Rechercher
Rechercher

Politique - Analyse

Israël-Liban : l’Iran et le Hezbollah veulent changer les règles du jeu

Compte tenu de la réponse israélienne aux tirs de roquettes, “l’axe de la résistance” peut être amené à considérer qu’il a marqué des points durant cette séquence.

Israël-Liban : l’Iran et le Hezbollah veulent changer les règles du jeu

Un véhicule sur une route longeant le mur frontalier entre le Liban et Israël, dans la localité de Kfar Kila, le 7 avril 2023. Photo REUTERS/Aziz Taher

Lors de la signature de l’accord sur la délimitation de la frontière maritime en octobre dernier, tous les avis étaient unanimes : le deal devait réduire la possibilité d’une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et Israël, contribuer à geler un peu plus le front du Liban-Sud, et pouvait même être interprété comme le premier jalon d’un futur accord de paix. Cette analyse doit être en partie révisée à l’aune de l’escalade en cours à la frontière libano-israélienne. Une trentaine de roquettes ont été tirées jeudi à partir du Liban-Sud. Israël a répondu vendredi à l’aube en frappant des cibles du Hamas au Liban et à Gaza. Six mois après l’accord maritime, la frontière connaît donc son pic de tensions le plus important depuis la guerre de 2006. De ce point de vue, cette séquence est révélatrice de deux choses. La première, c’est que cette zone n’est pas totalement gelée et peut encore être utilisée comme une carte dans le cadre d’une confrontation dont les enjeux n’ont rien à voir avec le Liban. La seconde, c’est que le Hezbollah, même s’il est probablement impliqué de près dans les événements, est complètement en retrait.

Lire aussi

“Le Hezbollah et le Hamas exécutent un même agenda”

Le parti de Hassan Nasrallah ne veut pas d’une nouvelle guerre qui serait catastrophique pour lui, pour la communauté chiite et pour le Liban. Mais il ne peut pas non plus perdre totalement sa “carte palestinienne”.

On pourrait en rester là
Israël ne veut pas non plus d’une nouvelle guerre. Sa réponse a été “mesurée” et l'escalade n’a fait aucun mort des deux côtés. On pourrait donc en rester là. Tout dépend désormais de la réponse du Hezbollah et du Hamas. Les deux mouvements pourraient être tentés de continuer de “tester” la dissuasion israélienne, profitant du fait que l’Etat hébreu apparaît plus “fragile” qu’à l’accoutumée. Confronté à une crise interne sans précédent, contraint de donner des gages aux franges les plus extrémistes de son gouvernement, et à un moment où sa relation avec son allié américain est au plus bas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est sur la corde raide. La situation peut vite devenir incontrôlable, y compris pour lui, si elle s’embrase simultanément à Gaza, à Jérusalem et à la frontière avec le Liban.

Pour le moment, le Hezbollah et le Hamas semblent avoir réussi leur coup. Si les tirs sont “d’origine palestinienne”, il paraît impossible que le Hezbollah ne soit pas, au moins indirectement, impliqué dans l’opération compte tenu de son poids dans la région. Le fait que celle-ci se déroule lors de la visite du chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyé, à Beyrouth n’a d’ailleurs sans doute rien d’une coïncidence. Les deux partis semblent vouloir montrer qu’ils peuvent coordonner leurs efforts et attaquer Israël simultanément depuis Gaza et le Liban-Sud : c’est la stratégie de “l’unité des fronts”, évoquée par Hassan Nasrallah dans ses derniers discours.

Lire aussi

Le Hezbollah consacre « l’unité des fronts »

Le Hamas était contraint de répondre à l'irruption violente des policiers israéliens dans la mosquée al-Aqsa en plein ramadan. Le fait qu’il puisse le faire à partir du Liban lui offre une nouvelle marge de manœuvre dans sa confrontation avec Israël.

Mais c’est surtout le Hezbollah - et probablement son parrain iranien - qui semble jouer les mastermind dans la séquence. A ce niveau là, l’objectif est simple : il s’agit de changer les règles du jeu sans risquer la confrontation directe. L’Iran et le Hezbollah sont régulièrement ciblés depuis des années par des frappes israéliennes en Syrie. Rien que cette semaine, ils l’ont été à quatre reprises. Jusqu’ici, l’équation est la suivante : en Syrie, le Hezbollah et l’Iran n’ont pas les moyens de répondre à Israël et ils ne peuvent pas non plus le faire depuis le Liban sans risquer une nouvelle guerre. En utilisant la “carte palestinienne” depuis le Liban, ils s’offrent la possibilité de répondre, au moins de façon symbolique, sans être en première ligne. “L’axe de la résistance” peut ainsi montrer qu’il est encore le fer de lance de la lutte contre Israël, malgré l’accord sur la frontière maritime et malgré la détente irano-saoudienne qui, au contraire, semble lui permettre de se concentrer davantage sur ce front sans risquer d’être totalement isolé dans la région. Les relations entre le Hamas et cet “axe de la résistance” sont revenues au beau fixe après des secousses liées à la guerre en Syrie. Téhéran cherche clairement à unifier les actions de tous ces mouvements afin de diversifier ses options contre Israël et de tenter de changer l’équation. Autrement dit, de prouver qu’il est lui aussi capable de frapper sur plusieurs fronts.

