Le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, était interrogé vendredi matin en sa qualité d'ancien chef des opérations de la Banque du Liban (BDL), par les enquêteurs européens présents au Liban depuis la semaine dernière dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de malversations financières impliquant le gouverneur de la BDL Riad Salamé et son frère Raja, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Youssef Khalil a été interrogé pendant trois heures par les enquêteurs européens et a détaillé la nature du travail qu'il avait effectué au sein de la BDL. Le ministre sortant des Finances a aussi promis de présenter aux enquêteurs des documents incluant des textes juridiques relatifs à la banque centrale.
Selon un responsable judiciaire interrogé par l'AFP, M. Khalil a répondu à plus de 100 questions et affirmé que "toutes les transactions qui ont eu lieu à la BDL pendant son mandat étaient légales".
M. Khalil ne s'était pas présenté auparavant devant les enquêteurs européens, les forces de sécurité ayant refusé de lui transmettre sa convocation, affirmant que cela ne relève pas de leurs prérogatives.
Les enquêteurs ont par ailleurs réceptionné des documents de la part Raja Salamé et de Nada Makhlouf, une employée du cabinet international Deloitte, chargé de l'audit de la BDL depuis 1994.
Les enquêteurs européens quitteront le Liban vendredi soir.
Arrivée le 24 avril à Beyrouth, la délégation européenne, formée de magistrats français, allemands et luxembourgeois, en est à son troisième déplacement au Liban, en vue de faire la lumière sur des commissions perçues par une société appartenant à Raja Salamé, Forry Associates Ltd, lors de ventes de titres financiers de la banque centrale.
La société enregistrée aux Iles Vierges, dont Raja Salamé serait le bénéficiaire économique, aurait été autorisée par la BDL à négocier des bons du Trésor libanais et des euro-obligations moyennant une commission, ce que nie le gouverneur.
Youssef Khalil a démenti vendredi savoir "comment acheter des euro-obligations" mais aussi "détenir des informations sur les comptes de Forry Associates Ltd", selon la source judiciaire interrogée par l'AFP.
Après avoir manqué trois fois les audiences prévues devant les enquêteurs européens, Raja Salamé a finalement été interrogé jeudi par les juges et répondu à environ 140 questions, selon une source judiciaire. Son avocat s'est aussi engagé à fournir un document aux magistrats, a-t-elle ajouté.
Riad et Raja Salamé, ainsi que l’ancienne assistante du gouverneur, Marianne Hoyek, sont poursuivis pour corruption, faux et usage de faux, blanchiment d’argent, enrichissement illicite et évasion fiscale. Riad Salamé nie constamment les accusations qui le visent.
commentaires (4)
La perception de ce qui est legal ou pas n'est pas la meme au Liban ou aimleurs. Apparement, certains estiment que commissions sur operations gouvernementales initiees par son frere ou son amant, prises illegales d'interets, delits d'inities ne sont pas illegaux.
Michel Trad
21 h 19, le 05 mai 2023