Quand un chant émouvant déclenche la solidarité des artistes corses envers le Liban

Parce qu’elle croit en la puissance de la culture et la force des liens solidaires beaucoup de portes s’ouvrent devant Pascale Ojeil. Cette banquière de profession, chanteuse par passion, ne ménage pas ses efforts quand il s’agit de lancer des actions en faveur du Liban. Depuis l’organisation d’un récital du grand pianiste Abdel-Rahman el-Bacha à Gordes, dans le sud de la France en juillet 2020, dont les recettes ont été entièrement reversées à l’association Achrafieh 2020 qui vient en aide à des familles démunies de ce secteur beyrouthin, à son implication dans la donation d’un lot de seize pianos par la Fondation Carl Bechstein au Conservatoire national libanais… La dynamique blonde aux faux airs de star a déjà contribué à plus d’une cause, dont celle de l’amitié Corse-Liban qui lui tenait particulièrement à cœur. Et qu’elle a largement contribué à tisser par amour de ces deux terres méditerranéennes qui se ressemblent, dit-elle.

Une vue des enchères tenues le 5 avril à l’espace Diamant d'Ajaccio. Photo DR

Un rapprochement qui s’est matérialisé en 2021 par la naissance d’une association Cèdre corse dont elle est la marraine. Et qui apporte entre autres aide et assistance à des associations, des familles et des étudiants libanais en difficulté. Sans parler du jumelage entre Byblos et Bonifacio que cette artiste libanaise amoureuse de l’île de beauté a également initié.

Une voix qui interpelle
Et puis il y a la fibre artistique de Pascale Ojeil. Cette sensibilité alliée à sa voix veloutée qui la pousse à exprimer ses émotions en chansons. Cela a été le cas avec sa reprise (en duo avec le chanteur Charles Eid) de A l'altru mondu, un hymne poignant tiré du répertoire corse qu’elle a voulu offrir en hommage aux cœurs déchirés des parents des victimes du 4 août 2020. Postée sur YouTube, accompagnée d’images de la capitale libanaise meurtrie, sa magnifique interprétation a fait frissonner les cœurs les plus endurcis.

73 peintures, sculptures et photos d’artistes corses ont été mises aux enchères dans cette opération de solidarité avec le Liban. Photo DR

C’est, d’ailleurs, de cette émotion qu’a ressentie l’artiste corse Ange Félix en découvrant la voix de Pascale Ojeil dans A l'altru mondu qu’est née l’initiative solidaire Art pour le Liban. Bouleversé par son chant, le sculpteur insulaire a créé une très belle œuvre représentant le cèdre du Liban, dans l’objectif d’en faire don à une ONG libanaise.

Un geste spontané qui se développera en une opération de plus grande envergure grâce à la rencontre de la chanteuse libanaise avec un deuxième artiste corse, de grande notoriété, Pierre Farel. Lequel s’avèrera, par ailleurs, profondément épris du Liban. De là naitra l’idée d’une vente aux enchères réalisée en Corse au profit d’Achrafieh 2020, l’association dans laquelle Pascale Ojeil est également enrôlée.

Les initiateurs battent aussitôt le rappel des artistes de l’île et rassemblent rapidement 73 œuvres d’une trentaine de peintres, photographes et sculpteurs insulaires.

Placée sous le patronage de la mairie d’Ajaccio, la vente organisée conjointement par les associations corse A manu et libanaise Achrafieh 2020 a eu lieu le 5 avril à Ajaccio. Menée (gracieusement) par le commissaire-priseur Antoine Bettini, elle a généré un peu plus de 20 000 euros avec 29 œuvres adjugées. « Le montant a été partagé équitablement entre les artistes et Achrafieh 2020 », indique Pascale Ojeil. Laquelle se dit « particulièrement heureuse de la réussite de cette opération de solidarité dans les deux sens. Car elle aura eu un effet bénéfique pour les artistes corses, qui ont souffert de la longue période de stagnation due à la pandémie du Covid, tout en contribuant à financer l’aide aux 1 124 familles libanaises que notre association soutient ». Satisfaite, mais ne s’arrêtant jamais, la jeune femme est déjà en partance pour de nouvelles initiatives… solidaires.