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Politique - Présidentielle

Geagea fait grimper les enchères

Le leader des FL s’engage à barrer la route, « 50 ans s’il le faut », à tout candidat proche du Hezbollah et écarte toute possibilité d’entente avec le CPL sur un candidat de compromis.

Geagea fait grimper les enchères

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea, lors d’un entretien télévisé, le 15 janvier 2023. Photo tirée de son compte Twitter

C’est une feuille de route qui donne un avant-goût de ce à quoi ressembleront les prochaines séances consacrées à l’élection d’un président de la République qu’a tracée, dimanche soir, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Dans un entretien sur la chaîne télévisée al-Jadeed, le leader chrétien s’en est pris à ses deux redoutables adversaires, le Hezbollah et le Courant patriotique libre, tirant à boulets rouges sur le parti chiite, avant de couper la route à toute entente sur un candidat de compromis avec le CPL.Si le chef des FL a réitéré certaines positions déjà connues au sujet de l’échéance présidentielle, il a toutefois tenu à définir cette fois-ci la ligne rouge de sa formation, en l’occurrence l’élection d’un président proche du Hezbollah. Une éventualité qu’il fera tout pour contrer, jure M. Geagea, mais sans aller jusqu’à contrecarrer le jeu démocratique si le candidat du Hezbollah – le chef des Marada Sleiman Frangié – obtient finalement les voix nécessaires. Il a ainsi précisé que son parti ferait obstruction, du moins « dans un premier temps », si un candidat du Hezbollah à la présidentielle obtenait 65 voix lors d’une session parlementaire électorale, mais si le succès de ce candidat à la magistrature suprême se confirme, les FL devront respecter la Constitution. Une position de principe qui n’est pas nouvelle, sauf que Samir Geagea s’est engagé, solennellement, à faire tout ce qui est en son possible pour barrer la voie à cette éventualité.

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« Ne pensez pas que nous élirons un président sous la contrainte, même si cela devait prendre cinquante ans », a tonné M. Geagea, à l’intention du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Des propos qui sonnent comme une réponse aux propos tenus par leader chiite dans son dernier discours : « Si quelqu’un attend les négociations entre l’Iran et les États-Unis (sur l’accord nucléaire), il risque d’attendre dix ans (avant que nous ayons un président). Ceux qui attendent une entente entre l’Arabie saoudite et l’Iran : vous allez attendre longtemps et il n’y aura pas de président au Liban. »

Le leader des FL a assorti ses propos de menaces à peine voilées, sans toutefois révéler ce qu’il en est réellement, pour entretenir l’ambiguïté. Laissant entendre que les FL ne laisseront pas pourrir la situation en se croisant les bras, le leader chrétien a affirmé que sa formation « refuse la mainmise du Hezbollah sur la légalité libanaise, sa façon de faire et son insistance à faire élire un président qui lui est proche. Si cela persiste, nous reconsidérerons notre action politique et nous ferons à ce moment-là ce qui nous conviendra », a-t-il dit. Interrogé sur le sens de ces propos, le porte-parole du parti, Charles Jabbour, a dit ne pas savoir exactement ce que le chef des FL a voulu dire ou s’il voulait en dire plus. « M. Geagea a lancé des pistes de réflexion sans pour autant dire quels sont les choix possibles envisagés. Le cœur du sujet est qu’il est impossible de continuer sur ce chemin alors que l’effondrement se poursuit », a indiqué M. Jabbour.

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Bien que les FL ne cessent de réitérer leur souhait de voir un président – mais pas n’importe lequel – élu le plus tôt possible pour redresser le pays et régulariser le fonctionnement des institutions, Samir Geagea a clairement exprimé sa volonté de bloquer toute tentative de parachutage d’un chef d’État du camp de la moumana’a. « Nous n’arriverons pas à l’élection du candidat auquel pense » le parti chiite, a-t-il tranché tout en soutenant, paradoxalement, que les FL n’accepteront aucunement que le scénario du blocage de la présidentielle durant deux ans en 2014 se réitère. « Cela signifie que cette fois-ci, il (le Hezbollah) ne pourra pas nous avoir à l’usure », décrypte M. Jabbour.

