
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, lors d'un discours retransmis en direct, à Nabatiyé, au Liban-Sud, le 6 mars 2023. Photo REUTERS/Aziz Taher
Après 4 mois de vacance présidentielle, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé lundi que son parti soutient la candidature à la présidentielle du leader des Marada, Sleiman Frangié. Ce soutien du parti chiite à M. Frangié, qui n'a jamais annoncé officiellement sa candidature, était connu mais de façon implicite jusqu'à présent.
"Le candidat naturel que nous soutenons dans l'élection présidentielle est Sleiman Frangié", a affirmé Hassan Nasrallah dans un discours retransmis en direct. Déjà le 2 mars, dans une interview accordée au quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar, le président de la Chambre, Nabih Berry, avait franchi un cap dans la bataille présidentielle, affirmant explicitement que son candidat est "connu, il s’agit de Sleiman Frangié".
La majorité des deux tiers
"Nous voulons certainement et sérieusement l'élection d'un président de la République", a commencé par dire le leader chiite tout en assurant que son parti tient à ce que le scrutin soit tranché à la majorité des deux tiers (86) des députés au premier comme au second tour de l'élection. "La Constitution c'est la Constitution", assure Nasrallah.
Selon la Constitution, au cours du premier tour, le président doit être élu avec 86 voix, alors qu'une majorité absolue de 65 voix est requise lors des tours suivants. Mais aucun deuxième tour de vote n'a jamais eu lieu depuis l'ouverture de la période électorale, les députés du camp du Hezbollah et ses alliés se retirant de la séance à l'issue du dépouillement du premier tour, conduisant à chaque fois à la perte du quorum. À chaque nouvelle séance, le chef du Parlement Nabih Berry considère qu'il s'agit d'un premier tour, et que le nombre de voix requis est de 86 pour élire un président. Une manœuvre toutefois contraire à la Constitution.
"Nous n'accepterons pas qu'un président soit imposé par l'étranger et nous n'accepterons pas de veto. Par contre nous acceptons de l'aide pour rapprocher les points de vue sans problème", a également dit le chef du Hezbollah.
"Quant à nos amis en Iran et en Syrie, ils ne se sont pas ingérés et ne s'ingèreront pas dans l'élection présidentielle, et notre décision est entre nos mains, a-t-il assuré. Nous choisissons (le candidat que) nous voulons et nommons celui que nous voulons. Nous n'attendons pas (quelque chose de) l'extérieur. Nous ne parions pas sur les conditions régionales. Celui qui attend l'accord (nucléaire) entre l'Iran et les Etats-Unis attendra une centaine d'années, de même pour celui qui attend un accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran". "Qu'en est-il des autres ? Vont-ils toujours attendre l'Arabie saoudite, la France, les Etats-Unis ?", a-t-il ensuite demandé.
"Nous tenons à l'entente de Mar Mikhaël"
Hassan Nasrallah a encore indiqué s'être longuement réuni avec le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil "jusqu'à deux heures du matin" et lui avoir fait part des caractéristiques que le Hezbollah souhaite voir dans le futur chef de l'Etat libanais : un "courageux qui ne poignarde pas la Résistance dans le dos". Il lui aurait ensuite dit : "C'est donc toi ou Sleiman Frangié, et étant donné que tu ne veux pas te porter candidat, il est naturel que ce soit M. Frangié". "M. Bassil m'a demandé si nous avions un plan B et je lui ai répondu avoir appris de Michel Aoun de ne pas avoir besoin d'un plan B", a-t-il ajouté avant de déclarer : "Nous avons décidé de continuer le débat et la réflexion".
C'est ainsi que le chef du Hezbollah a justifié les bulletins de votes blancs que les députés de son parti ont mis dans l'urne lors des onze séances présidentielles organisées jusqu'à présent. "Nous donnons le temps au débat interne, a-t-il dit. Quand nous écrirons un nom sur un bulletin de vote, cela signifiera qu'il s'agit d'un engagement catégorique et sérieux".
Le soutien du Hezbollah à Sleiman Frangié ayant mis à mal sa relation avec le CPL, son chef Gebran Bassil, étant le grand rival politique du leader des Marada dans l'élection présidentielle, Hassan Nasrallah est revenu sur l’entente de Mar Mikhaël, conclue le 6 février 2006 avec Michel Aoun. "Nous tenons à cet accord, mais cet accord ne nous a pas transformés en un seul parti, nous sommes toujours deux partis, a-t-il dit. Il n'y a rien dans l'entente qui oblige l'autre à se mettre d'accord sur un nom que ce soit pour le président de la République, le président du Parlement ou le Premier ministre".
