« Le but de la compétition qui a eu lieu au Gefinor Rotana Hotel à Hamra, en mars, est d’encourager les étudiants, et les adultes en général, à la littératie financière », indique Alia Kheir, présidente de la CFA au Liban, association qui rassemble les détenteurs de la certification professionnelle Chartered Financial Analyst (CFA) délivrée par l’Institut CFA, basé aux États-Unis. Cette organisation, reconnue à l’échelle internationale dans le domaine de la finance, mesure les compétences et les connaissances des professionnels de la finance dans différentes matières comme l’analyse financière, la gestion de portefeuille et la recherche en investissement. La compétition locale a été gagnée par une équipe en provenance de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) composée des étudiants Anthony Assad, Johnny Fares Eid, Dona Achkouty, Mohammad Assaad et Nabil Mneimné. Les lauréats participeront à la compétition régionale où ils concourront contre les gagnants des compétitions locales organisées dans leurs pays respectifs. S’ils gagnent au niveau régional, les lauréats libanais prendront part à la compétition globale prévue à New York.
Une bonne préparation à la compétition
Dans les détails, les participants, issus de différentes universités, devaient rédiger un rapport d’analyse financière dans lequel ils donnent un aperçu de l’entreprise belge Solvay cotée en bourse, de l’industrie dans laquelle elle opère, de son équipe de gestion, de sa performance financière et d’autres indicateurs pour pouvoir recommander aux investisseurs d’acheter, de conserver ou de vendre des actions de cette entreprise active mondialement dans le domaine des matériaux, des produits chimiques et des solutions aux problèmes liés à cette industrie. Dès l’inscription à la compétition, les étudiants ont eu accès à la plateforme Refinitiv qui constitue l’un des plus grands fournisseurs de données destinées aux professionnels des marchés financiers. Par ailleurs, les participants ont reçu une formation dispensée en ligne sur les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance des investissements (ESG Investing Training). Chaque équipe a été jumelée à un conseiller pédagogique qui l’a accompagnée pendant 10 heures. En outre, l’Institut CFA a proposé à chaque groupe un mentor avec expertise pour l’aider dans la rédaction du rapport final. Une réunion en ligne a également été planifiée entre les étudiants et le directeur général de Solvay, Karim Hajjar, qui a répondu aux questions des participants et leur a fourni les informations qu’ils recherchaient. Les rapports émis par les participants ont été remis à la société CFA Liban sous couvert d’anonymat. Cette dernière les a envoyés à des évaluateurs vivant à l’étranger pour conserver la transparence et l’éthique dans le processus d’évaluation. La note finale attribuée aux participants est divisée en deux : 50% vont au rapport écrit et 50% à la présentation effectuée par chaque équipe, au cours de la compétition finale, devant le jury composé de membres en provenance d’Égypte et de Chypre. « Pendant tout le processus, la règle d’or à suivre est la rigueur et l’éthique », précise Alia Kheir en indiquant que l’Institut CFA promeut des standards élevés en matière d’éthique, d’éducation et d’excellence professionnelle. « Ces normes d’éthique élevées conditionnent et pérennisent la confiance du public vis-à-vis les marchés financiers et les professionnels de l’investissement », ajoute-t-elle.
Des jeunes porteurs d’espoir
Les trois meilleurs rapports ont été envoyés à la société Solvay. « Les participants ont surpassé toutes nos attentes », se réjouit la présidente de la CFA au Liban. Et de poursuivre : « Si je dois donner un grand titre à cette compétition, ça serait sans doute “Espoir”. Nous sommes vraiment chanceux de notre nouvelle génération. » Soulignant l’excellence des travaux rendus par les étudiants, elle dit avoir été « vraiment ravie par l’attitude, très positive, de ceux qui n’ont pas gagné ». Du côté des participants, Anthony Assad, 24 ans, étudiant en master de finance à l’AUB et chef de l’équipe lauréate, confie : « Cette compétition a amélioré mes connaissances en finance et m’a permis d’explorer des situations pratiques loin de la théorie. » L’étudiant souligne également ce que ce concours, qui a renforcé sa confiance en lui, lui a apporté au niveau personnel.
Marie-Noëlle el-Sayah, diplômée en ingénierie financière de l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), membre de l’une des équipes finalistes, décrit le parcours qui a mené à la compétition de « passionnant », rappelant que « le travail de préparation avant le grand jour a duré environ 4 mois ». La jeune femme de 21 ans ajoute : « J’encourage toutes les universités à inciter leurs étudiants à participer à de tels défis. » Enfin, Alia Kheir rappelle que « la rigueur est essentielle » dans le domaine de la finance. D’ailleurs, « la rigueur mais aussi la persévérance et le sérieux sont cruciaux dans le travail de préparation à l’examen du CFA », insiste-t-elle. Rappelons que l’examen du CFA est réputé pour être parmi les plus difficiles. L’évaluation se déroule dans divers endroits à travers le monde. Au Liban, avant la pandémie, l’examen avait lieu à l’AUB. Actuellement, il se déroule en ligne. Les copies sont envoyées ensuite aux États-Unis pour la correction. « Le titre de CFA est considéré comme une marque d’excellence et témoigne des connaissances et de l’expertise d’un professionnel dans le domaine de la gestion et de la finance », conclut Alia Kheir en indiquant que toute personne ayant obtenu cette désignation pourra adhérer à la CFA société du Liban.