Le « dollar douanier » triplé en douce

Il a fallu qu’elle fuite dans les médias pour qu’elle soit remarquée avant sa mise en application.

Suite à une décision conjointe prise par le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, le taux de change employé pour calculer les droits de douane sur les importations a été relevé à 45 000 livres pour un dollar. Un taux qui est désigné par le terme de « dollar douanier » par les autorités depuis que la question de son ajustement sur le niveau réel de la livre se pose dans le débat public.

Trois fois plus élevé que les 15 000 livres appliquées depuis le 1er décembre et quasiment équivalent à celui de la plateforme Sayrafa de la BDL, ce nouveau taux est applicable dès mercredi. Et la nouvelle a pris de court la plupart des Libanais, jusqu’au sein du ministère des Finances, que nous avons contacté pour faire confirmer l’information.

Lire aussi

Supermarchés : la dollarisation, c’est pour demain !

« C’est totalement inattendu et c’est une très mauvaise nouvelle. On sent que les (commerçants) ont été laissés hors du coup par cette décision adoptée alors même que le budget de l’État pour 2023 n’a pas dépassé le stade de l’avant-projet », a déploré Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth et secrétaire général des organismes économiques. Selon lui, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, soutient cette mesure dont l’objectif premier est de financer les salaires du secteur public. Ces derniers ont été triplés avec l’entrée en vigueur du budget de 2022 le 15 novembre dernier, mais ont été fortement dépréciés par la chute supplémentaire de la livre enregistrée sur cette période – d’environ 40 000 livres pour un dollar à environ 88 000 mardi.

« L’impact sera considérable sur le pouvoir d’achat des ménages, sur la consommation et la croissance, tout en sachant que les frontières sont ouvertes aux quatre vents et que la contrebande bat son plein » a-t-il encore déploré.

Le président du syndicat des importateurs de denrées alimentaires, Hani Bohsali, a été tout aussi surpris.

« Nous étions aujourd’hui chez le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, et il ne semblait pas non plus au courant de l’information », assure-t-il. « Pour l’instant nous ne savons pas comment le marché va réagir à cette mesure. Nous en saurons plus mercredi », a-t-il ajouté.