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Société - Séisme en Turquie et en Syrie

Le bilan libanais risque de s’alourdir

Les cinq membres d’une même famille sont venus s’ajouter à la liste des libanais tués lors du séisme en Syrie et en Turquie. Les aides, elles, commencent à affluer.

Le bilan libanais risque de s’alourdir

Un secouriste à Antioche, le 12 février, devant les décombres d’un immeuble ravagé par le séisme meurtrier en Turquie. Photo Mohammad Yassine/« L’Orient-Le Jour »

Près d'une semaine après le séisme meurtrier qui a déjà fait plus de 33.000 morts en Turquie et en Syrie, dont au moins six Libanais selon un bilan provisoire, plus d'une dizaine de Libanais seraient encore portés disparus, a affirmé à L'Orient-Le Jour l'ambassadeur du Liban en Turquie, Ghassan Moallem.

Si le diplomate estime encore « tôt pour établir un bilan officiel des morts », cinq membres d’une famille d'origine tripolitaine vivant à Samandag, en Turquie, sont cependant venus s’ajouter à la liste des victimes, ainsi que l’a confirmé hier en soirée notre correspondant Michel Hallak, citant des proches.

En Syrie voisine, où plus de 3 500 personnes ont trouvé la mort, les opérations de recherche se poursuivent et les aides humanitaires commencent à être timidement acheminées. Le Hezbollah a, dans ce contexte, annoncé dimanche avoir envoyé à Lattaquié, sur la côte syrienne, un premier convoi d’aides, alors que la Défense civile a livré au Croissant-Rouge syrien des aides italiennes arrivées à Beyrouth.

Les Libanais en Turquie
Selon Ghassan Moallem, 130 Libanais enregistrés, qui résident dans les zones touchées par le tremblement de terre, sont en vie. Mais le flou règne quant aux Libanais qui ne sont pas régularisés auprès de l’ambassade. « La communication avec eux était difficile car nous n’avons aucune donnée », explique l’ambassadeur, qui dit ne pas pouvoir avancer une estimation. « Nous ne pouvons pas fournir jusque-là de bilan officiel, vu que des personnes qui se trouvaient dans la zone dévastée n’étaient pas enregistrées auprès de l’ambassade », a expliqué M. Moallem. « Nous comptons sur les proches ou les amis des Libanais disparus pour avoir de leurs nouvelles », ajoute-t-il. Parmi les Libanais non enregistrés, trois décès ont été officiellement recensés. « Il y avait le Dr Wissam el-Assaad, qui a été inhumé il y a deux jours dans son village de Wadi Khaled, au Akkar. Actuellement, nous tentons de rapatrier le corps d’une femme, Suzanne el-Assaad. Nous pouvons aider tous ceux qui demandent à rapatrier leurs proches au Liban », rapporte le général Mohammad Kheir, secrétaire général du Haut Comité de secours.

Sur le terrain, ce sont les autorités turques qui gèrent la situation, et l’ambassade du Liban en Turquie ainsi que Haut Comité de secours coordonnent avec elles, notamment l’Agence gouvernementale de gestion des catastrophes (AFAD) reliée aux ministères turcs de l’Intérieur et des Affaires étrangères. « Nous sommes en train de coordonner avec ces institutions ainsi qu’avec les parents de disparus en vue d’obtenir des informations sur l’emplacement des Libanais dont le sort est encore inconnu pour tenter de les sauver. Certains sont dans des hôtels, d’autres résident dans cette partie de la Turquie, d’autres encore étaient là pour du tourisme », explique Mohammad Kheir. Par ailleurs, selon lui, une autre problématique entrave la visibilité sur le terrain. Certaines familles avaient notifié les autorités libanaises de la présence de leurs proches en Turquie, mais ne les ont pas informées de leur retour sains et saufs au pays.

« On nous a signalé la présence de 70 personnes portées disparues, et, après vérification, il s’est avéré qu’environ une vingtaine n’étaient pas des Libanais », a ajouté l’ambassadeur du Liban en Turquie, affirmant toutefois avoir « déployé des efforts pour les aider ».

M. Moallem a précisé que « l’ambassade tente toujours de se renseigner au sujet des 50 personnes qui manquent toujours à l’appel pour confirmer s’il s’agit de Libanais et entrer en contact avec leurs proches ». Parmi eux, figurent deux Libanais confirmés portés disparus, Mohammad el-Mohammad et Élias Haddad, souligne-t-il. Leur ami Bassel Habkouk avait été extrait vivant de sous les décombres de l’hôtel Ozcan, à Antioche, mercredi matin, a-t-il rappelé. L’ambassadeur a assuré que des équipes de recherche et de sauvetage sont toujours déployées sur le site.

