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Moyen Orient et Monde - FOCUS

Avant sa réunion de dimanche, l’OPEP+ contrôle sa couverture médiatique

Reuters, Bloomberg News et le « Wall Street Journal » n’ont pas reçu d’invitation pour assister à la réunion de l’OPEP+ à Vienne ce dimanche 4 juin.

Avant sa réunion de dimanche, l’OPEP+ contrôle sa couverture médiatique

Des représentants des pays membres de l'OPEP pendant la conférence de presse qui a fait suite à la 45e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi à Vienne, en Autriche, le 5 octobre 2022. Photo AFP

C’est une première dans l’histoire de l’OPEP. Alors que depuis sa création, chaque réunion déterminant les stratégies de production et les prix du pétrole est ouverte à tout journaliste souhaitant couvrir l’événement, cette année, l’organisation a décidé de limiter l’accès médiatique à son sommet se tenant à Vienne dimanche 4 juin. Seulement les journalistes ayant reçu une invitation pourront y assister. Reuters, Bloomberg News et le Wall Street Journal - connus pour leur couverture extensive du marché pétrolier - n’ont pas reçu d’invitation. Aucune explication officielle n’a été donnée, mais ce geste n’est certainement pas un oubli de la part de l’organisation, et d’aucuns y voient la patte de l’Arabie saoudite. D’autant que le Wall Street Journal - l’un des médias exclus de la fête - a récemment publié des enquêtes révélant un désaccord entre Riyad et Moscou concernant les stratégies de production, soulignant une tension entre les deux puissances les plus influentes du groupe OPEP+.

Cette décision viendrait donc du ministre saoudien de l’Énergie, l’émir Abdelaziz ben Salmane, sous pression pour faire monter les prix du pétrole, d’après certaines sources évoquées par le Financial Times. Au cours du forum économique qui s’est tenu au Qatar du 21 au 23 mai 2023, le ministre avait prévenu les spéculateurs qu’une plus grande réduction de la production pétrolière était fortement considérée pour la seconde moitié de l’année 2023. Le royaume wahhabite a en effet intérêt à baisser sa production de brut, qu’il réduit déjà depuis plusieurs mois sous le regard mécontent des États-Unis, afin que les prix augmentent et permettent de renflouer ses caisses. Le financement de nombreux projets grandioses, les « gigaprojects » instigués par le prince héritier Mohammad ben Salmane, nécessite en effet de plus amples revenus, d’autant plus qu’en avril 2023, les réserves financières saoudiennes ont chuté à 410 milliards de dollars, leur niveau le plus bas depuis 2010.

Sous sanctions occidentales, la Russie a pour sa part affirmé récemment que les prix du pétrole atteignaient « un niveau raisonnable économiquement », selon le Wall Street Journal, ce qui laisserait entrevoir le souhait de Moscou de ne pas modifier son niveau de production. En avril 2023, Moscou avait promis de maintenir jusqu’à la fin de l’année la baisse de son quota de 500 000 barils par jour, en accord avec Riyad et d’autres pays membres de l’OPEP+. Cependant, pas de trace d’un tel changement dans les données concernant les exportations, selon le Wall Street Journal, bien que le vice-Premier ministre russe Alexander Novak ait affirmé avoir freiné l’extraction de pétrole à destination de l’Union européenne. Cette situation dérange Riyad, qui selon certaines sources a commencé à réduire sa production dès mai 2023.

Ce n’est pas la première fois que l’Arabie saoudite montre une certaine réticence envers les médias couvrant les réunions de l’OPEP+. Les publications des journalistes peuvent en effet influencer fortement les cours du pétrole avant même que les annonces officielles ne soient communiquées par les pays producteurs. Les médias bannis de la réunion sont connus pour publier des prédictions qui influencent les spéculations des acteurs du marché.

En octobre 2022, alors qu’un reporter de l’agence Reuters souhaitait interroger le ministre saoudien de l’Énergie pendant une conférence de presse, ce dernier l’avait interrompu pour lui souligner son indignation quant à la couverture de l’agence touchant les décisions concernant le marché pétrolier. Il avait affirmé qu’il ne parlerait « à Reuters que lorsque (ses journalistes) respecteront (leurs) sources, en l’occurrence le ministre de l’Énergie, représentant le gouvernement saoudien ». Alors qu’il avait un peu plus tôt accordé un entretien de 25 minutes à l’agence britannique, expliquant que l’Arabie saoudite ne fixait aucun prix cible sur le marché, la journaliste de Reuters lui avait préféré une source saoudienne anonyme, avait-il dénoncé. Le ministre saoudien avait aussi accusé l’agence de presse d’avoir fait part d’une discussion entre la Russie et l’Arabie saoudite, qui selon lui n’avait pas eu lieu. 

C’est une première dans l’histoire de l’OPEP. Alors que depuis sa création, chaque réunion déterminant les stratégies de production et les prix du pétrole est ouverte à tout journaliste souhaitant couvrir l’événement, cette année, l’organisation a décidé de limiter l’accès médiatique à son sommet se tenant à Vienne dimanche 4 juin. Seulement les journalistes ayant...

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