
Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé lors d'une interview à Beyrouth, le 23 novembre 2021. Photo d'archives Reuters / Mohamed Azakir
Des procureurs français ont informé le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, qu'ils avaient l'intention de porter des accusations de fraude et de blanchiment d'argent à son encontre, en partie sur la base de relevés bancaires prétendument falsifiés et utilisés pour dissimuler sa fortune, selon des documents judiciaires français consultés par l'agence Reuters.
Faux relevés de compte
L'accusation d'utilisation de faux relevés de compte, qui n'avait pas été signalée auparavant, figure dans des documents envoyés à M. Salamé par les autorités judiciaires françaises en vue d'une audience prévue en France le 16 mai. Au cours de cette audience, les procureurs français ont l'intention d'engager des poursuites préliminaires contre lui et de le désigner officiellement comme suspect.
M. Salamé a refusé de commenter son utilisation présumée de faux documents. Il a nié à plusieurs reprises les accusations de fraude et de blanchiment d'argent, affirmant être le bouc émissaire de la crise financière libanaise qui a éclaté en 2019. Un avocat de Riad Salamé a déclaré début avril que son client n'avait pas encore décidé s'il se rendrait en France pour assister à l'audience du 16 mai, en vue de laquelle la justice libanaise a récemment levé l'interdiction de voyage ciblant le gouverneur.
Dans le cadre d'une enquête menée conjointement avec leurs homologues du Liban et d'au moins quatre autres pays européens, les procureurs français soupçonnent M. Salamé, 72 ans, de s'être entendu avec son frère Raja pour détourner plus de 300 millions de dollars de fonds publics, dont une partie a été utilisée pour acheter des propriétés à travers l'Europe. Riad et Raja Salamé ont tous deux nié avoir détourné des fonds publics.
Les enquêteurs français et européens, qui ont interrogé le gouverneur de la BDL à Beyrouth en mars dernier, soupçonnent que l'essentiel de sa fortune provient des fonds publics qu'il aurait détournés. Dans le cadre de sa réponse aux accusations, M. Salamé a envoyé aux procureurs français une note de 65 pages fournie par Marwan Kheireddine, le président de la banque libanaise al-Mawarid.
Marwan Kheireddine mis en cause
Le document vu par Reuters contient une série de relevés bancaires qui, selon l'un des avocats de Riad Salamé, montrent comment les économies du gouverneur sont passées de 15 millions de dollars en 1993 à plus de 150 millions de dollars en 2019 "au fur et à mesure qu'il capitalisait des intérêts". Mais selon les documents judiciaires consultés, les enquêteurs français sont parvenus à la conclusion que les relevés bancaires étaient faux.
M. Salamé "a utilisé de faux relevés de comptes bancaires à AM Bank... fournis par Marwan Kheireddine, pour justifier de manière trompeuse l'origine de ses biens ou de ses revenus", affirment les procureurs français dans les documents judiciaires. L'avocat de Marwan Kheireddine, Thierry Marembert, a déclaré que son client n'avait pas commis d'actes répréhensibles.
Suite à l'interrogatoire de Riad Salamé à Beyrouth, les procureurs français ont écrit que qu'il "n'est pas en mesure de justifier les différents prêts et investissements qui lui ont permis d'accroître sa fortune de plus de 250 millions d'euros (au minimum) au cours de cette période", selon les documents judiciaires français. M. Salamé a déclaré que sa fortune provenait de la bonne gestion de l'épargne qu'il avait accumulée au cours de sa carrière de banquier d'affaires.
M. Kheireddine a été interrogé en France au début du mois, soupçonné de participation à une association de malfaiteurs et de blanchiment d'argent aggravé, et mis en examen. Le banquier a reçu une interdiction de quitter le territoire français et son passeport a été confisqué.
Cet article est une traduction réalisée par L'Orient-Le Jour d'un article de Reuters, initialement publié sur le site de L'Orient Today.
commentaires (14)
Oui la France va le juger demain avant l’aube. Surtout après avoir jugé tous les responsables de la catastrophe du port non?
Sissi zayyat
14 h 06, le 25 avril 2023