
Illustration Guilhem Dorandeu
Qu’est-ce qui relie huit Libanais accusés de terrorisme, de trafic de drogue, de blanchiment en bande organisée, d’abus de confiance aggravé, de corruption, ou d’agression sexuelle ? Ils figurent tous dans la liste des personnes recherchées par les services d’Interpol. Sur 6 975 notices rouges publiques en circulation, huit concernent aujourd’hui des citoyens du pays du Cèdre. Ces notices ne sont pas des mandats d’arrêt internationaux, mais une demande adressée aux services chargés de l’application de la loi du monde entier à l’effet de localiser une personne et de procéder à son arrestation provisoire, dans l’attente de son extradition, de sa remise ou d’une mesure similaire conforme au droit.
Dernière entrée dans ce club très fermé de fugitifs ? L’actuel gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, recherché par la France pour soupçons de corruption. Le banquier fait l’objet de plusieurs enquêtes au Liban et en Europe, où il est soupçonné de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire via un montage financier complexe et un détournement massif de fonds publics, accusations qu’il réfute. La notice rouge est parvenue aux autorités libanaises le 19 mai, soit un an jour pour jour après celle de l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, recherché par la France dans le cadre d'une enquête sur des abus de biens sociaux, de blanchiment en bande organisée et de corruption. Le 30 décembre 2020, lors de sa fuite du Japon, une notice rouge avait déjà été envoyée par Interpol à Beyrouth.
Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Photo d'archives AFP
Carlos Ghosn et Riad Salamé ne peuvent pas quitter le territoire libanais, sous peine d’être arrêtés, étant donné que des mandats d’arrêt internationaux ont été lancés à leur encontre. Ces huit Libanais recherchés par Interpol sont protégés, puisque le Liban ne livre pas ses ressortissants. Qui sont les six autres libanais qui figurent dans les fichiers d'Interpol ?
L'ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn. Archives AFP
Hussein el-Oumari
D’origine palestinienne, Hussein el-Oumari, dit Abou Ibrahim, né en 1936 à Jaffa, est recherché par les autorités américaines pour sa participation à l'attentat à la bombe dans un avion en 1982. Le 11 août 1982, une bombe, qui aurait été conçue et fabriquée par Oumari, a explosé sur le vol Pan American 830 avec 267 passagers et membres d'équipage à bord, alors qu’il volait entre Tokyo et Honolulu, tuant un passager et blessant 16 autres. L’homme a été inculpé aux États-Unis avec deux autres personnes en lien avec cet attentat, qui n’est pas le seul dans lequel il aurait été impliqué puisque le gouvernement français l’accuse également d'avoir participé aux attentats à la bombe de 1985 à Paris contre le grand magasin Marks & Spencer puis celui de la banque israélienne Leumi. Depuis 2009, il a rejoint la liste des terroristes les plus recherchés par le FBI, et le Département d’État américain offre une récompense de 5 millions de dollars en échanges d’informations. Lors de l’annonce du FBI, des médias libanais avaient affirmé avoir retrouvé la trace d’Abou Ibrahim, figure connue dans les milieux de la résistance armée palestinienne à Tripoli d’où serait originaire son épouse. Fausse piste ? Toujours est-il que cet homme de 87 ans est toujours dans la nature.
Hussain el-Oumari est recherché par les États-Unis et par la France pour différents actes de terrorisme. Photo Interpol
Hussein Souleiman
Hussein Souleiman, né en 1960 à Khiam, est lié, lui, au Hezbollah, accusé par l’Argentine d’être impliqué dans deux attentats. Celui contre l’ambassade israélienne à Buenos Aires en 1992, (29 morts et plus de 200 blessés), ainsi que celui, deux ans plus tard en 1994, contre l’AMIA, l'association mutuelle israélite argentine (84 morts et 230 blessés). L’un des cerveaux de ces deux opérations aurait été Imad Moughniyé, le commandant du Hezbollah tué en 2008 par le Mossad en Syrie. En 2001, Hussein Souleiman est arrêté en Jordanie, où il aurait avoué s’être rendu à São Paulo, au Brésil, en 1991, puis transporté à Buenos Aires les explosifs utilisés dans les explosions meurtrières. La suite reste mystérieuse. Est-il encore en Jordanie ? Se cache-t-il au Liban ? Un mandat d’arrêt international a été lancé en 2015, mais l’homme demeure introuvable.
Hussein Souleiman est recherché par l\'Argentine pour avoir participé à des actes terroristes en lien avec le Hezbollah. Photo Interpol
Mohammad Akra
Mohammad Akra, né en 1962 au Koweït, est accusé par la Roumanie de trafic de drogue à haut risque et tentative de trafic international de drogue.
Mohammad Akra est recherché par la Roumanie pour trafic international de drogue. Photo Interpol
Georges Farès Bejjani
Georges Farès Bejjani, 32 ans, un Franco-Libanais originaire de Beit Chabeb, est quant à lui recherché par le Brésil pour trafic de drogue.
Farès Bejjani, 32 ans, un Franco-Libanais originaire de Beit Chabeb, est recherché par le Brésil pour trafic de drogue. Photo Interpol
Ali Fouani
Le 7e Libanais de la liste à faire l'objet d'une notice rouge a été condamné pour des faits sordides. Ali Fouani, 32 ans, un originaire de Zahlé, part en 2016 en cavale quelques jours au Brésil avant de se rendre aux autorités paraguayennes qui le condamnent en 2018 à 14 années de prison pour avoir torturé à maintes reprises le bébé de sa compagne, âgé de 16 mois. Sa petite amie, une cocaïnomane de 17 ans, a emmené son bébé inconscient à l'hôpital après une dispute. Le nourrisson avait été battu, brûlé à l'aide de cigarettes, et présentait des ongles arrachés. À en croire les médias paraguayens, l’homme a effectivement été condamné et est aujourd'hui incarcéré. Il est donc possible que la notice rouge d’Interpol n’ait tout simplement pas été retirée du site internet : nous n'avons pas obtenu de réponse d'Interpol dans l'immédiat.
Ali Fouani a été condamné par le Paraguay à 14 ans de prison pour des actes de torture sur le bébé de sa compagne. Photo Interpol
Marwan Sweidan
Enfin, le dernier fugitif est quant à lui recherché pour des faits d’agression sexuelle commis en 2006 au Texas, aux États-Unis. Il s’agit de Marwan Sweidan, 35 ans, originaire de Beyrouth.
Marwan Sweidan est recherché par les Etats-Unis pour agressions sexuelles. Photo Interpol
Dernière entrée dans ce club très fermé de fugitifs ? L’actuel gouverneur de la Banque du Liban, Riad...
Pour Carlos et Riad, je suis prêt à me charger personnellement de leur trajet "retour", free of charge. A deux, ils s'ennuieront moins. Rien n'est plus excitant qu'un puissant décollage en jet privé, bien sanglé dans une valise. Allez, je suis sympa, on les mettra côté hublot pour qu'ils puissent admirer Fleury-Mérogis avant d'atterrir à Orly. La cellule en binôme est déjà réservée. Ils auront plein d'histoires à se raconter. Ca rendra les journées moins longues.
01 h 53, le 29 mai 2023