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Culture - Festival

Deux nuits animées, ce soir et demain soir, au cinéma Royal de Bourj Hammoud

À Bourj Hammoud, le lieu, nouvellement réaménagé par Karl Hadifé en salle de projection et en un espace scénique d’art et d’essai, accueille ce jeudi soir à 19h15 et vendredi soir à 19h un festival dédié aux films d’animation en collaboration avec Nicolas Fattouh.

Deux nuits animées, ce soir et demain soir, au cinéma Royal de Bourj Hammoud

Rendez-vous au cinéma Royal... Photo DR

On a souvent tendance à faire la confusion, à mal comprendre ce que c’est un film d’animation, alors, rectifions le tir. Non, les films d’animation ne sont pas uniquement réservés aux enfants, ni à un public enfantin. Certains s’adressent même aux cinéphiles, aux passionnés qui viennent y trouver d’autres horizons et d’autres moyens de s’échapper dans la fiction. Longtemps considéré comme un art mineur, le cinéma d’animation rencontre depuis quelques années un vrai succès public et critique. Nicolas Fattouh, artiste plasticien et réalisateur libanais de films d’animation, organise, en collaboration avec Karl Hadifé, propriétaire du nouvel espace Royal (espace transformé en salle d’art et d’essais), un festival de films d’animation sur deux jours. Venus du monde entier (Iran, Grèce, Allemagne, France, Corée, Jordanie, Portugal et les EU), ces films seront présentés durant deux soirées consécutives. Les deux organisateurs en parlent à L’Orient-Le Jour.

Qu’est-ce qu’un film d’animation ?

N.F. : Avant toute chose, il est nécessaire de bien comprendre ce qu’est un film d’animation. Il s’agit d’un film qui va utiliser plusieurs techniques, permettant de donner vie à des images, objets ou matières inanimés. Une fois que l’on est capable de réaliser cela, tout devient possible. Le cinéma d’animation s’appelle aussi le cinéma image par image, par définition, puisqu’il s’agit de mettre bout à bout des images fixes avant qu’elles ne se transforment en animation.

En quoi consiste ce festival ?

K.H. : C’est un festival d’animation programmé pour deux jours et qui comprendra des films d’animation en 2 D, en 3 D, des animations expérimentales, du « hatching sur plexiglass » ou avec du sable sur une voiture, en stop motion. Différents sujets sur la guerre, l’amour, la vieillesse sont abordés pour insister sur la largesse de ce spectre. Le plus court métrage s’étale sur trois minutes et le plus long peut aller jusqu’à 17 minutes. La projection se fera de 19h à 21h avec un petit entracte. Le festival comprend 24 films, qui seront projetés avec une interruption entre chaque série de 6 courts métrages suivis d’une discussion.

Vous ciblez quel genre de public ?

N.F. : Tous les amoureux du cinéma en général et du cinéma d’auteur en particulier, car, il faut l’avouer, ce cinéma est bien particulier. Ce ne sont pas des films d’animation qu’on a l’occasion de voir sur petit ou grand écran, ils sont généralement projetés au sein de festivals qui ne sont pas accessibles à tout le monde. Certains sont poussés dans la recherche et le traitement, d’autres sont ouverts à tout le monde, abordent des sujets de fond et demeurent compréhensibles au grand public.

Pour mémoire

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Comment avez-vous fait la sélection ?

N.F. : Ce sont des films auxquels j’ai assisté dans le cadre de divers festivals de par le monde. J’ai contacté les réalisateurs et les maisons de distribution, tout le monde était ravi, j’ai pu obtenir les films gratuitement, car ce qu’il faut savoir, c’est que ce festival est gratuit.

Qu’est-ce qu’un film d’animation apporte de plus qu’un film de format traditionnel ?

N.F. : C’est un film comme tous les autres films de fiction ou documentaires. La différence, c’est d’abord la technique, ensuite la liberté que s’octroie le réalisateur du fait qu’il peut tout faire et donner tous les pouvoirs à son personnage, en faire même un superhéros (il peut voler, disparaître), ce qui ajoute au côté un peu fantastique.

K.H. : Que ce soit un livre, une pièce de théâtre, un opéra ou un film, toute œuvre a une histoire, un début et une fin. Il y a aussi parfois une morale ou pas, un message éventuellement. Ce qui diffère dans l’animation, c’est la forme et la manière dont le message est véhiculé. Le cinéma est très ancré dans le réel, on peut facilement s’identifier aux personnages, il existe toujours une similarité qui permet la projection. Dans l’animation, c’est beaucoup plus subtil, le facteur distanciation se met en place entre le spectateur et ce qui se passe sur l’écran. Le medium, dans la plupart des cas, ce sont des dessins ou des personnages en pâte à modeler en 3 D. Il y a donc ce recul qui permet une réflexion plus extérieure à l’engagement émotionnel que l’on peut avoir par rapport à un film. Il s’y opère une analyse plus globale avec cette espèce de non-identification.

