Le Premier ministre sortant Nagib Mikati persiste et signe. Malgré l'injonction du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) lui demandant de "revenir sur ses décisions" de s'ingérer dans la justice pour stopper les procédures lancées contre des banques libanaises, il a renouvelé samedi son appel aux autorités judiciaires "à agir rapidement contre les excès et égarements" de la justice et à "restaurer son bon cours".
Un communiqué du Grand Sérail publié samedi rejoint l'injonction donnée mercredi par M. Mikati au ministre de l'Intérieur sortant, Bassam Maoulaoui, qui avait à son tour enjoint aux forces de sécurité de ne plus donner suite aux décisions de la procureure générale près la cour de cassation du Mont Liban, Ghada Aoun, qui avait lancé des procédures judiciaires contre plusieurs banques, accusées de "blanchiment d'argent".
"Avec tout mon respect pour le CSM, il doit faire valoir le droit et la justice pour tous, et stopper les excès et les égarements actuels", a lancé le chef du cabinet sortant. Dans son communiqué, M. Mikati appelle les autorités judiciaires "à agir rapidement" dans ce sens et défend sa décision prise cette semaine.
"Le but est de mettre fin à un processus dangereux d'utilisation de la justice et de la loi pour régler des comptes politiques personnels", ajoute le texte. "Il n'a jamais été question de protéger quelqu'un, ou de couvrir la faute ou les violations de quiconque", poursuit le Premier ministre, qui indique s'être réuni avec des représentants de l'Association des banques du Liban (ABL) la veille au soir. L'ABL a annoncé vendredi suspendre une grève observée par les banques pour une durée d'une semaine à partir de lundi.
"Notre but est de protéger le secteur bancaire afin qu'il soit le principal appui de l'économie, non pas de protéger tout banquier ou banque qui viole les lois", a déclaré M. Mikati. "J'appelle à l'application des lois pour tous. Les juges ont leur mot à dire sur tous les dossiers ; mais c'est la loi qui fait foi", a-t-il poursuivi.
La magistrate Ghada Aoun, qui multiplie les procédures à l’encontre des établissements bancaires depuis plus d'un an, a récemment engagé des poursuites contre la Société générale de banque au Liban (SGBL) et son PDG Antoun Sehnaoui, ainsi que contre Bank Audi, pour "blanchiment d’argent", après le non-respect d'un délai qu’elle leur avait fixé vendredi dernier pour remettre des documents requis, dans le cadre de son enquête sur de nombreux établissements bancaires.
"Il n'a jamais été question de protéger quelqu'un, ou de couvrir la faute ou les violations de quiconque" dit Mikati le champions de la corruption et des contrats suspicieux.
13 h 35, le 28 février 2023