Une famille libanaise sous les décombres

Toutefois, plus de 150 heures après le drame, l’espoir de retrouver des survivants s’estompe. Interrogé sur le sort d’une famille libanaise dont des proches auraient signalé la mort hier selon des informations de presse, l’ambassadeur du Liban en Turquie a indiqué qu’ « un proche de la famille, qui se trouve sur le lieu où ils sont ensevelis sous les décombres, a confirmé le décès de deux personnes, dont les dépouilles mortelles auraient été extraites par les secouristes » à Samandag. Selon la chaîne LBCI, les dépouilles mortelles de deux enfants, O. et M. Khalaf, et celle de leur mère, A. Marouk, ont été retrouvées sous les décombres de l’immeuble qu’ils habitaient, alors que les recherches se poursuivent pour retrouver celles de leur père et de leur sœur. « Il y aurait 11 Libanais sous les décombres à l’heure qu’il est », avait rapporté Mohammad Kheir, contacté par notre journal hier matin.

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« Nous ne pouvons confirmer le sort des Libanais, qu’ils soient blessés ou décédés, qu’après avoir reçu une notification officielle des autorités turques », a clarifié l’ambassadeur Moallem. « Pour l’instant, trois décès (de Libanais en Turquie) ont été officiellement confirmés, auxquels s’ajouteraient les victimes de la famille Khalaf si leur décès était officiellement certifié, ce qui ne se ferait qu’à un stade avancé », a-t-il noté. Selon lui, il est encore tôt pour pouvoir établir un bilan officiel. Jusque-là, au moins onze Libanais ont perdu la vie en Syrie et en Turquie à la suite du séisme meurtrier de lundi dernier, selon les informations de L’OLJ et de L’Orient Today.

Les Libanais en Syrie
En Syrie, le flou règne, autant au niveau des chiffres que de la progression des secours. « Nous œuvrons à aider les Libanais qui se trouvent dans les régions sinistrées, mais les informations manquent », explique Mohammad Kheir. « Il est très difficile d’avoir un chiffre précis sur les Libanais vivant dans les zones syriennes affectées parce que les relations avec la Syrie sont différentes d’avec la Turquie, où les Libanais sont généralement des expatriés qui travaillent et sont inscrits à l’ambassade », explique une source proche de l’ambassade du Liban en Syrie. D’une part, parce que nombre d’entre eux ont la double nationalité. D’autre part, parce que la proximité entre les deux pays fait que les Libanais ne s’enregistrent pas au sein de l’ambassade. Depuis le séisme, trois décès de Libanais ont été confirmés : une mère libano-syrienne et sa fille libanaise, enterrées en Syrie, ainsi qu’un prêtre libanais à Alep dont le corps a été rapatrié au Liban. Sur les réseaux sociaux, une liste d’une dizaine de Libanais a circulé il y a deux jours. « Nous n’avons pu confirmer aucun des noms qui circulent », continue la source. L’ambassade du Liban en Syrie, aurait aidé à rapatrier une famille libanaise qui a survécu au séisme, mais dont la résidence a été détruite.

Les aides acheminées vers le Liban
Pour les sinistrés de toutes les nationalités, l’aide d’urgence est indispensable et afflue des quatre coins du monde. Le Liban aussi apporte son secours aux deux pays frappés par la catastrophe. Au lendemain du séisme, le Liban a envoyé plusieurs dizaines de secouristes en Turquie et en Syrie. Certains sauveteurs sont encore sur place. Une autre délégation de secouristes appartenant au mouvement des Scouts islamiques du Liban s’est envolée samedi matin vers la Turquie.

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Les équipes de la Défense civile envoyées en Syrie et en Turquie sont rentrées, elles, de leur mission. Les secouristes étaient accompagnés de membres de l’armée libanaise, de pompiers de Beyrouth et de la Croix-Rouge libanaise. Vingt membres de la Défense civile ont été envoyés sur le terrain en Turquie, à Elbistan, dans la province de Kahraman Marich, du lundi au vendredi. Vingt autres en Syrie, du mardi au samedi, à Jablé. Selon Élie Khaïrallah, chef du bureau d’informations à la Direction générale de la Défense civile, les deux équipes avaient pour mission de localiser les personnes sous les décombres pour les sortir à l’aide de leurs équipements : drones, caméras thermiques, sonars.

« Pour faire face à la catastrophe, des équipes de la Défense civile ont acheminé dimanche vers la Syrie des dons italiens réceptionnés à Beyrouth », nous a confirmé le directeur général de la Défense civile Georges Kettaneh. Ces aides ont été réceptionnées par le Croissant-Rouge syrien, a-t-il ajouté, notant que d’autres aides attendues prochainement dans le pays seront également livrées à la Syrie.

Le Hezbollah envoie des aides en Syrie
Pour sa part, le président du comité exécutif du Hezbollah Hachem Safieddine a annoncé hier le départ d’un premier convoi d’aides aux sinistrés en direction de Lattaquié, en Syrie, selon des propos rapportés par la chaîne al-Manar. « Il est naturel que le Liban et la résistance se tiennent auprès du peuple syrien », a-t-il souligné, alors que le Hezbollah pro-iranien est l’un des alliés du régime syrien de Bachar el-Assad.

Près d'une semaine après le séisme meurtrier qui a déjà fait plus de 33.000 morts en Turquie et en Syrie, dont au moins six Libanais selon un bilan provisoire, plus d'une dizaine de Libanais seraient encore portés disparus, a affirmé à L'Orient-Le Jour l'ambassadeur du Liban en Turquie, Ghassan Moallem.Si le diplomate estime encore « tôt pour établir un bilan officiel des...

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