Plus de dix ans après avoir régné sans partage sur le monde, l'Espagne revient vers les sommets par une route plus étroite, la Ligue des nations, remportée contre la Croatie (0-0, 5 t.a.b. à 4) qui laisse encore échapper l'or, dimanche à Rotterdam.
Après avoir remporté l'Euro 2008, le Mondial 2010 et l'Euro 2012, l'Espagne, la « Roja », succède au Portugal (2019) et à la France (2021) au bout de la première finale de ce nouveau tournoi jouée aux tirs au but.
La Croatie, spécialiste de l'exercice, s'incline après quatre succès aux Mondiaux précédents, le Rennais Lovro Majer puis Bruno Petkovic ayant vu Unai Simon arrêter leur tentative.
Aymeric Laporte avait pourtant offert un sursis aux Croates en frappant sa balle de match sur la barre au dernier tir de la série de cinq. Le défenseur d'origine française a tout de même pris sa revanche, deux ans après son échec au même stade de la compétition, contre les Bleus (2-1), à Milan.
C'est une revanche aussi pour le nouveau sélectionneur, déjà menacé au bout de sa seconde rencontre à la tête de la « selección », une défaite en Écosse (2-0), et qui décroche un trophée au bout du quatrième.
Génération Rodri
La génération Rodri, façonnée par Luis Enrique et retouchée par de la Fuente, s'est imposée comme à l’extérieur dans une ambiance de dingue avec les chants des Croates, possédés.
Les Croates finissent encore avec la médaille d'argent, comme au Mondial 2018, et ajoutent cette médaille aux deux bronzes des Mondiaux 1998 et 2022, mais toujours pas d'or.
Les Croates peuvent se consoler avec le titre officieux de meilleur public d'Europe et espérer que le capitaine Luka Modric, 37 ans, ne voudra pas partir en retraite internationale sur cet échec.
Heureusement qu'il y avait cette ambiance pour faire un peu oublier une finale qui n'a pas tenu les promesses des précédents duels entre les deux équipes, 6-0 pour l'Espagne puis 3-2 pour la Croatie à l'automne 2018, et 5-3 a.p. pour la Roja au dernier Euro, en 1/8e de finale.
Le bouillant stade De Kuip ressemblait à un damier géant, quasi exclusivement occupé par des maillots à carreaux rouges et blancs, sauf deux cases rouges et jaunes pour les 6 000 Espagnols.
Annoncés 25 000, les Croates étaient bien plus nombreux. Toute la journée de dimanche, leur fameuse tunique était visible dans les artères du grand port néerlandais.
Malheureux Petkovic
Mais vêtus de bleu, les Croates n'ont pas réussi à diffuser cette fièvre sur le terrain. Si la possession a été à leur avantage, l'Espagne a eu plus d'occasions, les premières pour Alvaro Morata (9) Gavi (12), Marco Asensio (57) ou Rodri (66).
La Croatie a eu sa chance par Andrej Kramaric ou Mario Pasalic, contré par le « Français » Robin (24) avant de frapper plus tard dans le petit filet (61e). Les Vatreni n'ont pas mieux fait fructifier leur possession, car Petkovic, notamment, héros du quart contre le Brésil, entré à la place de Pasalic (62e), a multiplié les mauvais choix, mettant parfois en colère ses coéquipiers. Et le malheureux a manqué le tir au but fatal...
Ansu Fati aurait pu éviter la prolongation sans un sauvetage sur sa ligne d'Ivan Perisic (84), encore excellent, sur une véritable balle de match. Des joueurs s'étaient déjà levés du banc espagnol pour courir et fêter le but.
Après le temps réglementaire, Nacho aussi a réussi un sauvetage, taclant du talon le ballon dans les pieds de Lovro Majer qui filait au but (100). Presque tout le stade a réclamé le penalty, mais le geste était régulier.
Enfin, Dani Olmo, ancien du Dinamo Zagreb de 16 à 22 ans, a « croqué » deux nouvelles balles de match (104, 108).
Mais l'Espagne a cette fois tenu nerveusement, après deux éliminations coup sur coup contre l'Italie et le Maroc. Ils ont battu les spécialistes croates. La Roja est de retour.
Après avoir remporté l'Euro 2008, le Mondial 2010 et l'Euro 2012, l'Espagne, la « Roja »,...