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La militante libanaise de gauche Souha Béchara brièvement détenue en Grèce

"On lui a dit qu'elle représentait une menace pour la sécurité nationale grecque", a déclaré mercredi à L'Orient-Le Jour Adnan Béchara, frère de l'activiste. 

La militante libanaise de gauche Souha Béchara brièvement détenue en Grèce

Souha Béchara lors d'une visite à la prison de Khiam deux ans après sa libération, en 2000. Photo d'archives AFP

Souha Béchara, militante communiste libanaise et ancienne détenue au sinistre centre de détention de Khiam, a été brièvement arrêtée par les autorités grecques mardi soir à l'aéroport d'Athènes, a confirmé le Parti communiste libanais (PCL) à L'Orient Today.

Mme Béchara avait été incarcérée dix ans à Khiam pour avoir tenté d'assassiner, en 1988, Antoine Lahad, leader de l'Armée du Liban-sud (ALS), ex-milice soutenue par Israël.

D'après le responsable du bureau politique du PCL, Omar Deb, Mme Béchara a été informée qu'elle était considérée comme "persona non grata" et "constituait une menace pour la sécurité nationale grecque" lors d'une escale en direction de la Suisse, pays dont elle a la citoyenneté. M. Deb a ajouté que le parti est en contact permanent avec l'activiste et a donc été immédiatement informé de son arrestation.

"Nous avons immédiatement contacté l'ambassade du Liban en Grèce, les autorités suisses et des avocats. Nous avons de nombreux amis qui étaient désireux d'aider Souha à être libérée", a de son côté déclaré Adnan Béchara, son frère, à L'Orient Today. "Finalement, on nous a dit qu'ils ne pouvaient pas lui permettre de partir directement pour Genève, en Suisse, où elle se rendait, car cela violerait la décision prise de ne pas lui permettre d'entrer en Grèce. Elle a donc été renvoyée au Liban, d'où elle devra rentrer directement en Suisse", a-t-il poursuivi. "Nous suivrons de près ce qui s'est passé pour comprendre qui a initié cette démarche. Nous voulons savoir s'il s'agit d'une erreur, s'il s'agit d'une attaque contre la gauche ou contre nous personnellement. Nous avons de nombreux amis au Parlement européen et nous sommes proches de nombreux politiciens européens et nous ne resterons pas silencieux", a-t-il conclu.

Dans un communiqué, le bureau politique du PCL a condamné mercredi l'arrestation de Mme Béchara, la qualifiant de "précédent dangereux constituant une attaque flagrante contre une héroïne nationale libanaise qui a aidé à mener à la libération du pays, et qui a passé 10 ans en captivité dans le camp de détention de Khiam, célèbre pour ses pratiques de torture inhumaines documentées par des organisations internationales, y compris la Croix-Rouge internationale". Le communiqué a également appelé le "gouvernement grec à arrêter les responsables sionistes qui ont établi le centre de détention de Khiam et supervisé la torture de Souha Béchara et de milliers de Libanais, plutôt que d'arrêter des patriotes".

À l'origine une caserne militaire française, le centre de détention de Khiam est ensuite passé sous le contrôle de l'ALS pendant la guerre civile libanaise. Des groupes de défense des droits de l'homme ont signalé de nombreux cas de torture perpétrés dans cette prison.

La déclaration du PCL a conclu en appelant le ministère libanais des Affaires étrangères à "convoquer immédiatement l'ambassadeur grec et à prendre des mesures strictes, et à considérer cette arrestation comme une attaque contre la souveraineté du Liban et la liberté et la sécurité de ses citoyens".

En 1988, Souha Béchara était âgée de 21 ans lorsqu'elle a tiré à deux reprises sur Antoine Lahad avec un revolver de calibre 5,45 mm : une fois dans la poitrine et une fois à l'épaule. La jeune femme avait jeté l'arme avant que les gardes du corps du chef de l'ALS ne l'arrêtent. M. Lahad avait eu le bras gauche paralysé, mais avait survécu à l'attaque. Elle aurait ensuite été brièvement détenue par la sécurité de l'ex-commandant de l'ALS et emmenée en Israël, où elle aurait été interrogée et battue. Elle a ensuite été emmenée à la prison de Khiam, où elle est restée incarcérée pendant 10 ans, sans être inculpée ni jugée. Elle affirme y avoir été torturée et avoir passé six ans à l'isolement dans une cellule. Elle a été libérée le 3 septembre 1998, à la suite d'une intense campagne menée par des personnalités libanaises et européennes. 

Souha Béchara, militante communiste libanaise et ancienne détenue au sinistre centre de détention de Khiam, a été brièvement arrêtée par les autorités grecques mardi soir à l'aéroport d'Athènes, a confirmé le Parti communiste libanais (PCL) à L'Orient Today.Mme Béchara avait été incarcérée dix ans à Khiam pour avoir tenté d'assassiner, en 1988, Antoine Lahad, leader de...