de change préparée par la BDL

L'enseigne d'un bureau de change à Beyrouth. Photo João Sousa

Partie d’une information brève succincte et aux sources anonymes vendredi soir, la nouvelle est tout ce qu’il y a de plus officiel en ce début de semaine. Le Conseil central de la Banque du Liban (BDL) est bel et bien en train de préparer le lancement d’une nouvelle plateforme officielle devant diffuser le taux de change entre la livre libanaise et le dollar sur le marché, dans une économie en crise depuis 2019 et dont la monnaie a perdu 98 % de sa valeur.

La finalité de cette nouvelle plateforme est de remplacer Sayrafa, lancée par la BDL en 2020 pour tenter de devenir la référence du marché – mais en vain -, ainsi que les sites et applications informelles qui relaient actuellement le taux de change pratiqué chez les agents agréés ou illégaux (comme lirarate.org ou Adde dollar). Le fonctionnement de ces plateformes, qu’il s’agisse de Sayrafa ou des autres, n’a jamais été clairement expliqué par ceux qui les opèrent.

« Ce dont l’économie libanaise a besoin maintenant, c’est d’un outil qui permette de suivre le taux de change du marché de façon transparente et sans intervention de la Banque centrale en dehors des cas normalement prévus par le Code de la monnaie et du Crédit », affirme à L’Orient-Le Jour le 3e vice-gouverneur de l’institution, Salim Chahine.

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« La BDL est actuellement en train de préparer les circulaires qui vont organiser le fonctionnement de cette nouvelle plateforme, déterminer quels acteurs seront éligibles pour l’alimenter avec des données du marché et à quelle conditions », explique le haut responsable, nommé en 2020 en même temps que les autres vice-gouverneurs. « C’est un processus en cours, qui s’inscrit dans une démarche collective impliquant tous les vice-gouverneurs de la BDL », ajoute-t-il, sans communiquer de calendrier ou d’autres spécificités.

Deux sociétés

M. Chahine précise, en revanche, que deux sociétés sont candidates pour opérer la nouvelle plateforme : le groupe financier et agence d'informations économiques et financières américain Bloomberg LP, et Refinitiv, le fournisseur mondial de données et d’infrastructures pour les marchés financiers, qui était jusqu’en 2018 la branche Financial & Risk de l’agence de presse Reuters. Le vice-gouverneur a assuré que ces deux sociétés étaient « recommandées » par le Fonds monétaire international (FMI).

« L’objectif est de fournir un outil fiable pour permettre au Liban d’achever sa transition vers un régime de change flottant, comme le demande le FMI », souligne Salim Chahine. Il s’agit en effet d’une des réformes préalables listées dans l’accord préliminaire (le Staff-Level Agreement) conclu en avril 2022 entre le Liban et l’organisation internationale. « Il est difficile d’imaginer que la BDL puisse mener une politique monétaire adaptée aux besoins du pays sans un tel outil » insiste-t-il encore.

Entre la fin des années 1990 et 2019, la BDL stabilisait le taux de change officiel à 1507,5 livres pour un dollar en intervenant sur le marché, injectant soit des dollars, soit des livres. Mais la situation a beaucoup changé depuis le début de la crise au courant de l’été 2019. À l’issue d'une longue série presque ininterrompue de déficits annuels de la balance des paiements, la BDL a commencé à limiter ses interventions tandis que les banques, elles aussi à court de dollars, ont entrepris de restreindre illégalement l’accès de leurs clients à leurs dépôts en devises.

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Si le taux de change réel a commencé à décrocher dès 2019,  le taux officiel a été maintenu pour certaines opérations spécifiques, avant que d’autres taux de change fixe ne soient institués pour des mécanismes aménageant les restrictions bancaires en permettant aux déposants de retirer une partie de leurs fonds, mais à des conditions restrictives.

Mettre fin aux arbitrages

En 2020, la BDL a institué Sayrafa, avec l’ambition d’en faire le métronome du marché. Mais le rôle de cette plateforme s’est rapidement limité à diffuser un taux variant selon des critères obscurs à quelques encablures du taux réel et qui n’est utilisé en pratique que pour une palette d’opérations restreintes. Entre autres effets pervers, la coexistence de ce taux avec celui du marché favorise les arbitrages et la volatilité de la monnaie nationale.

Pour donner un exemple très récent : le week-end dernier, le taux de change du marché qui était relativement stable depuis plusieurs semaines, a subitement fluctué de plusieurs milliers de livres avant de se stabiliser de nouveau après que des rumeurs sur la suspension des opérations aux taux de Sayrafa avaient commencé à courir. Selon un banquier s’exprimant sous le sceau de l'anonymat, la situation est en partie imputable à un retard de la BDL dans la validation des demandes de dollars qu’elle vend aux banques pour honorer les conversions de livres en dollars au taux de Sayrafa que souhaitent effectuer leurs clients. La situation s’est ensuite stabilisée après que la BDL a assuré, dans un communiqué, que les opérations au taux de Sayrafa n’étaient pas interrompues. A noter que ces dollars sont puisés dans les réserves de change de l’institution, qui ont diminué comme peau de chagrin depuis le début de la crise.

La multiplication de taux de change, tous moins élevés que celui du marché, tout comme le maintien de Sayrafa dans sa forme actuelle, ont été critiqués par le FMI et n’ont pas, non plus, les faveurs des vice-gouverneurs, qui communiquent sur ce projet de nouvelle plateforme depuis des mois.

Partie d’une information brève succincte et aux sources anonymes vendredi soir, la nouvelle est tout ce qu’il y a de plus officiel en ce début de semaine. Le Conseil central de la Banque du Liban (BDL) est bel et bien en train de préparer le lancement d’une nouvelle plateforme officielle devant diffuser le taux de change entre la livre libanaise et le dollar sur le marché, dans une...

commentaires (4)

Sayrafa n'est pas ideale. Mais assez d'aventures abruptes. Aretez les experiences, uttilisez Sayrafa. Et doucement changez si vous devez changer.

Tina Zaidan

10 h 41, le 18 juillet 2023

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Commentaires (4)

  • Sayrafa n'est pas ideale. Mais assez d'aventures abruptes. Aretez les experiences, uttilisez Sayrafa. Et doucement changez si vous devez changer.

    Tina Zaidan

    10 h 41, le 18 juillet 2023

  • Ben, tout est simple et limpide. Il suffit d'émettre de nouvelles circulaires ! Comme le chantait Gaisbourg... "Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous. Des trous d'première classe, des trous d'seconde classe.". Circulez, ya rien à voir.

    Ca va mieux en le disant

    23 h 17, le 17 juillet 2023

  • Revoir comment remédier le problème et non comment résoudre le problème.

    Mohamed Melhem

    19 h 22, le 17 juillet 2023

  • La plate-forme Sayrafa actuellement, semble stabiliser les changes. Elle n'utilise pas de devises des réserves de la BDL. Au lieu de prendre des risques coûteux, il est conseillé aux vice gouverneurs de connaître le fonctionnement de cette plate-forme avant d'essayer des nouveautés risquées. Dailleurs, un long parcours avant d'y arriver.

    Esber

    19 h 12, le 17 juillet 2023

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