Le Hezbollah se considère "au-dessus de la souveraineté libanaise", accusent 31 députés

Trente-et-un députés libanais des Forces libanaises, des Kataëb, de la contestation et d'autres groupes indépendants ont critiqué, vendredi dans une déclaration commune, la démonstration de force médiatisée du Hezbollah dimanche dernier, estimant qu'elle démontre que le parti se considère "au-dessus de la souveraineté de l'Etat".

Le Hezbollah pro-iranien a mené une démonstration militaire au Liban-Sud, à laquelle il avait convié les médias locaux et internationaux, avant la Journée de la Résistance et de la Libération célébrée le 25 mai, qui commémore le retrait des troupes israéliennes du Sud en l'an 2000. Au cours de ces exercices, la milice a exhibé son arsenal et simulé des attaques contre des positions israéliennes.

Les parlementaires libanais ont accusé le parti chiite d'avoir voulu "envoyer un certain nombre de messages au Liban et à la communauté internationale par le biais de ses exercices militaires [...]. Le Hezbollah a voulu faire comprendre aux Libanais, aux Arabes et au monde que sa souveraineté est au-dessus de celle de l'Etat libanais". "La vie des Libanais, présente et future, est l'otage du projet" du Hezbollah, ont déclaré les 31 députés.

"L'Etat, l'élection d'un président et les réformes sont également otages des armes du parti chiite, qui veut imposer son pouvoir et empêcher tout équilibrage des forces politiques. À travers ses manœuvres militaires il nous dit que ses armes protègent les corrompus et perturbent les institutions, y compris le gouvernement et le Parlement", ajoute la déclaration commune des députés.

Pour y faire face, ils ont appelé à la mise en oeuvre de la résolution de l'ONU 1559, qui appelle au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Liban, et de la 1701, qui interdit à toutes les milices armées d'opérer où que ce soit sur l'ensemble du territoire libanais. Les signataires ont encore réclamé le démantèlement de "l'économie parallèle que le Hezbollah a construite par la contrebande via des passages légaux et illégaux, en encourageant l'évasion fiscale et en protégeant la corruption".

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré, dans un discours jeudi soir, que cette démonstration de force militaire s'inscrivait dans le cadre d'une "politique de dissuasion qui porte ses fruits".