C’est officiel. Le mandat des conseils municipaux et des moukhtars a été prorogé d’un an au maximum, soit jusqu’au 31 mai 2024, à la faveur d’un texte de loi voté hier à la Chambre. Cette décision du Parlement – réuni sous le label de la « législation de nécessité » – est la concrétisation de l’accord politique élargi conclu dans les coulisses la semaine dernière pour renvoyer le scrutin aussi loin que possible. Au-delà de la décision elle-même, la séance a mis à nu tous les protagonistes impliqués dans ce dossier et qui s’étaient amusés à se renvoyer la patate chaude avant de mijoter une issue de crise qui leur sauverait la face.
La réunion a, d’une part, dévoilé les intentions des partis politiques favorables à un report des élections pour repousser un nouveau test de popularité jugé inopportun, alors qu’ils se disent tout haut pour la tenue du scrutin. Tel est bien entendu le cas du Courant patriotique libre. Après avoir fait avorter la tenue de séances législatives en période de vacance présidentielle, le CPL a choisi son camp : il s’est rangé – fait de plus en plus rare – aux côtés du Hezbollah et du mouvement Amal et leurs satellites pour assurer le quorum d’une séance qui visait principalement à ajourner les municipales. Et ce, en dépit de leurs profondes divergences autour de la présidentielle. C’est d’ailleurs le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, gravitant dans la galaxie aouniste, qui a initié le processus de report en présentant une proposition de loi prorogeant le mandat des municipalités de quatre mois. D’autre part, les discussions engagées hier ont dévoilé au grand jour l’incapacité du cabinet sortant de Nagib Mikati d’organiser les municipales dans les délais fixés par le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui. De nombreux députés ont ainsi tiré à boulets rouges sur le cabinet, l’accusant de « mentir aux Libanais » et de « manquer à ses devoirs ». Mais dans un contexte politique tendu, M. Mikati n’a clairement pas voulu faire seul les frais d’une décision impopulaire. Il a donc préféré se contenter d’acter en Conseil des ministres un report qui bénéficierait de la couverture du Parlement. Même si ce dernier a, au final, fait une fuite en avant en soulignant le caractère strictement technique du report, et laissant au cabinet le soin de fixer de nouvelles dates. Nagib Mikati a répondu du tac au tac en proposant de nouvelles dates pour le scrutin.
C’est donc dans une atmosphère électrique que le Parlement a tenu sa séance. Comme prévu, les 73 députés présents à l’hémicycle ont avalisé une proposition de loi – rédigée jeudi dernier lors de la réunion du bureau de la Chambre – prorogeant d’un an au maximum les mandats des conseils municipaux. « Désormais, la balle est dans le camp du chef du gouvernement. C’est à lui de tenir le scrutin une fois les obstacles surmontés », commente pour L’Orient-Le Jour Ghassan Atallah, député aouniste du Chouf. Ce dernier a pris part à un virulent échange verbal entre le Premier ministre sortant et nombre de parlementaires présents. Tout a commencé lorsque Oussama Saad, député de Saïda, a pris la parole et accusé le cabinet de « mentir aux Libanais en se montrant prêt à tenir les municipales », raconte un député qui a requis l’anonymat. De même source, on apprend que Élias Bou Saab a même proposé de retirer sa proposition de loi si le gouvernement était disposé à organiser les municipales. « Nagib Mikati s’est alors montré perplexe », révèle un député. Réagissant aux propos de M. Saad, M. Mikati n’a pas mâché ses mots : « Vous êtes tous en train de mentir aux Libanais. Vous ne voulez pas de municipales. »
Mikati contre-attaque
Après l’échange acerbe avec plusieurs parlementaires, le Premier ministre a reconnu que le cabinet est incapable d’organiser les élections dans les délais fixés par M. Maoulaoui. Dans son intervention à la fin de la séance, M. Mikati a proposé de tenir le scrutin les 21 et 28 mai, avant de tenter de balayer les accusations lancées contre son cabinet. « Si le Parlement vote la prorogation du mandat des municipalités, nous nous engageons à tenir le scrutin dans les plus brefs délais », a-t-il lancé. Puis de s’en prendre au CPL : « Si vous vouliez les municipales, vous n’auriez pas assuré le quorum de cette séance visant à les ajourner », a-t-il tonné. Un point que Gebran Bassil a tenu à expliciter à la presse à l’issue de la séance, comme pour lever l’ambiguïté sur sa position, accordant la priorité à la présidentielle… qu’il bloque sur ordre du Hezbollah, au moyen du défaut de quorum. « Nous avons participé à cette séance à une seule fin : éviter la vacance au sein des municipalités et parmi les moukhtars. Nous ne pouvons ajouter une vacance municipale aux vacances présidentielle et gouvernementale », a-t-il dit. « Celui qui nous reproche notre présence fait de la surenchère après avoir participé entre 2014 et 2016 à des séances sous le signe de la législation de nécessité », a encore dit le chef du CPL, dans une pique à son rival chrétien, le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Ce dernier avait pourtant reconnu avoir « commis une erreur » en participant aux réunions parlementaires avant l’élection de Michel Aoun. affirmant avoir tiré les leçons du passé, les FL ont boycotté la réunion d’hier au même titre que les Kataëb et les députés de la contestation.
Acte II au Sérail
Quelques heures plus tard, l’acte II a pris place au Sérail. Le gouvernement s’est en effet réuni l’après-midi. Loin de se contenter d’avaliser la démarche de la Chambre, le Premier ministre sortant en a profité pour tenter de montrer son sérieux en matière de municipales. À l’ouverture de la séance, il a mis en lumière le rôle du cabinet pour financer le scrutin, une tâche qu’il ne voulait pas accomplir, dans un premier temps, se tournant vers la Chambre. « Nous sommes concernés par le financement des élections », a déclaré le chef du gouvernement, exhortant le ministre de l’Intérieur à se réunir avec les fonctionnaires concernés afin de « mettre en place une étude portant sur les nouvelles dates, et qui serait examinée lors du prochain Conseil des ministres ». Nagib Mikati répondait à tous ceux qui l’accusaient de ne pas avoir finalisé les préparatifs logistiques à la tenue des municipales. C’est d’ailleurs ce qui avait poussé Nabih Berry au cours de la séance parlementaire à reprocher à M. Mikati de l’avoir « piégé » en pressant pour que le Parlement vote un report du scrutin.
On n’avait pas besoin de preuve de leur lâcheté. Ils étaient déjà à poil sans que la honte ne les submerge. Ils continuent comme si de rien n’était dans leur lèche et leur asservissement, simplement pour garder leurs postes qui, malgré la honte, leur rapporte plus qu’ils n’auraient jamais espéré avoir toute leur vie durant en trimant, alors qu’avec leur fonction usurpée, ils sont sûrs d’avoir un salaire et les dessous de tables qui vont avec sans rien apporter à leur pays sinon l’ajout de la misère à la misère et l’anéantissement total pour conserver leurs titres usurpés et offerts par les fossoyeurs de leur pays. Rien que le titre, le reste, leurs maîtres se chargent de la planification des projets destructeurs pour leur permettre de les exécuter. Ne sont ils pas leurs serviteurs après tout?
13 h 32, le 19 avril 2023