Contacté, un membre du bureau politique du parti chiite a refusé de commenter les propos du leader chrétien, une attitude devenue constante au sein du Hezbollah qui évite de s’inviter dans la polémique. « Le timing de cette escalade s’explique par le fait que M. Geagea cherche à faire monter les enchères avant les négociations, mais aussi pour devancer toute dynamique externe (en vue d’un règlement de la crise ) qui serait envisagée par les puissances arabes et régionales », commente pour L’OLJ Kassem Kassir, un expert des questions relevant du Hezbollah. Une réunion quadripartite devrait se tenir début février à Paris entre des représentants de la France, des États-Unis, du Qatar et de l’Arabie saoudite pour évoquer le dossier libanais.

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Concernant M. Frangié, M. Geagea a justifié le refus des FL d’avaliser sa candidature « parce qu’elles ont des responsabilités vis-à-vis des électeurs qui ont voté » pour les députés de la formation. « S’il n’y a pas de veto saoudien, qu’ils (le Hezbollah, NDLR) l’élisent président », a-t-il ironisé avant de préciser que Riyad ne soutient pas de candidat précis mais oppose toutefois un veto sur certaines personnes. Allusion claire à M. Frangié.

« Pas d’entente possible avec Gebran »

Le leader des FL a tenu des propos tout aussi durs à l’égard du CPL et de son chef. « Ce que Gebran Bassil souhaite n’est pas sérieux. Il veut se hisser à la présidence sinon y faire parvenir quelqu’un sur qui il aura un contrôle », a dit M. Geagea avant de couper court à toute possibilité de retrouver le camp aouniste à mi-chemin autour d’un candidat de compromis. « Il n’y aura pas de candidat commun avec Gebran Bassil. S’il avait un flair politique, il aurait soutenu Michel Moawad », le candidat que les FL, le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, les Kataëb et des députés indépendants soutiennent. Pour le CPL, les propos de M. Geagea démontrent clairement qu’il n’est aucunement à la recherche de solutions. « Au moment où le CPL et son chef œuvrent à établir un dialogue avec toutes les parties politiques à la recherche d’un compromis, M. Geagea est venu dire haut et fort qu’un entente est impossible sans même envisager que cela pourrait être une issue, commente Rindala Jabbour, ancienne responsable de communication au sein du parti orange. Par conséquent, il s’est clairement révélé comme étant le principal poseur d’obstacles à toute solution. » Une accusation que le camp aouniste justifie par le refus de Geagea d’accepter une rencontre chrétienne sous le parrainage de Bkerké ou même de rencontrer M. Bassil lorsque ce dernier a effectué, il y a quelques semaines, une tournée auprès des principaux leaders politiques pour tenter, comme il le proclame, d’ouvrir une brèche dans le mur.

C’est une feuille de route qui donne un avant-goût de ce à quoi ressembleront les prochaines séances consacrées à l’élection d’un président de la République qu’a tracée, dimanche soir, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Dans un entretien sur la chaîne télévisée al-Jadeed, le leader chrétien s’en est pris à ses deux redoutables adversaires, le Hezbollah et le...

commentaires (14)

Bien entendu le camp des traîtres anti-libanais alias le 8 mars n'arrivera jamais à obtenir 65 voix pour Frangié ou Bassil ou tout autre pantin et va continuer son obstruction, n'ayant d'autre solution. Et de toutes manières le vide institutionnel convient parfaitement à l'illégalité de la milice jaune. Surtout le vide présidentiel. Face à cela il n'y a qu'un seul plan B: mobiliser la rue pour demander une séance parlementaire continuellement ouverte, qu'on enferme les députés au parlement jusqu'à ce qu'ils élisent un président. Et si cela ne marche toujours pas, ce qui hélas est très probable, alors on les remplace, on organise des législatives anticipées avec déclaration obligatoire par chaque liste de son candidat à la présidence, et de la sorte on se débarrasse des votes blancs et des votes pour le "Liban nouveau" ou pour des inconnus même pas candidats, ce qui dans les trois cas revient au même. C'est la meilleure façon de casser la stratégie du vide du Hezbollah. C'est le seul plan B possible, c'est le seul plan de sauvetage pour le Liban. Les FL, seul parti de masse opposé au Hezbollah et seul parti de masse de tout le Moyen-Orient menant la lutte contre l'entité néo-safavide sont les seules en mesure de mobiliser la rue pour imposer ce plan B, et c'est certainement ce que suggère implicitement Samir Geagea. Espérons qu'il ne tarde pas trop.

