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Nos Lecteurs ont la Parole

Et l’assassin de Bachir ?

« Qui sont les 8 Libanais recherchés par Interpol ? » (L’OLJ). Un commentaire, sous forme de question, à la suite de cet article, m’a particulièrement interpellé : « Et l’assassin du président cheikh Bachir Gemayel? » (F.N.).

En effet, cet assassin est désespérément absent de la liste alors qu’il aurait dû être à sa tête... ou ne pas être pour avoir été emprisonné ou exécuté.

Bien entendu, cette question récurrente et embarrassante restera sans réponse.

Depuis l’arrêt rendu par la Cour de justice, le 20 octobre 2017, dans lequel MM. Habib Chartouni et Nabil Alam sont reconnus coupables et condamnés à mort par contumace pour l’assassinat du président de la République libanaise Bachir Gemayel et ses 23 compagnons, qu’a-t-on fait ? Quelles ont été les démarches entreprises par la justice libanaise pour l’exécution de cette sentence ? Où est le mandat d’arrêt international ? Où est le mandat d’amener ? Où est la notice rouge d’Interpol ? Où est la demande d’extradition adressée à la Syrie où ils ont trouvé asile ?

Après la liesse qui avait accompagné le verdict, ce jour-là, les jubilations, les cris de victoire, les discours, les harangues, les embrassades, les danses, les cotillons et les feux d’artifice qui avaient embrasé Achrafié, que s’est-il passé ? Rien. On a dormi sur les lauriers de la justice enfin rendue... sur le papier. Les assassins ont été lynchés symboliquement sur la grand-place du quartier symbolique. L’apothéose s’est conclue par un climax qui a procuré un sentiment durable de satiété. Justice fantasmatique a été rendue ! Passons à autre chose !

Faisons notre devoir d’honorer la mémoire de cheikh Bachir le 23 août et le 14 septembre de chaque année ; célébrons la messe annuelle pour le repos de son âme ; rendons-lui de vibrants et éloquents hommages pour l’occasion ; posons des corbeilles et des gerbes de fleurs sur sa tombe avec le recueillement d’usage et les mines de circonstance ; faisons tourner en boucle les chansons nostalgiques et les vidéos de ses discours puis rangeons les disques et le matériel jusqu’aux mêmes dates de l’année suivante. Devoir accompli. Réparation obtenue. Peine infligée. Bachir et ses compagnons vengés. Les condamnés à mort exécutés « in absentia ».

L’acharnement à vouloir concrétiser le jugement de la Cour est un exemple à suivre. On voit que c’en est devenu une obsession. Harceler les pouvoirs judiciaires et publics ; multiplier les recours tous azimuts ; exercer toutes sortes de pressions; en appeler à la justice et aux chancelleries internationales ; alerter continuellement l’opinion publique ; mobiliser partisans et sympathisants ; plus le goût de vivre jusqu’à obtenir justice ; enrager à l’idée que son assassin se promène librement non loin d’ici. Ça se voit…

Si au moins le projet de Bachir avait été réalisé pour que cela serve de compensation ou de réparation ! Il aurait été vengé autrement. Et je suis sûr qu’il aurait préféré cette option : obtenir justice non pour lui, mais pour un Liban assassiné et pour un peuple dépossédé, volé, éreinté, ruiné, humilié, divisé en peuplades tribales et sectaires. Il aurait préféré voir son rêve matérialisé : celui d’un Liban souverain, fort, uni, laïque, prospère, incorruptible... à son image.


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« Qui sont les 8 Libanais recherchés par Interpol ? » (L’OLJ). Un commentaire, sous forme de question, à la suite de cet article, m’a particulièrement interpellé : « Et l’assassin du président cheikh Bachir Gemayel? » (F.N.).En effet, cet assassin est désespérément absent de la liste alors qu’il aurait dû être à sa tête... ou ne pas être pour...

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