"Candidat du Hezbollah"
Hassan Nasrallah a toutefois tenu à préciser dans son discours qu'il n'y a pas "quelqu'un qui s'appelle le candidat du Hezbollah". "Le but de cette appellation est d'éliminer la personne que nous soutenons", a-t-il mis en garde rappelant qu'au moment de l'élection de Michel Aoun (en 2016, NDLR) à la magistrature suprême, il a été "attaqué parce qu'il était le +candidat du Hezbollah+".
Reconnaissant qu'avant l'élection de M. Aoun, son bloc et ses alliés avaient "boycotté le quorum" car "nous considérons que c'est notre droit naturel", il a répondu à ceux qui promettent de boycotter le quorum si un candidat du Hezbollah à la présidentielle obtenait 65 voix lors d'une session parlementaire électorale. "C'est votre droit naturel, légal et constitutionnel", leur a-t-il dit. Cette réponse est notamment adressée au chef des Forces libanaises (FL), le leader maronite Samir Geagea, qui avait déclaré fin janvier que son parti ferait obstruction, du moins "dans un premier temps", si un candidat du Hezbollah à la présidentielle obtenait 65 voix lors d'une session parlementaire électorale. Il avait toutefois concédé que si le succès de ce candidat à la magistrature suprême se confirme, les FL devront se plier au "jeu démocratique".
"Vous pouvez boycotter le quorum, et nous pouvons le faire aussi, a poursuivi Nasrallah. L'autre choix est que chacun annonce son candidat et se rende au Parlement". Jusqu'à présent, les partis de l'opposition (au Hezbollah et ses alliés) continuent de soutenir le député de Zghorta et candidat officiel à la magistrature suprême Michel Moawad. Le Liban est sans président depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre 2022.
Par ailleurs, le chef chiite est revenu sur l’incident de dimanche à la frontière sud. Ce jour-là, la tension est montée d'un cran lorsqu’une patrouille israélienne a violé la Ligne bleue, qui délimite la frontière entre le Liban et Israël. "Il y a des tentatives israéliennes de s'étendre de plusieurs mètres au-delà de la Ligne bleue, a-t-il dénoncé. Nous n'abandonnerons pas un mètre de notre terre, un grain de sable de notre terre et une goutte d’eau de notre mer". "L'ennemi avait l'habitude de nous tuer, de nous bombarder mais aujourd’hui, il menace des civils et des soldats de l'armée libanaise en pointant des armes vers eux. Mais l'ennemi n'ose pas tirer, et tout cela grâce au triptyque peuple - armée - résistance".
Après 4 mois de vacance présidentielle, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé lundi que son parti soutient la candidature à la présidentielle du leader des Marada, Sleiman Frangié. Ce soutien du parti chiite à M. Frangié, qui n'a jamais annoncé officiellement sa candidature, était connu mais de façon implicite jusqu'à présent."Le candidat naturel que...
commentaires (11)
Ce pays la est a la fois béni et maudit. Un statut unique dans l'histoire des peuples. Il est habité par un peuple intelligent qui a développé l'un des premier alphabet, inventé l'art de la teinture, du verre, etc... a survécu a toutes sortes de conquérants en restant autonome sous qui que ce soit pour enfin atteindre son indépendance qui fut la première de tous les états de la région. Pourtant, une partie de son peuple, au lieu d'en être fier et de travailler a préservé l'image de "message" et de "Suisse" dont il a été affublé, a choisit de le trahir pour des peccadilles personnelles ou sectaires qui ont fini par conduire a la guerre sous de fausses assertions en se servant de troupes étrangères pour arriver a ses fins (Joumblatt, Karamé, etc..). Le résultat se chiffre a des milliers de morts et d'handicapés, de disparus et d'un état délétère que certains (Hezbollah, PSNS, etc...) cherchent encore a finir pour des intérêts d’états étrangers ou perso comme si toutes les épreuves des dernières décennies n'auront servies a rien. Le Golgotha semble encore long et douloureux, mais a force de résister et de répéter : "Loubnan Awwalan", le dicton dit "El tekrar bi 3allem le 7mar". Espéreront qu'il s'appliquera a ces messieurs qui finiront par comprendre que les armes, la menace et la guerre ne sont pas toujours la bonne solution entre membre d'une même famille. Etre un enfant prodigue est une qualité et pas une tare. Ne pas chercher a se ressaisir devient un crime et une trahison.
Pierre Christo Hadjigeorgiou
09 h 14, le 07 mars 2023