
Une vue aérienne de l'aéroport de Beyrouth, prise le 7 mars 2020. Photo AFP/Patrick Baz
Le ministre sortant des Travaux publics, Ali Hamiyé, a fait marche arrière jeudi dernier sur son projet d’extension de l’aéroport de Beyrouth, entièrement financé par une société irlandaise, après qu'une série de critiques concernant la légalité du projet a suscité des demandes d'ouverture d'enquêtes, tant au niveau local qu'à l'étranger.
Le projet avait été établi par un accord de gré à gré plutôt que par un processus d'appel d'offres.
Voici un bref rappel des événements entre l'annonce du projet et son annulation en moins de 10 jours :
Le lundi 20 mars, M. Hamiyé a annoncé des plans pour construire un deuxième terminal à l'aéroport international de Beyrouth.
Le ministre a affirmé qu’en l'absence de fonds publics pour le projet, le ministère aura recours à des financements étrangers pour soutenir ce qu'il considère comme un pilier de l'économie nationale : la société semi-privée irlandaise Dublin Airport Authority International financerait la construction du terminal, estimée à plus de 122 millions de dollars, et recevrait en échange l'intégralité des bénéfices générés par celui-ci pendant 25 ans après sa réalisation, prévue pour 2027.
Ali Hamiyé a déclaré que la compagnie aérienne libanaise de transport s'occupera de la gestion du nouveau terminal, qui permettra d'accueillir 3,5 millions de passagers supplémentaires par an, et assurera un emploi à environ 2.500 personnes.
L'annonce a suscité les éloges de la part des responsables et des parties prenantes du secteur du tourisme, mais a aussi soulevé des questions quant à sa légalité.
Un expert en marchés publics a déclaré à L'Orient Today que sans l'approbation du Parlement accordant un bien public à une entreprise privée, "tous les contrats publics sont concurrentiels et doivent donc automatiquement passer par un processus d'appel d'offres".
Le 22 mars, le directeur de l’Autorité de régulation des marchés publics, Jean Eliyé, a demandé à consulter la légalité du projet. Le même jour, M. Hamiyé a tenu une deuxième conférence de presse en s'appuyant sur des textes juridiques et des contrats similaires précédemment entrepris par l'État libanais.
Le vendredi 24 mars, la Cour des Comptes a également demandé à examiner le projet tandis que 10 organisations de la société civile ont publié une déclaration commune condamnant le projet pour violation de la loi sur la passation des marchés publics.
Cette semaine, la pression légale contre la proposition de M. Hamiyé s'est intensifiée avec des demandes d'enquête locales et internationales.
Mardi, le député Kataëb Salim Sayegh a proposé la formation d'une commission parlementaire pour enquêter sur les plans. Mercredi, l'Observatoire européen pour l'intégrité du Liban, une ONG transnationale militant pour l'instauration de la transparence et de la justice au Liban, a appelé la division spécialisée de la police nationale irlandaise chargée d'enquêter sur les crimes économiques, le Bureau national irlandais de lutte contre la criminalité économique, à examiner l'accord, en vertu de la loi irlandaise sur la corruption de 2018 et de la législation de l'Union européenne.
Aujourd'hui, M. Hamiyé a annoncé le retrait du projet. Ce revirement ne l’a cependant peut-être pas exonéré, car M. Sayegh a appelé à une "enquête judiciaire" visant l'"intention criminelle" derrière le projet, même si le ministre "a fait marche arrière sur son erreur".
commentaires (4)
Si le terminal 2 allait gagner de l'argent ça serait au détriment du terminal 1, ou bien j'ai rien compris?. "Ce n'est pas clair tous ça" comme il disait M. Cheval dans le "dîner des cons"
Céleste
18 h 44, le 31 mars 2023