Qu’est-ce que le cinéma d’animation tente de réaliser ?

N.F. : Faire penser et réfléchir autrement. Il y a un regard plus externe qui est en train de se poser et une créativité différente qui est en train de ressortir de ce média, et puis cette façon de faire voyager les personnages dans cette histoire qui peut être très intéressante et ainsi briser toutes les idées préconçues que l’on peut avoir sur la façon de raconter une histoire.

K.H. : La structure est onirique, elle ressemble un peu à la structure des rêves où l’on se demande comment en sommes-nous arrivés là. Cela avoisine le délire, les personnages n’ont aucun rapport les uns avec les autres, il y a une sorte de confusion d’espace, de temps. L’animation nous permet d’avoir cette structure bizarroïde, mais d’une façon plus compréhensible, il y a donc cette distanciation avec le monde réel.

Est-ce que la jeunesse d’aujourd’hui est sensibilisée par ce cinéma d’animation ?

K.H. : L’intérêt, c’est que ce format n’a pas besoin de beaucoup de moyens. De plus, à la suite de la pandémie, la jeunesse a pris l’habitude de se retrouver à œuvrer seule, la solitude ne l’effraie plus et la création devient plus facile avec une liberté illimitée. Pour réaliser un long métrage, cela nécessite du matériel, un souffle, une passion et un budget.

N.F. : Le danger qui se présente dans les films d’animation, c’est que nous sommes à la merci des ordinateurs : un problème technique, et voilà le tout qui s’évapore. Il faut par ailleurs planifier tout à l’avance, il faut créer l’espace à partir de zéro, réfléchir la lumière. Les films d’animation prennent quelquefois plus d’une année à être mis au point afin d’être visualisés en 10 minutes. Dans ce métier, il faut être passionné, c’est une condition sine qua non.

Le programme :

Jeudi
19h15 partie 1 (56 minutes) :

1- “Habboub” by Mahsa Samani (Iran) 

2- “All You Can Eat” by Dimitris Armenakis (Greece) 

3- “Rind” by Romy Matar (UK / Lebanon)

4- “Wade” by Upamanyu Bhattacharyya and Kalp Sanghvi (India) 

4- “Dawït” by David Jesen and Sophie Biesenbach (Germany)

5- “Up There With The White Gods” by Mike Plitt and Alexander Lahl (Syria/Germany)

Pause
20h30 partie 2 (52min) :

1- “Whale’s Song” By Adeline Faye (France)
2- “The Soloists” by Mehrnaz Abdollahinia, Feben Elias Woldenhawariat, Razahk Issak, Celeste Jamnek, Yi Liu (France)

3- “Le Retour Des Vagues” by Manon Cansell, Alejandra Guevara Cervera, Edward Kurchevesky, Francisco Mutinho de Magalhaes and Hortense Mariano (France)
4- “How My Grandmother Became A Chair” by Nicolas Fattouh (Lebaon/Germay)
5- “Night” by Ahmad Saleh (Palestine/Germany)

Vendredi

19h partie 1 (57 minutes) :

1- “Shadows of the butterflies” by Sofia El-Khyari (Morocco, France, Portugal)
2- “Eyes And Horns” by Chaerin Im (South Korea)
3- “Hera” by Alaa Fleifel (Lebanon)
4- “Undivided” by Araz Kelian (Lebanon)
5- “Green Peas” by Les 2 FG (France)
6- “Carlotta’s Face” by Valentin Riedl (Germany)
7- “Souvenir Souvenir” by Bastien Dubois (France)

Pause

20h15 partie 2 (54 minutes) :

1- “Downfall” by Rona Fayad (Lebanon)

2- “The Ostrich Politic” by Houhou (France)

3- “Mine” by Daphne Xourafi (Greece)
4- “Rest In Piece” by Antonio Antabi (Syria / Germany)
5- “Have A Nice Dog” by Halal Maghout (Syria/Germany)

6- “When Beirut Was Beirut” by Alessandra El Chanti (Lebanon / Qatar)



On a souvent tendance à faire la confusion, à mal comprendre ce que c’est un film d’animation, alors, rectifions le tir. Non, les films d’animation ne sont pas uniquement réservés aux enfants, ni à un public enfantin. Certains s’adressent même aux cinéphiles, aux passionnés qui viennent y trouver d’autres horizons et d’autres moyens de s’échapper dans la fiction. Longtemps...

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