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Économie - Entrepreneuriat

Poyesis, une start-up française à la recherche des cerveaux libanais du numérique

Les cofondateurs Walid Ghanem et Maxime Pfrimmer sont bien décidés à établir leurs bureaux au Liban sur le long terme et projettent de lancer en 2024 leur propre programme de formation en développement web.

Poyesis, une start-up française à la recherche des cerveaux libanais du numérique

L’équipe libanaise de Poyesis. Photo DR

Au Beirut Digital District, le bureau de Poyesis ne désemplit pas. L’agence française de développement web vient d’accueillir dans son équipe quatre nouveaux membres pour un total de 23 employés libanais sur 30. « La réputation du Liban pour son vivier de talents le précède », déclare tout de go Walid Ghanem, directeur technique et cofondateur franco-libanais de Poyesis. D’ailleurs, l’entreprise compte bien recruter « une dizaine de développeurs supplémentaires » d’ici à la fin de l’année, assure Maxime Pfrimmer, PDG et cofondateur également. Alors que le Liban est en crise multidimensionnelle depuis plus de trois ans, provoquant une émigration massive de ses cerveaux, l’idée de partir à la conquête de ceux restés au pays fait mouche pour ces deux jeunes entrepreneurs de 29 ans. Certes, « il y a une part de stratégie dans ce choix, mais surtout on savait qu’on y trouverait de jeunes diplômés talentueux, motivés et prêts à l’embauche au vu des conditions difficiles dans le pays », explique Walid Ghanem.

Walid Ghanem, directeur technique, et Maxime Pfrimmer, PDG, sont les cofondateurs de l’entreprise française Poyesis. Photo DR

Amis depuis l’adolescence et ayant côtoyé ensemble les bancs de l’École polytechnique, située en banlieue parisienne, Walid Ghanem et Maxime Pfrimmer se sont ensuite lancés dans la vie professionnelle chacun de son côté pendant cinq ans : le premier en tant que directeur dans une agence de développement logiciel française de premier plan; le second en tant que consultant puis chef de projet au sein du cabinet international Boston Consulting Group. Forts de ces expériences, les deux compères se sont retrouvés en 2021 pour fonder Poyesis, du terme en grec ancien signifiant « poïétique », soit le potentiel d’une situation débouchant sur la création d’une chose nouvelle. Coup dans le mille puisque, en à peine deux ans, la start-up a déjà collaboré avec plus d’une trentaine de clients, dont de grands groupes internationaux, comme le géant gazier TotalEnergies ou le major français du prêt-à-porter pour enfant GPE, en plus de travailler avec d’autres plus petites entreprises, telles la plateforme de streaming et de presse Omerta et la scale-up de marketing digital Partoo, ou encore l’application mobile de livraison rapide Eat Salad, très connue en France.

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« Notre chiffre d’affaires a dépassé 700 000 euros en 2022. Cette année, nous projetons entre 1,2 et 1,5 million d’euros », annonce Maxime Pfrimmer. Si ses clients sont jusqu’à présent « à plus de 80 % français, compte tenu du potentiel sur ce marché », Poyesis a démarré l’année sur les chapeaux de roue en sortant de l’Hexagone avec des projets en Italie et au Royaume-Uni, tout en étant actuellement en négociations avec d’autres gros acteurs européens, sans pouvoir en dévoiler plus. « Autant sur le marché des pays du Golfe l’écosystème entrepreneurial est plutôt réticent à l’idée de s’engager avec un groupe de travail libanais en coulisses, autant le marché européen n’y voit aucun problème, bien au contraire », explique le PDG.

Une offre salariale d’avant la crise

Car le Liban présente des avantages en termes de recrutement et d’opérations qu’il est « difficile de trouver en France actuellement », souligne Maxime Pfrimmer : pour l’entrepreneur, il y a « le coût à l’embauche, la disponibilité du travailleur et son état d’esprit positif et dynamique » ; pour ce dernier, « des conditions de travail à l’européenne et la mise en valeur de son talent et de ses capacités d’évolution ». Avec une offre salariale d’avant la crise, y compris une assurance médicale et un bonus de fin d’année basé sur la performance, postuler à Poyesis possède un attrait particulier en ces temps de crise au Liban.

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« Nos salaires sont 1,5 à 2 fois plus élevés que certains grands groupes internationaux présents au Liban et qui ont eu tendance à profiter de la crise pour dévaloriser les rémunérations offertes à leurs employés sur place, par rapport à ce qu’elles valaient avant 2019 », explique Maxime Pfrimmer. « Notre package est donc équivalent à celui précédent la crise dans le pays, ce qui nous permet de construire une équipe d’as », poursuit-il. Mais pour ce faire, il faut pouvoir démontrer aux cofondateurs que la start-up possède cette carte dans sa manche. « Nos tests de recrutement sont similaires à ceux utilisés dans les agences françaises les plus pointues », prévient le PDG, « mais le vivier libanais répond présent, et nous n’avons aucun autre projet que le Liban à cet effet », précise le cofondateur, décidément établi à Beyrouth.

Pour accélérer l’embauche, Poyesis est d’ailleurs en contact permanent avec l’écosystème technologique et éducatif libanais : de l’Université Saint-Joseph à l’Université américaine de Beyrouth, en passant par l’incubateur Berytech, l’ESA Business School ou encore la plateforme de recrutement et de formation SE Factory. Mais les cofondateurs de Poyesis ne s’arrêteront pas à cela :

« Nous planifions d’ouvrir un programme de formation en interne l’année prochaine pour les étudiants qui n’auraient pas les moyens de payer les frais universitaires. » C’est dit.

Au Beirut Digital District, le bureau de Poyesis ne désemplit pas. L’agence française de développement web vient d’accueillir dans son équipe quatre nouveaux membres pour un total de 23 employés libanais sur 30. « La réputation du Liban pour son vivier de talents le précède », déclare tout de go Walid Ghanem, directeur technique et cofondateur franco-libanais de Poyesis....

commentaires (2)

Les gens du secteur privé comme Walid Ghanem, qui donnent des emplois viables a nos jeunes sont les vrais heros de la societé Libanaise. Pas ces fonctionnaires vereux qui controllent le pays comme nos parlementaires 8 Mars et leurs acolytes.

Tina Zaidan

10 h 17, le 13 mars 2023

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Commentaires (2)

  • Les gens du secteur privé comme Walid Ghanem, qui donnent des emplois viables a nos jeunes sont les vrais heros de la societé Libanaise. Pas ces fonctionnaires vereux qui controllent le pays comme nos parlementaires 8 Mars et leurs acolytes.

    Tina Zaidan

    10 h 17, le 13 mars 2023

  • Excellente initiative les jeunes, bravo. Sur un marché RH tendu dans le numérique, implanter une filiale et puiser dans un vivier ouvert est infiniment plus efficace (et économique) que d'attendre son arrivée en France ou ailleurs, où les jeunes recrues seront immanquablement aspirées et indisponibles au prix fort. Économique, décarboné et stressless pour tout le monde... encore bravo !

    Ca va mieux en le disant

    09 h 10, le 13 mars 2023

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