Plusieurs dizaines de partisans du Courant patriotique libre (aouniste, CPL) ont manifesté dimanche devant le domicile du président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) Souheil Abboud à Ballouné dans le Kesrouan, en signe de solidarité avec la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, qui a été démise de ses fonctions par le conseil disciplinaire des juges jeudi.
La magistrate, réputée proche du camp aouniste, a interjeté appel de la décision devant la Commission judiciaire supérieure de discipline, présidée par M. Abboud. En attendant le verdict de l’instance de second degré, elle peut poursuivre son travail, son recours produisant un effet suspensif de la décision de destitution. Aucun délai n’est prévu par la loi pour le prononcé du verdict.
"Ecoutez-nous bien Souheil Abboud, vous ne pouvez pas écarter Ghada Aoun", répétaient les protestataires. "Si la justice est protégée, nous n'avons pas peur pour le Liban. Vous devez protéger le pouvoir judiciaire, le dossier est entre vos mains. La décision vous revient", a scandé un manifestant, en interpellant le président du CSM. "Ils poursuivent Ghada Aoun parce qu'ils sont corrompus", a lancé une autre. Des militaires étaient déployés sur lieux.
انشالله يكون عم بسمع #غادة_عون pic.twitter.com/cRTW7liRBI
— Rouri (@RouriT78) May 7, 2023
Ghada Aoun défraie souvent la chronique, notamment au travers de perquisitions filmées en direct, ou encore par ses prises de positions dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Après avoir engagé des poursuites contre plusieurs banques, mais aussi contre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et son entourage, ses détracteurs l'accusent d'avoir des motivations politiques. L'ex-président Michel Aoun avait en effet fait de Riad Salamé sa bête noire en lui faisant assumer la responsabilité de la grave crise que traverse le Liban.
Dimanche, la magistrate a appelé à "libérer le pouvoir judiciaire", pointant du doigt la "classe au pouvoir corrompue" à laquelle elle affirme faire face.
Les plus commentés
Quand Netanyahu invite les Libanais à s'entre-tuer
Le Liban de demain : Joumblatt ouvre le bal
Guerre au Liban : posez vos questions à notre co-rédacteur en chef, Anthony Samrani