Compte tenu de la réponse israélienne, l’Iran et le Hezbollah peuvent être amenés à considérer qu’ils ont marqué des points durant cette séquence. Ce constat est toutefois à nuancer pour deux raisons. D’abord, les tirs de roquettes, malgré leur force symbolique, sont loin de compenser les dégâts qu'inflige régulièrement Israël à l’Iran sur tous les fronts. Ensuite, les deux protagonistes, en particulier le Hezbollah, jouent clairement avec le feu et risquent de renforcer l’animosité à leur égard sur la scène libanaise. Cette fois-ci, l’escalade était contrôlée et contrôlable. Mais elle ne le sera peut-être pas toujours si ces événements sont désormais appelés à se répéter. 

Lors de la signature de l’accord sur la délimitation de la frontière maritime en octobre dernier, tous les avis étaient unanimes : le deal devait réduire la possibilité d’une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et Israël, contribuer à geler un peu plus le front du Liban-Sud, et pouvait même être interprété comme le premier jalon d’un futur accord de paix. Cette analyse doit...

commentaires (12)

Palestiniens et Libanais ont mille raisons d'en vouloir à Israël, mais le Liban, ou du moins une partie de ce Liban, a assez donné, assez combattu Israël, et ne doit plus porter à elle seule et indéfiniment le poids du combat contre un tel adversaire.

A.Harouni

14 h 51, le 14 avril 2023

Tous les commentaires

Commentaires (12)

  • Palestiniens et Libanais ont mille raisons d'en vouloir à Israël, mais le Liban, ou du moins une partie de ce Liban, a assez donné, assez combattu Israël, et ne doit plus porter à elle seule et indéfiniment le poids du combat contre un tel adversaire.

    A.Harouni

    14 h 51, le 14 avril 2023

  • Les moumanaa veulent montrer qu'ils nont rien compris, et par conséquent, ils continueront d'irriter leur ennemi jusqu'à obtenir une détérioration généralisée, que tous auront à regretter.

    Esber

    23 h 13, le 09 avril 2023

  • L'histoire de daoud contre gholiat se répète tout les jours dans notre moyen orient meurtri: daoud, d'un cailloux bien manié, à viser la tête de gholiat lui neutralisant le cerveau et rendant sa musculature impressionnante inutile. Voilà qu'avec son cailloux moderne israel à briser en morceaux le crâne de ses voisins, éparpillants leurs forces et leurs efforts qu'ils n'utilisent plus que pour s'entretuer gaiement ...

    Wlek Sanferlou

    14 h 56, le 09 avril 2023

  • Ceux qui condamnent les exactions contre le peuple palestinien ont 100% raison sauf qu'au lieu de le crier sur tous les toits ils devraient aller combattre l'agresseur la ou il se trouve.

    Remy Martin

    20 h 41, le 08 avril 2023

  • S’ils étaient si forts que ça, ils ne viendraient pas se cachaient derrière la population libanaise pour répondre aux agressions et des attentas des israéliens qui ont liquidé plus d’un douzaine des leurs mais ils l’affronteraient là ou la bataille se déroule, en Syrie. Le Liban est devenu leur cachette et ses citoyens , surtout les habitants du sud sont devenus leur rempart et forteresse derrière lesquels ils se cachent pour sauver leur peau. Quel courage et quel honneur.

    Sissi zayyat

    18 h 10, le 08 avril 2023

  • - ILS VEULENT DISENT-ILS CHANGER LES LOIS DU JEU. - AH, BON ! MAIS NOUS VOYONS CE QUI COURT EN SYRIE. - ON SE CACHE CHEZ NOUS SOUS LA TERRE DU FEU, - LAISSANT LES LIBANAIS BRULER DANS L,INCENDIE, = - LES LOIS SUR LE TERRAIN LES DICTE LE PLUS FORT. - ET LES BARBUS SONT LOIN D,UNE TELLE MESURE. - CONTRE LES LIBANAIS ILS USENT LEUR RENFORT. - ILS ACCUSENT AILLEURS D,AUTRES POUR FORFAITURE. = - EH WALLA MA ANA HAYDA BASS HANIYEH, - BOMBARDEZ SA GAZA WLEK MIYE BEL MIYE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 20, le 08 avril 2023

  • Les Libanais en ont assez des guerres dans lesquelles le Hezbollah les entraîne sans leur consentement, et de cet état corrompu jusqu’à la moelle! Le Hezbollah est à blâmer sur tous les plans.

