
Le juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar. Photo Ani
Le juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la double explosion meurtrière au port de Beyrouth survenue le 4 août 2020, a rencontré mercredi une délégation judiciaire française venue au Liban pour enquêter sur la mort de deux citoyens français lors du drame, a déclaré une source judiciaire qui a requis l’anonymat à L'Orient Today.
L'enquête est suspendue depuis plus d'un an en raison des nombreux recours en invalidation contre le juge Bitar, présentés par des responsables politiques convoqués dans le cadre de l’enquête, dont les députés d'Amal Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaiter et l'ancien ministre des Travaux publics Youssef Fenianos, proche du parti Marada. Une enquête a également été ouverte en France, deux Français figurant parmi les plus de 200 morts et quelque 93 Français ayant été blessés, sur un total de 6.500 blessés.
Selon une source judiciaire interrogée par l'AFP, le juge Tarek Bitar a exposé mercredi aux deux magistrats français "les étapes déjà franchies par l'enquête libanaise et les obstacles auxquels il fait face depuis plus d'un an". Mais le juge Bitar "a refusé d'informer la délégation française des détails de l'enquête ou de lui fournir le moindre document, arguant du fait que son travail est suspendu", a-t-elle poursuivi.
Une source judiciaire a expliqué à L'Orient-Le Jour que, faisant l'objet d'un recours en dessaisissement, le juge d’instruction ne doit accepter de dévoiler "aucun document", sinon, son acte constituerait une infraction pénale, sur base de laquelle il serait récusé irrévocablement.
L'enquête du juge Bitar est bloquée depuis plus d'un an par une série de poursuites lancées contre lui et par une campagne dirigée par le Hezbollah, force politique dominante au Liban, qui accuse le magistrat de partialité. L'explosion, déclenchée dans un entrepôt abritant des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium stockées sans précaution, a été imputée par une grande partie de la population à la corruption et la négligence de la classe dirigeante.
Les autorités libanaises ont refusé une enquête internationale, réclamée notamment par les proches des victimes et des organisations de défense des droits humains. En septembre dernier, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait décidé de nommer un juge d'instruction suppléant dans cette affaire qui serait habilité à statuer sur certaines questions. Mais cette décision n'a pas été mise en œuvre, à la suite de l'opposition de familles de victimes et du président du CSM, le juge Souheil Abboud. En début de semaine, plusieurs proches de victimes ont été convoqués par la Sécurité de l’Etat, notamment après une manifestation, la semaine dernière devant le Palais de justice, qui a dégénéré en confrontation entre les familles des victimes et les forces de sécurité.
commentaires (5)
Qu’est ce qu’il ne faut pas comme ruses, agilité, intelligence et astuces pour ne pas tomber dans les pièges tendus par les fossoyeurs de notre pays. Attention ils ont des alliés là où ne peut même pas imaginer, toujours pour des considérations géopolitiques et économiques.
Sissi zayyat
14 h 26, le 19 janvier 2023