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Moyen-Orient - FOCUS

Une brèche ouverte dans le long siège du camp de Rukban en Syrie

Une organisation basée aux États-Unis a pu acheminer de l’aide humanitaire vers le camp de déplacés encerclé par le régime syrien, en disposant de l’aide logistique des forces armées américaines.

Une brèche ouverte dans le long siège du camp de Rukban en Syrie

Les conditions dans le camp de Rukban se sont détériorées au cours des dernières années, en particulier depuis la fermeture de la frontière avec la Jordanie. Khalil Mazraawi/AFP

« Nous sommes ravis d'annoncer avoir brisé aujourd’hui le siège qui dure depuis des années contre le camp de Rukban dans le sud de la Syrie », a annoncé mardi sur son compte Twitter la Syrian Emergency Task Force (SETF), basée à Washington. Il s’agit du premier colis d’aide qui atteint la zone depuis très longtemps, celle-ci étant très difficilement atteignable par des convois humanitaires. Car le camp de déplacés vit depuis des années sous un quasi-blocus imposé par le régime de Bachar el-Assad et soutenu par la Russie.

L’organisation à but non lucratif qui vise depuis mars 2011 à répondre à « la dictature syrienne » a financé et s’est procuré les colis d’aide humanitaire en Irak, les a fait livrer à la base américaine d'al-Asad dans la province irakienne de Anbar, où ils ont été chargés sur trois avions militaires américains en direction du camp syrien de Rukban. Une livraison qui contenait des graines, des semences et du matériel d’irrigation, permettant aux résidents de ce camp du désert de cultiver les terres.

Un désastre humanitaire

C’est en 2019 que le dernier convoi d’aide de l’ONU a atteint le camp, situé à la frontière avec la Jordanie. Le régime Assad empêche en effet de gagner Rukban, prétextant qu’il est composé de « terroristes antirégime ». Établi en 2014, le camp s’est vite rempli de Syriens qui cherchaient désespérément à quitter le pays pour rejoindre le royaume voisin de l’autre côté du point de passage. Mais qui s’y sont retrouvés bloqués, une fois qu'Amman a fermé sa frontière en juin 2016.

Or ses habitants connaissent une situation humanitaire désastreuse. Vivant dans des habitations de fortune ou des maisons en brique, sans eau courante ni installations sanitaires de base, de nombreux Syriens de Rukban ont perdu la vie à cause des conditions de vie désastreuses ces dernières années. Beaucoup d’autres ont fui la malnutrition et les pénuries, forcés de retourner vers les territoires contrôlés par le régime de Damas ou vers d’autres parties de la Syrie avec l’aide de passeurs. Si le camp comptait 60 000 déplacés début 2019, on compte aujourd’hui 8 000 personnes à Rukban.

La zone étant dépourvue d’écoles ou d’infrastructures éducatives, l’aide acheminée comprend également des fournitures scolaires pour les enfants de Rukban, qui composent avec les femmes la majorité de la population du camp.

Le rôle partiel de Washington

« Dieu merci, après des années, nous avons pu obtenir le soutien du ministère de la Défense (américain, NDLR) pour apporter de l’aide », a déclaré le directeur exécutif du SETF, Mouaz Moustafa, au média émirati The National.

Le capitaine Abigail Hammock, porte-parole du commandement central américain, a confirmé à al-Monitor que l'armée américaine avait facilité les efforts du SETF « en aidant au transport d'aide vitale vers le camp de Rukban ».

Habitant dans une zone sous protection américaine, du fait de la présence de leur base militaire à 35 kilomètres de là, les déplacés du camp n’ont pourtant pas toujours été aidés par Washington. Les États-Unis ont plusieurs fois été critiqués pour ne pas porter secours aux civils résidant à Rukban, alors même que leur base militaire al-Tanf se situe à 35 kilomètres. Les troupes américaines de la base ont certes soutenu des projets humanitaires dans la région via des partenaires intermédiaires, mais le camp a été marginalisé, à l’exception de quelques rares situations critiques où des soins médicaux y ont été fournis.

Cette fois, le département d’État et l’agence des États-Unis pour le développement international (USaid) ont accepté de charger le matériel d’aide humanitaire sur des avions militaires américains disposant d’un espace excédentaire et ayant déjà prévu de se rendre à al-Tanf depuis l’Irak. « C’est une grande victoire pour les Syriens », s’est réjoui sur son compte Twitter Caroline Rose, directrice du New Lines Institute, basé à Washington. Un succès pour les forces de l’opposition qui font désormais face à la réconciliation arabe avec Damas, parachevée par l’invitation de Bachar el-Assad à Djeddah le 19 mai au sommet de la Ligue arabe.

« En fin de compte, ce n'est pas le fait du gouvernement américain, ni des Nations unies, a déclaré Mouaz Moustafa à al-Monitor à propos de l'aide apportée par SETF. Nous espérons cependant que cela insufflera un changement de politique au sein des Nations unies ou de l’administration US. » Un acheminement qui aura toutefois brisé le siège imposé de facto par le régime Assad sur ce camp. D’autres livraisons sont prévues dans les prochaines semaines.

« Nous sommes ravis d'annoncer avoir brisé aujourd’hui le siège qui dure depuis des années contre le camp de Rukban dans le sud de la Syrie », a annoncé mardi sur son compte Twitter la Syrian Emergency Task Force (SETF), basée à Washington. Il s’agit du premier colis d’aide qui atteint la zone depuis très longtemps, celle-ci étant très difficilement atteignable par des...

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