L'annonce est tombée quelques heures avant un vote à l'ONU : "Le Liban s'abstiendra de voter la résolution sur un projet de création d'une institution indépendante chargée de la question des personnes portées disparues ou soumises à une disparition forcée en Syrie", a lancé jeudi soir le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, à la chaîne locale LBCI. Il a ajouté que "la majorité des pays arabes en fera de même", alors que le vote doit avoir lieu ce jeudi soir à l'Assemblée générale de l'ONU.
Une normalisation a récemment eu lieu entre Damas et les pays arabes, la Syrie de Bachar el-Assad ayant réintégré la Ligue arabe le 7 mai dernier, après plus de onze ans d'absence. Le régime syrien avait été écarté en 2011 après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre dévastatrice. D'après Amnesty International, au moins 100 000 personnes auraient été portées disparues ou soumises à une disparition forcée en Syrie depuis 2011.
Le projet de résolution en question vise à établir un mécanisme d'enquête et de détermination du sort des détenus, des personnes disparues et des personnes ayant fait l'objet d'une disparition forcée en Syrie. Selon certains médias locaux libanais relatant le texte de la résolution, son objectif "est purement humanitaire" et consiste à faire la lumière sur le sort de dizaines de milliers de personnes disparues de force, qu'elles soient de nationalité syrienne ou autres.
Elle n'inclurait "aucun cadre temporel relatif à la période de disparition d'un individu", ce qui signifie qu'elle ne se limiterait pas aux seules années de la guerre syrienne, mais aussi aux périodes qui affectent directement le Liban. La Syrie a occupé le pays du Cèdre pendant plusieurs années et, alors que 17.451 personnes sont considérées comme ayant disparu pendant la guerre civile libanaise, les Libanais estiment que nombre d'entre eux pourraient se trouver ou avoir péri dans les geôles du régime syrien.
Ces derniers mois, les autorités libanaises tentent de maintenir de bonnes relations avec la Syrie voisine, plusieurs ministres et personnalités se rendant régulièrement à Damas, notamment pour discuter de la question des réfugiés syriens présents au Liban. Une délégation menée par M. Bou Habib et comprenant ses collègues des ministères des Déplacés, des Affaires sociales, du Travail, de l’Agriculture, de la Culture, du Tourisme et de l’Information doit d'ailleurs se rendre bientôt en Syrie. "Cette délégation doit permettre de lancer une nouvelle initiative pour rapatrier pas moins de 180.000 Syriens", a récemment expliqué le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine.
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Il est clair que le Hezb comme d'habitude, a imposé sa volonté une fois de plus.
Tony BASSILA
07 h 52, le 03 juillet 2023