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Nos Lecteurs ont la Parole

Tout ouïe !

Du jour au lendemain et peut-être parce que je suis montée en altitude pendant le week-end, je me suis levée ce matin presque sourde !

Impossible de réaliser ce qui se passait autour de moi, d’être réceptive à un appel, de bien entendre les messages vocaux de mon portable, de communiquer normalement, de fonctionner, tout simplement !

Et comme je ne m’entendais plus, on m’a dit être trop théâtrale et en train de gesticuler et de hausser le ton démesurément en parlant : dure de la feuille et clown, pas marrant !

Jamais je n’aurais imaginé qu’être malentendant causerait un tel brouhaha ambiant et pouvait être aussi gênant, aussi handicapant, aussi troublant !

Finalement mon problème s’est résolu en une simple manipulation de quelques minutes pratiquée par succion d’un oto-rhino puisque ce n’était qu’un ridicule bouchon de cérumen qui obstruait le conduit de mon oreille. Curieux comment une infime poussière peut parfois nous mettre à genoux !

L’incident en soi est trivial et l’on passe tous au quotidien par ce genre de bobos. Toutefois la leçon qu’il faudrait en tirer demeure de taille : il ne faut jamais prendre pour acquis un avoir, une faculté mentale, un atout physique et par conséquent dilapider par inconscience ou par négligence son capital santé. Il serait en outre judicieux de rester toujours alerte et vigilant et de savoir déceler les messages ou les petites moralités que nous envoie l’univers, à savoir que la vie peut ne pas nous accorder ni seconde chance ni sursis. Hélas ! l’être n’admet pas souvent sa vulnérabilité et ne se rend compte que sa santé est précieuse et précaire que lorsqu’il la perd ! Quelle grâce de célébrer au quotidien nos cinq sens, de pouvoir ouvrir tous les matins nos deux cadeaux que sont nos yeux ! Quelle chance de pouvoir flatter nos papilles d’une gâterie ou de deviner aux bons effluves ce que concocte la voisine aujourd’hui. Quelle bénédiction de continuer à pouvoir flâner au bord d’un rivage et de nous délecter de cet embrun qui nous fouette le visage...

Il est malheureux de perdre autant de temps, d’user d’autant d’énergie et d’attacher autant d’importance pour des anicroches, des futilités, des matérialités, quand des maux beaucoup plus pernicieux, des dangers beaucoup plus sérieux nous guettent à chaque croisée.

Il est fâcheux que les aléas et les vicissitudes de la vie ne nous aient pas appris à façonner une version plus simplifiée de nous-mêmes, à nous assouplir, à nous bonifier, à nous aligner, à penser à pardonner, à ne plus chercher à avoir toujours raison, à ne plus avoir à rien prouver...

Mes pensées, mes prières et beaucoup d’amour volent, suite à ce mal pourtant anodin, vers ceux longtemps alités, ceux qui accusent une maladie fatale, ceux en phase terminale, ceux en souffrance continue, ceux dont la machine se gâte tous les jours un peu plus, ceux qui accompagnent des personnes qui ont des troubles de mémoire et ne se reconnaissent plus dans un miroir, ceux qui ont de lourds maux psychiques et avalent au quotidien une poignée de barbituriques, et surtout vers ceux endeuillés, fragilisés, ceux qui ont des bleus à l’âme, ceux secoués de larmes, ceux qui se sentent tout simplement angoissés, désœuvrés, délaissés, marginalisés, solitaires, malheureux, brisés.

Respect et gratitude pour leur résignation, leur courage, leur bienveillance, leur foi, leur ténacité, leur leçon d’humanité !

Ce soir après cette petite rémission qui m’a rendue à l’émerveillement de la vie, pour ces admirables battants, mes plus beaux atours j’ai mis ; pour les rencontrer, j’ai dit oui et tout ouïe, justement, je suis...

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Du jour au lendemain et peut-être parce que je suis montée en altitude pendant le week-end, je me suis levée ce matin presque sourde !Impossible de réaliser ce qui se passait autour de moi, d’être réceptive à un appel, de bien entendre les messages vocaux de mon portable, de communiquer normalement, de fonctionner, tout simplement !Et comme je ne m’entendais plus, on m’a dit être...

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