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Politique - Décryptage

Présidentielle : malgré les efforts de Paris et du Qatar, le volet interne reste déterminant

Entre la visite en France du chef des Marada Sleiman Frangié, et celle à Beyrouth de l’émissaire qatari, le dossier présidentiel semble bouger sérieusement ces derniers jours. En tant qu’acteur important, le Hezbollah reste au cœur des contacts et il a d’ailleurs placé ce dossier en tête de ses priorités. Hassan Nasrallah a reçu Frangié après son retour de Paris et le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères, Mohammad ben Abdel Aziz al-Khulaifi, s’est entretenu avec le chef du groupe parlementaire du Hezb, Mohammad Raad.L’élection présidentielle serait-elle donc devenue imminente? Des sources proches du Hezbollah restent plus mesurées. Elles estiment qu’il faudra sans doute attendre le sommet arabe prévu à Riyad entre le 16 et le 19 mai pour que la situation se précise. Pour les mêmes sources, il ne faudrait pas trop attendre des dernières initiatives, car, selon elles, le principal volet du dossier reste interne.

Pour l’instant donc, les contacts des derniers jours avaient pour objectif de clarifier la situation de chacun des deux candidats sérieux, le chef des Marada et le chef de l’armée, Joseph Aoun. Concernant M. Frangié, ses entretiens à Paris avec des responsables de la cellule à l’Élysée chargée du dossier libanais ont marqué un tournant dans sa campagne non déclarée. En lui adressant une invitation, les Français voulaient principalement accélérer le processus. Comme Frangié a l’aval du tandem Amal-Hezbollah, il fallait essayer de voir s’il peut obtenir des appuis régionaux et internationaux. Selon les sources précitées, les Français ont sondé les Américains qui ont répondu qu’ils préfèrent ne pas intervenir dans le choix des noms et qu’au final, ils traiteront avec le président qu’éliront les députés libanais. Il restait donc, aux yeux des Français, à tenter de changer la position des Saoudiens qui continuent de refuser un candidat qui serait celui du Hezbollah. C’est dans ce but que les interlocuteurs français de Frangié l’ont soumis à un véritable interrogatoire sur divers sujets qu’il serait amené à traiter s’il était élu président. Ils ont ainsi évoqué la question de la stratégie nationale de défense, qui englobe l’avenir des armes du Hezbollah, mais aussi l’accord avec le FMI, les relations avec la Syrie, le dossier des déplacés syriens... Même sa vision du gouvernement qui devrait être formé après son élection ainsi que ses priorités et bien sûr la désignation du nouveau président du Conseil ont été évoquées. Les interlocuteurs français auraient tout noté, précisent les sources du Hezbollah, et les réponses de Frangié devraient être transmises à l’Arabie soit dans le cadre d’un entretien bilatéral franco-saoudien, soit à travers une nouvelle version de la rencontre des cinq (France, Arabie saoudite, Égypte, Qatar et États-Unis) qui pourrait se tenir après les fêtes à Riyad.

Toujours selon les mêmes sources, les Français ont estimé que les réponses de Frangié étaient réalistes et pourraient satisfaire les Saoudiens. Mais en même temps, elles précisent que les Saoudiens ne sont pas pressés d’aboutir à un accord sur le dossier présidentiel libanais. Si leurs relations avec les Iraniens s’améliorent rapidement, l’agenda commun reste limité à deux points : l’engagement des deux parties à ne pas intervenir dans les affaires internes de l’autre et le dossier du Yémen, où la paix est devenue primordiale pour permettre aux dirigeants saoudiens de réaliser leurs grands projets de développement dans leur pays. De même, ceux qui misent sur l’amélioration des relations syro-saoudiennes pour provoquer un changement dans la politique saoudienne à l’égard de la candidature de Frangié devraient aussi revoir leurs attentes à la baisse. La priorité saoudienne serait actuellement d’arrêter le trafic de Captagon à partir de la Syrie vers le royaume, et les Syriens affirment qu’ils ne veulent pas intervenir dans les affaires internes libanaises.

Pour toutes ces raisons, les sources du Hezbollah estiment que le volet interne du dossier reste primordial. Il faudra donc voir comment assurer à Frangié le quorum des deux tiers d’abord et ensuite les 65 voix nécessaires (pour une élection au second tour). Mais même si ces deux exigences sont satisfaites, le tandem chiite pourrait-il procéder à l’élection d’un président qui n’a pas l’appui d’au moins une des principales parties chrétiennes, notamment le CPL ou les FL ?

C’est justement à cause de cette question qui n’a pas encore de réponse que l’émissaire du Qatar a choisi d’effectuer une visite d’information au Liban. Selon les sources précitées, le ministre n’aurait pas caché la préférence de l’émirat pour la candidature du chef de l’armée. Il en aurait parlé avec la plupart de ses interlocuteurs, dont le Hezbollah, sachant que les Saoudiens et les Américains n’y seraient pas hostiles, ni même les Français. Mais là aussi, les entraves internes apparaissent. D’abord, il y a l’aspect technique soulevé par le président de la Chambre, Nabih Berry, puisque la candidature d’un chef de l’armée en fonction exige un amendement constitutionnel qui doit se faire à la majorité des deux tiers des députés. Or, d’une part, ce quorum est difficile à assurer avec un Parlement formé d’une addition de minorités, et d’autre part, la candidature de Joseph Aoun se heurte à des oppositions internes, certaines déclarées, d’autres plus discrètes. Comme pour Frangié, la question reste la suivante : les principaux blocs chrétiens sont-ils prêts à donner leurs voix à ce candidat ? Une autre question se pose aussi : si Frangié et Aoun n’obtiennent pas les voix des principales parties chrétiennes, le tandem chiite pourrait-il envisager d’autres possibilités ? Pour l’instant, le flou reste de mise, mais selon les sources proches du Hezbollah, le pays ne peut pas attendre deux ans et demi comme cela avait été le cas pour l’élection du général Michel Aoun en octobre 2016. C’est pourquoi, d’ici à l’été, ce dossier devrait être traité.

Entre la visite en France du chef des Marada Sleiman Frangié, et celle à Beyrouth de l’émissaire qatari, le dossier présidentiel semble bouger sérieusement ces derniers jours. En tant qu’acteur important, le Hezbollah reste au cœur des contacts et il a d’ailleurs placé ce dossier en tête de ses priorités. Hassan Nasrallah a reçu Frangié après son retour de Paris et le ministre...

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Leurs majestés les barbus seraient donc les légitimes faiseurs de roi et les autres minorités du pays seraient priées de se mettre en ordre pour faciliter la mise en œuvre de leur volonté car tel est leur bon plaisir, pour reprendre un dicton d’un monarque absolu français …

AntoineK

03 h 48, le 07 avril 2023

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Commentaires (1)

  • Leurs majestés les barbus seraient donc les légitimes faiseurs de roi et les autres minorités du pays seraient priées de se mettre en ordre pour faciliter la mise en œuvre de leur volonté car tel est leur bon plaisir, pour reprendre un dicton d’un monarque absolu français …

    AntoineK

    03 h 48, le 07 avril 2023

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