    Joumana Jamhouri

    02 h 13, le 08 avril 2023

  • Ce n'est pas le Hezbollah qu'il faut condamner, c'est Israel et ses exactions contre tout un peuple abusé !

    Chucri Abboud

    16 h 14, le 07 avril 2023

  • ""….“l’axe de la résistance” peut être amené à considérer qu’il a marqué des points durant cette séquence"". Ils seront désaxés s’ils s’aventurent encore un peu plus, car ils ne compteront plus les points marqués à leurs dépens. À mon grand étonnement, la base du Hamas proche de Rachidiyé, comme si ce mouvement se considère méfiant envers ses compagnons de lutte, ne se contente plus de son territoire à Gaza, et que le Hezb tolère cette situation.

    Nabil

    16 h 05, le 07 avril 2023

  • ""SI LES TIRS SONT “D’ORIGINE PALESTINIENNE”, IL PARAÎT IMPOSSIBLE QUE LE HEZBOLLAH NE SOIT PAS, AU MOINS INDIRECTEMENT, IMPLIQUE DANS L’OPÉRATION COMPTE TENU DE SON POIDS DANS LA RÉGION"".Je ne sais pas si pour l’instant une organisation a revendiqué les tirs. Il faut être triste pour la faiblesse de l’État dans ce réduit, quand un soldat irlandais de l’ONU laisse sa vie la veille de Noël dernier pour avoir emprunté une autre route, un autre sentier battu, ce sont des tirs une fois de drones, et cette fois-ci d’une trentaine de roquettes. Dans la lutte contre ""l’entité sioniste"", comment le Hezb laisse ses rivaux lui brûler la politesse transformant sa zone en un Far ouest, se sentant menacé dans mainmise sur sa région, son monopole de lutte après avoir évincé par le passé toute organisation relevant de ""l’Internationale palestinienne"". D’accord : ""LES DEUX PROTAGONISTES, EN PARTICULIER LE HEZBOLLAH, JOUENT CLAIREMENT AVEC LE FEU ET RISQUENT DE RENFORCER L’ANIMOSITÉ A LEUR ÉGARD SUR LA SCÈNE LIBANAISE"". Pour le Hezb, il lui sera pardonné s’il est derrière les tirs, mais s’il s’agit des organisations palestiniennes, là je ne sais pas…. Au finish, le ras-le-bol sera unanime…. Les Libanais n’aspirent qu’à la paix et ne veulent pas de mouvements qui viennent titiller, mettre à l’épreuve une armée dont ils connaissent à l’avance sa puissance de feu. Il se peut qu’à l’avenir un conflit s’ouvre au grand jour entre les rivaux de lutte armée.

    Nabil

    15 h 52, le 07 avril 2023

  • Ne criez pas très vite victoire, Israël n’a pas dit son dernier mot. Il serait plus sage que les médias libanais s’insurgent sur le comportement de ce parti vendu sur son territoire au lieu de distribuer des bons points ou des cartons rouges. Ce qui se joue ne relève pas d’un jeu mais du destin de tout un peuple déjà aux abois qu’on veut achever. On s’en fout de ce que l’un ou l’autre des trois protagonistes pense ou fait, et nous refusons que notre pays et son peuple servent de terrain de batailles pour des enjeux politiques de dominations, d’autres pays, tout ça aux dépens du peuple libanais et sur son dos déjà en miettes. Attelons-nous à défendre nos droits de vivre en paix et dignement au lieu de nous pencher sur des considérations aberrantes qui dépassent l’entendement puisqu’ils veulent nous prendre en otages sans même nous consulter au préalable, alors qu’il s’agit de notre devenir.

    Sissi zayyat

    14 h 43, le 07 avril 2023

  • Il faudra encore employer tous les moyens pour résister ! Le plan à long terme de Bibi et de sa coalition est de vider Israel de tous les habitabts non.juifs et de les expulser , surtout au Liban , (d'où les chrétiens seraient obligés à s'exiler en masse vers l'Occident conformément au Plan Kissinger /Condoleeza/Dean Brown) ) , et ceci pour terminer par faire du Liban une Palñestine de remplacement : Ce qui se passe aujourd'hui à Jérusalem , où la judéisation de la Mosquée continue sa marche lente et inexorable de rouleau compresseur , n'est qu'un élement dece plan infernal . Y résister est vital pour tous les libanais !

    Chucri Abboud

    14 h 26, le 07 avril 2023

Retour en haut