
La Fransabank à Hamra (Beyrouth). Photo d’archives Joseph Eid/AFP
Selon nos informations provenant de trois sources s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, les directions d’au moins deux établissements bancaires libanais, Fransabank et BLC Bank (en partie détenue par Fransabank), ont imposé à certains de leurs employés de rester chez eux. Contactée par L’Orient-Le Jour, une source officielle à Fransabank a confirmé l’information, précisant que le salaire des employés concernés sera toujours versé, ainsi que leurs divers avantages (frais de scolarité, assurance médicale) à l’exception des indemnités de transport.
Espérant que cette situation sera « provisoire », cette même source a justifié cette décision par « une baisse d’activité » de ses agences, précisant qu’elle concernait « une réduction des effectifs sur plusieurs lignes de métier » et non sur une en particulier, et ce « sur tout le réseau » de Fransabank. La banque, selon cette même source, estime également ne pas avoir « réduit ses effectifs plus que tout autre établissement bancaire libanais depuis le début de la crise » il y a plus de trois ans.
Selon les derniers chiffres de la Banque du Liban, le nombre d’agences bancaires au Liban avait diminué de 11,3 % à fin juin 2022, tombant à 902 agences contre 1 017 un an plus tôt. Il s’agissait là également d’une chute de 21 % par rapport à juin 2020, quand le secteur bancaire libanais comportait 1 141 branches. Mi-avril, le syndicat des employés de banque au Liban avait déjà eu vent d’une telle décision et l’avait alors sévèrement critiquée. La corporation avait ainsi jugé cette décision « inacceptable à tous les niveaux » et promis de « ne pas rester les bras croisés » face à cette situation qui concerne selon elle « un nombre important d’employés » dans les enseignes concernées et qui s’apparente à un « licenciement différé ».
Par ailleurs, ce syndicat a appelé jeudi dans un communiqué les employés de la succursale libanaise de Bank of Bagdad à un mouvement de grève dès ce jeudi, en raison de la « négligence de son administration concernant la question salariale » dans le contexte de crise au Liban, et ce après en avoir notifié la direction à la suite d’une réunion organisée mercredi sur cette question mais n’ayant abouti à aucune résolution.
Le secteur bancaire traverse une crise de solvabilité dont les effets ont été repoussés depuis fin 2019 par une série de mesures de restrictions ciblant les déposants, adoptées unilatéralement par l’Association des banques et aménagées par la Banque du Liban, avec la complicité silencieuse des autorités. L’activité de crédit et d’investissement du secteur a été complètement anéantie et l’essentiel des services assurés par les banques se résument à exécuter les ordres de retrait et de paiement de leurs clients, dans les limites des restrictions imposées.
La restructuration du secteur est considérée comme inévitable par le Fonds monétaire international et certains soutiens du pays, dont la France. Une proposition de loi organisant le processus est actuellement entre les mains des commissions parlementaires et doit être combinée avec un autre texte régissant la répartition des pertes financières du Liban, dont les banques doivent absorber une partie, notamment en sacrifiant leurs capitaux. Le syndicat des employés de banque au Liban demande de son côté que le processus de restructuration ne se fasse pas au détriment des droits des salariés qui seraient amenés à perdre leur poste.
commentaires (5)
Tu as tout dit ,Michel Trad. merci
Marie Claude
08 h 40, le 05 mai 2023