Les chefs d’État des 22 pays arabes sont conviés vendredi en Arabie saoudite pour le sommet de la Ligue arabe, qui s’annonce historique. Alors que la région se dirige de plus en plus vers l’apaisement, notamment du fait de la signature, en mars à Pékin, d’un accord de normalisation entre Téhéran et Riyad, la réunion de Djeddah semble l’occasion parfaite pour le royaume d’entamer une « nouvelle ère » pour le monde arabe. D’autant qu’après douze ans d’exclusion en raison de la répression sanglante des manifestations prodémocratie, Bachar el-Assad effectuera son grand retour au sein de la Ligue arabe. Le sommet est dans ce contexte décisif pour le Liban, qui dépend des pays arabes – surtout ceux du Golfe – pour sortir de sa crise économique et politique, après plus de sept mois de vacance au palais présidentiel de Baabda. C’est le Premier ministre sortant Nagib Mikati qui représentera le Liban au sommet. « Le chef du gouvernement est parti en Arabie saoudite en emportant avec lui de nombreux dossiers importants », affirme à L’Orient-Le Jour Ali Darwiche, ancien député proche de M. Mikati. « Il s’agit notamment de débloquer une aide économique arabe pour redresser le Liban et d’assurer le retour des déplacés syriens dans leur pays, vu que leur présence en si grand nombre représente un défi pour notre petit pays », poursuit-il. Les autorités libanaises estiment que plus de deux millions de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début du conflit syrien en 2011. Leur présence est perçue par les différents protagonistes comme un enjeu démographique et économique majeur, d’autant que le pays traverse une crise socio-économique grave depuis plus de trois ans. Dès lors, les Forces libanaises de Samir Geagea, le plus grand parti du camp de l’opposition, ont sommé, hier dans une publication sur leur site, les États arabes de « prendre la décision de ramener immédiatement les Syriens dans leur pays », affirmant que le régime de Bachar el-Assad constitue le principal obstacle à leur retour. Des organisations indépendantes ont recensé des cas de disparition, de torture et de recrutement forcé dans l’armée par le pouvoir de Damas parmi des réfugiés rentrés en Syrie ces derniers mois.
Pas de clauses hostiles
Les différents acteurs libanais attendent également un signal de la Ligue arabe permettant de débloquer l’élection présidentielle. Le retour de Damas dans l’organisation panarabe est perçu comme un pas dans la bonne direction pour le camp du 8 Mars, qui soutient la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié. En effet, le zaïm de Zghorta ne cache pas sa proximité avec la famille Assad et s’est même rendu à Damas pour rencontrer le président syrien le mois dernier. Son nom sera-t-il évoqué lors du tête-à-tête annoncé en marge du sommet entre Mohammad ben Salmane, le prince héritier du royaume, et Bachar el-Assad ? Selon les informations obtenues par notre journal auprès d’une source diplomatique arabe, les discussions bilatérales se concentreront uniquement sur la question syrienne. Le dossier libanais sera, quant à lui, évoqué lors des réunions qui se tiendront en marge du sommet, notamment entre l’Égypte, le Qatar – qui pilote une initiative pour trouver un compromis interlibanais – et l’Arabie saoudite, des acteurs-clés dans le dossier. L’Arabie saoudite, via des propos de son ambassadeur à Beyrouth Walid Boukhari, affirme n’avoir de veto sur aucun candidat à la présidence, y compris le favori du Hezbollah. Selon des informations de presse, le communiqué qui émanera du sommet n’inclura pas de clauses hostiles à l’Iran ou au Hezbollah, habituellement qualifié de « terroriste ». Toutefois, M. Boukhari insiste sur l’importance de l’élection d’une figure de compromis entre les Libanais, ce qui n’est pas le cas de M. Frangié. Cette position reprend la feuille de route décidée à Paris le 6 février dernier lors de la réunion sur le Liban entre l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Égypte, la France et les États-Unis. Le groupe des cinq est censé tenir une seconde réunion, cette fois-ci à Doha, dont la date n’a pas encore été confirmée.
commentaires (2)
Que va donc faire notre "1/2-Ti" à Djeddah ? Mendier, comme d'habitude...lui le milliardaire représentant un pays à la réputation de corruption généralisée, "dirigé" par des incapables...??? - Irène Saïd
Irene Said
10 h 39, le 19 mai 2023