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Nos Lecteurs ont la Parole

Dissemblances disparates

La plus grande bévue que puisse commettre un parti qui aspire à prendre le pouvoir, pour concrétiser et mettre à exécution sa politique et sa vision particulière de l’État, c’est lorsque ce parti pactise avec un autre idéologique dont la pratique et la doctrine politique cherchent à modifier les assises et les fondements du pays.

Une erreur de stratégie qui peut, à part le caractère stérile et improductif d’une telle initiative, entraîner des conséquences fâcheuses à l’échelle nationale. Nous sommes malheureusement, nous les Libanais, les mieux placés pour toucher du doigt, jour après jour, ce phénomène.

Sans doute que chez les partis qualifiés d’idéologiques, la suprématie des idées qui constituent leur doctrine politique est immuable, décisive et indiscutable.

Ces partis définis comme idéologiques ont toujours comme axiome et comme objectif premier la mise en exécution du plan qui aide à appliquer les principes de base de leur doctrine. Généralement, ils ont très souvent le dernier mot.

Et l’apport que ces partis idéologiques peuvent procurer au partenaire de l’accord pour l’aider à prendre le pouvoir n’est admis que dans le cadre restreint qui sert les intérêts du système et des structures de cette idéologie. Pour la simple raison que ce genre de parti œuvre systématiquement et avec assiduité pour atteindre les buts initiaux tracés par le fondateur mentor.

Se leurre considérablement celui qui croit qu’à travers un pacte ou un accord, il peut amener un parti reconnu comme idéologique à adopter sa propre vision de l’État. Surtout lorsque cette doctrine a comme fondement des postulats aux origines religieuses. Alors là, il devient encore beaucoup plus difficile d’amener cette « idéologie » à composition afin de trouver avec elle un terrain d’entente.

L’idéologie en fin de compte finit toujours, au détriment de l’autre partie de l’accord, par l’emporter et par gagner du terrain sans trop faire de concessions. Dans le meilleur des cas, l’autre partie de l’accord devient dans cette équation déséquilibrée un peu comme du papier torchon superflu qu’on plie en quatre et qu’on utilise pour caler une chaise bancale. Une image qui en dit long et qui illustre bien la situation de ceux qui se sont fourrés, bon gré mal gré, dans cette situation inspirée uniquement par le profit.

Et généralement, certains esprits un peu plus lucides se rendent compte, mais un peu tard, que dans cet équilibre, ils ont été à la longue utilisés et qu’on avait tiré largement avantage de leur présence – spécialement lorsqu’ils tenaient les rênes du pouvoir – sans être payés de retour. Ils se rendent compte donc, mais en retard, qu’il ne s’agissait pas en fait d’un équilibre, mais plutôt d’une obédience. Un scénario qui ne rate jamais dans ce genre de contexte.

Il va sans dire que dans ce cas de figure, la welayat el-faqih, à titre d’exemple, va toujours l’emporter face à toutes les autres considérations. Il ne fait aucun doute que ce genre de régime théocratique (basé sur des principes religieux et gouverné par des religieux) n’est pas facilement malléable ni perméable aux sollicitations. Surtout quand il s’agit de mollahs, d’oulémas ou d’imams pour qui généralement l’avis juridique (la fatwa) n’accepte aucune critique ou objection.

En règle générale, les idéologies ne redoutent pas trop les foules, les slogans hostiles, les manifestations, les sit-in... elles craignent beaucoup plus les intellectuels, la plume, les idées... Elles ont davantage peur du stylo, de la pensée et de la presse, principalement ceux libres, non « panurgistes » et dotés d’un esprit critique. Elles préfèrent d’ordinaire collaborer avec des personnes qui sont prêtes à délaisser les préceptes pour leur profit et leurs petits intérêts personnels. Le parti de Dieu est présenté ici comme exemple non limitatif étant donné que cela s’applique également à d’autres formations existantes sur notre sol et définies comme idéologiques. Individuellement, ces « partenaires » ne pèsent pas énormément dans la balance des priorités et des considérations de l’« idéologie ».

Au sens mécanique du terme, ce genre d’accord rappelle essentiellement le système de forces parallèles et de sens opposés. Ce système de forces fait qu’elles ne se rencontrent jamais sauf si le profit émerge de quelque part. Profit finalement qui penche toujours plus en faveur de l’idéologie et de ses objectifs. Et lorsque les alliances se font égoïstement sur base du gain et du profit, c’est généralement aux dépens de l’intérêt national.

Tout le reste n’est rien d’autre qu’une posture vicieuse qui consiste à régler les affaires de chacun selon les circonstances du moment. Moment que l’on cherche à utiliser toujours au mieux des intérêts de chaque partie.

Avocat à la cour

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La plus grande bévue que puisse commettre un parti qui aspire à prendre le pouvoir, pour concrétiser et mettre à exécution sa politique et sa vision particulière de l’État, c’est lorsque ce parti pactise avec un autre idéologique dont la pratique et la doctrine politique cherchent à modifier les assises et les fondements du pays. Une erreur de stratégie qui peut, à part le...

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