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Moyen-Orient - Reportage

A Essen, bastion d'Erdogan en Allemagne, ses partisans confiants

C'est dans cette ville de la Ruhr, bassin allemand du charbon et de l'acier, que le dirigeant sortant a obtenu son score le plus élevé parmi les électeurs turcs appelés à voter en Allemagne.

A Essen, bastion d'Erdogan en Allemagne, ses partisans confiants

Une femme vote dans un bureau de vote installé dans la salle Grugahalle à Essen, dans l'ouest de l'Allemagne, le 23 mai 2023. Photo Ina Fassbender/AFP

"J'ai voté Erdogan car il mérite d'être réélu". Esra Köse, 45 ans, habite depuis 19 ans en Allemagne, et comme l'immense majorité des Turcs de la cité industrielle d'Essen (Ouest), soutient le parti AKP du président turc. C'est dans cette ville de la Ruhr, bassin allemand du charbon et de l'acier, que le dirigeant sortant a obtenu son score le plus élevé parmi le 1,5 million d'électeurs turcs appelés à voter en Allemagne.

Au premier tour, Recep Tayyip Erdogan a récolté à Essen plus de 75% des suffrages contre près de 65% à l'échelle du pays, et 49,5% en Turquie. En Allemagne, où réside la plus importante communauté turque de l'étranger, le deuxième tour a démarré samedi et dure jusqu'à mardi soir, soit cinq jours avant le vote en Turquie.

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"Je ne vois personne de mieux que lui dans les circonstances actuelles", insiste Mme Köse, allure élégante, qui s'exprime en turc, traduite par sa fille. Elle sait notamment gré à M. Erdogan d'avoir "apporté de nombreuses aides" aux victimes du séisme du 6 février qui a anéanti des communes du Sud de la Turquie et fait plus de 50.000 morts.

Musique

Devant une salle du parc des expositions de Essen, transformée en gigantesque bureau de vote, quelques électeurs ont revêtu des tee-shirts aux couleurs nationales et font le signe pro-Erdogan --la main levée, quatre doigts dépliés. Les Turcs qui résident dans cette région sont souvent issus de familles de "Gastarbeiter" ("travailleurs invités") arrivés à partir des années 1960 pour travailler dans les usines.

"Souvent originaires de régions rurales, plus conservateurs que les bourgeois des villes, ils ont transmis leurs valeurs, leur attachement à la religion à leurs enfants", explique à l'AFP Yunus Ulusoy, du centre pour les études turques de l'Université de Duisbourg-Essen. Au cou de Nevin Toy-Unkel, électrice de 53 ans, un collier avec le croissant et l'étoile du drapeau turc. Cette architecte d'intérieur a grandi en Allemagne; son père, ancien mineur dans la Ruhr, était originaire de Konya dans le centre-ouest de la Turquie, actuellement un fief d'Erdogan.

Près de la salle d'exposition résonnent des morceaux de musique, composés en l'honneur du président turc, "ce qui est normalement interdit à proximité des bureaux de vote", explique à l'AFP Inci Oÿkü Yener-Roderburg, chercheuse de l'université de Dortmund. "Lors du premier tour, nous avons pu voir des tentatives d'intimidation des partisans d'Erdogan vis-à-vis de ceux des partis d'opposition", indique la politologue turque qui a observé jusqu'ici, en tant que chercheuse, les élections à Essen.

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Cinq personnes surveillent le déroulement du scrutin: "deux fonctionnaires --la plupart du temps en Allemagne des imams des mosquées Ditib, rattachées à l'Etat turc--, un membre de l'AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), un autre du MHP (Parti d'action nationaliste, extrême droite), formation soutenant Erdogan et seulement un membre du parti de l'opposition, CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate). Par conséquent beaucoup de pression psychologique pèse sur ce dernier", a-t-elle constaté.

Bus gratuits

"Parfois, des partisans de l'opposition ont été insultés ou poussés de côté lors du premier tour", affirme Mme Yener-Roderburg. Les partisans d'Erdogan bénéficient aussi en Allemagne d'une meilleure organisation. "Tous les vendredis, lors de la prière à la mosquée, on peut faire beaucoup de propagande", remarque Cemalettin Özer, 52 ans, habitant de Bielefeld, ville proche de Essen, et qui soutient activement le CHP.

Selon lui, les militants de l'AKP "reçoivent de l'argent de l'Etat turc pour qu'ils puissent transporter gratuitement en bus les électeurs jusqu'aux bureaux de vote". "Nous, nous faisons tout bénévolement et essayons avec nos propres voitures de conduire les gens aux urnes, parfois à 70 km de chez eux", explique-t-il. En outre, "beaucoup de partisans des sociaux-démocrates (CHP) en Allemagne ont renoncé à leur citoyenneté turque" pour devenir allemands, pointe-t-il. Dans ce pays, il n'est en effet pas possible pour le moment de posséder les deux nationalités.

En revanche, "les sympathisants AKP ont conservé leur passeport turc. Le parti d'Erdogan a par conséquent un potentiel d'électeurs plus grand", selon lui. Malgré l'avance d'Erdogan au premier tour, la mobilisation de l'opposition a grossi, "beaucoup de gens, des jeunes notamment qui n'avaient pas voté, sont venus au deuxième tour", veut cependant croire Cemalettin Özer.

"J'ai voté Erdogan car il mérite d'être réélu". Esra Köse, 45 ans, habite depuis 19 ans en Allemagne, et comme l'immense majorité des Turcs de la cité industrielle d'Essen (Ouest), soutient le parti AKP du président turc. C'est dans cette ville de la Ruhr, bassin allemand du charbon et de l'acier, que le dirigeant sortant a obtenu son score le plus élevé parmi le 1,5 million...

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