La mesure est effective depuis son annonce par le ministère saoudien des Affaires étrangères lundi dernier. Un visa électronique sera délivré gratuitement et immédiatement aux voyageurs en transit par voie aérienne, lors de l’achat d’un billet d’avion avec les compagnies nationales Saudia et Flynas. Le pays cherche ainsi à se faire une place sur la scène régionale et internationale en tant que destination touristique.
Ce que l’on sait
• Depuis le 30 janvier, un visa d’une durée de 96 heures maximum – soit quatre jours – pour des activités touristiques ou commerciales pourra être attribué aux voyageurs transitant par l’Arabie saoudite.
• Le visa sera délivré gratuitement lors de l’achat d’un billet d’avion auprès de deux compagnies nationales, Saudia et Flynas, une filiale low cost du service aérien national. Le passager doit simplement sélectionner en ligne la demande de visa lors de sa commande après avoir renseigné ses détails personnels. Le visa a une validité de trois mois à compter de l’achat du billet.
• Un passeport reconnu par l’Arabie saoudite et valable pour une durée supérieure à six mois après la date de voyage est nécessaire pour obtenir ce visa. Le passager doit également être autorisé à entrer légalement sur le territoire de sa destination finale, son étape dans le royaume n’étant qu’une escale.
• En outre, le détenteur du billet concerné a droit à une nuit gratuite dans un hébergement présélectionné, à réserver au préalable.
Le contexte
• En 2016, l’Arabie saoudite lance le plan de réformes socio-économiques Vision 2030, ayant pour but de diversifier l’économie afin de réduire la dépendance du pays au pétrole. Le développement du secteur touristique est l’un des axes majeurs de cette diversification : Riyad vise à atteindre 100 millions de visiteurs par an en 2030.
• De nombreux investissements ont depuis été lancés pour dynamiser le secteur. Parmi ceux-ci, la transformation du site d’al-Ula, lancée en 2018 en partenariat avec la France, a pour but de faire du lieu « une destination touristique, culturelle et artistique de premier plan au niveau mondial », selon les termes de l’accord bilatéral.
• L’Arabie saoudite ouvre ses portes en instaurant son premier visa touristique en septembre 2019. Les entrées sur le territoire n’étaient auparavant accordées qu’aux travailleurs internationaux et à leurs familles, ainsi qu’aux pèlerins musulmans. Sur l’année 2022, jusqu’en novembre, 14 millions de visiteurs étrangers ont effectué du tourisme selon les données de l’Organisation mondiale du tourisme.
• En septembre dernier, le ministère saoudien du Tourisme a instauré un e-visa pour les ressortissants des pays du Golfe afin de faciliter et d’accélérer cette démarche. Les voyageurs résidant aux États-Unis, dans l’Union européenne et au Royaume-Uni ont également été autorisés à demander un visa directement à leur arrivée.
• L’introduction du nouveau visa de transit « renforce la position de l’Arabie saoudite en tant que plaque tournante reliant l’Est et l’Ouest », soutient Ibrahim Koshy, PDG de la compagnie nationale Saudia. « En 2022, quatre des dix principales routes mondiales avaient pour point de départ ou d’arrivée des aéroports saoudiens », rappelait pour sa part Fahed Hamidaddine, PDG de l’autorité du tourisme saoudienne, dans un communiqué.
• Terre des deux principaux lieux saints de l’islam, le royaume wahhabite accueillait avant la pandémie de coronavirus des millions de pèlerins musulmans chaque année, qui effectuaient le hajj ou la oumra. Le 9 janvier dernier, le ministre en charge de ces pèlerinages, Tawfiq al-Rabiah, a annoncé la levée de toutes les restrictions sanitaires dans le but d’inciter les touristes religieux à revenir.
• L’annonce intervient la veille de la publication d’un rapport de deux organisations de défense des droits de l’homme qui accusent le régime saoudien d’avoir presque doublé les exécutions à mort depuis le couronnement du roi Salmane en 2015.
Les enjeux
• Après trois ans de restrictions sanitaires qui ont réduit sévèrement le nombre de visiteurs à La Mecque, le tourisme religieux pourrait dépasser le niveau prépandémique avec l’introduction de ce visa de transit, renforçant ainsi la position du royaume wahhabite en tant que le leader sunnite dans le monde.
• Après des années d’isolement diplomatique, suite notamment à l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 et aux critiques émises contre les crimes de guerre commis au Yémen, Mohammad ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, est en passe de redorer son blason. Puissance pétrolière incontournable, notamment depuis l’invasion russe en Ukraine, le prince héritier cherche de surcroît à attirer les touristes, investisseurs et travailleurs qualifiés étrangers pour accroître son soft power.
• Seule en lice, l’Arabie saoudite a été confirmée mercredi comme pays hôte de la Coupe d’Asie de football 2027, tandis qu’elle avait obtenu il y a quelques mois l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver de 2029 dans la cité futuriste de NEOM, toujours en construction. Un rayonnement international qu’elle espère accroître pour concurrencer les autres pays du Golfe, lancés eux aussi dans une course à la diversification de leur économie. Le Qatar a quant à lui accueilli pour la première fois dans le monde arabe la Coupe du monde en 2022, tandis que l’Expo 2020 se tenait à Dubaï, qui a reçu l’année dernière plus de 12 millions de touristes internationaux.
• Le plan Vision 2030 a certes poussé des réformes socio-économiques importantes comme le droit pour les femmes de conduire, mais la perception du pays conservateur reste bien loin de l’image renvoyée par Dubaï, hub financier et touristique de la région.
C est quoi,ce pays,Arabie saoudite?? j ai jamais entendu parler de ça...a visiter. ni comme pays,ni comme histoire, ni comme peuple.
09 h 30, le 05 février 2023