Citoyen libanais

21 h 57, le 17 janvier 2023

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Commentaires (14)

  • Bien entendu le camp des traîtres anti-libanais alias le 8 mars n'arrivera jamais à obtenir 65 voix pour Frangié ou Bassil ou tout autre pantin et va continuer son obstruction, n'ayant d'autre solution. Et de toutes manières le vide institutionnel convient parfaitement à l'illégalité de la milice jaune. Surtout le vide présidentiel. Face à cela il n'y a qu'un seul plan B: mobiliser la rue pour demander une séance parlementaire continuellement ouverte, qu'on enferme les députés au parlement jusqu'à ce qu'ils élisent un président. Et si cela ne marche toujours pas, ce qui hélas est très probable, alors on les remplace, on organise des législatives anticipées avec déclaration obligatoire par chaque liste de son candidat à la présidence, et de la sorte on se débarrasse des votes blancs et des votes pour le "Liban nouveau" ou pour des inconnus même pas candidats, ce qui dans les trois cas revient au même. C'est la meilleure façon de casser la stratégie du vide du Hezbollah. C'est le seul plan B possible, c'est le seul plan de sauvetage pour le Liban. Les FL, seul parti de masse opposé au Hezbollah et seul parti de masse de tout le Moyen-Orient menant la lutte contre l'entité néo-safavide sont les seules en mesure de mobiliser la rue pour imposer ce plan B, et c'est certainement ce que suggère implicitement Samir Geagea. Espérons qu'il ne tarde pas trop.

    Citoyen libanais

    21 h 57, le 17 janvier 2023

  • Je ne suis aucunement fan de M. Geagea … mais l’ennemi de mon ennemi …

    Citoyen Lambda

    18 h 40, le 17 janvier 2023

  • Avec AOUN, président, et sans président, le pays va de plus en plus mal. Je suis d'accord avec GEAGEA sur le principe, pas de président imposé par les barbus, ainsi que pas de retour à un parti qui a échoué. Parfois, l'immobilisme est moins destructeur que l'arrogance ou l'inaction.

    Citoyen

    16 h 11, le 17 janvier 2023

  • En résumé: je déteste le CPL, mais je suis prêt à agir comme ils le font… allez comprendre…

    Gros Gnon

    14 h 30, le 17 janvier 2023

  • Est-ce vrai: "le refus de Geagea d’accepter une rencontre chrétienne sous le parrainage de Bkerké" ?

    Khoueiry Marc

    13 h 56, le 17 janvier 2023

  • Lâché par les intégristes barbus, Bassil essaie de renouer avec les FL sous l’égide de Raï… Franchement, ce monsieur mange à tous les râteliers. Tout comme son beau-père est passé du camp souverainiste anti-Hezbollah ( on se souvient des accusations de Aoun à l’encontre du Hezbollah accusant le HB d’avoir assassiné rafic hariri. Il avait donc changé de camp une fois au liban) . Eh bien Bassil va faire de même et il essaie de casser son isolement dont il est le seul responsable. Aujourd’hui, il faut qu’il assume ses attaques, agressions, critiques et blocages…La majeure partie des libanais le déteste. ( et à raison) il faudra qu’il se calme et prenne sa retraite en politique. Il n’a ni charisme, ni compétences,

    LE FRANCOPHONE

    13 h 47, le 17 janvier 2023

  • - DES MERCENAIRES LA FIN EST PROCHE. - COMME BIEN D,AUTRES ILS VONT FINIR. - QUI CONTRE LES LIBANAIS S,EMBAUCHE, - AU LIBAN IL N,A PAS D,AVENIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 14, le 17 janvier 2023

  • Le Hezbollah est le véritable responsable de la situation dramatique dans laquelle s'enfonce le Liban. Le CPL tout autant que la classe politique qui gouverne le pays sous son contrôle lui sert tout au plus de couverture médiatique et, au besoin, de repoussoir politique et économique. En contrepartie, le Hezbollah laisse à cette classe le loisir juteux de piller en toute quiétude les richesses du pays, de détruire l'administration et les institutions sociales et économiques nationales et enfin d'installer la pourriture au sein de la justice. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    TORBEY Abbas

    12 h 07, le 17 janvier 2023

  • - QUAND AU GENDRE DE SON BEAU-PERE, - QUI REVE DE TRONE PERDU, - IL DEVRAIT ATERRIR SUR TERRE, - LES MERCENAIRES L,ONT VENDU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 46, le 17 janvier 2023

  • - SCHZOPHRENIE, EGAREMENT, - ABSURDITE, DEMENCE ET HAINE, - DU MERCENAIRE AU PLUS PRUDENT - ONT TROUBLE LA BOITE CRANIENNE. = LE HAKIM RAGE CINQUANTE ANS. - LE BARBU QUI RAGEAITTROIS CENTS. - AVEC SA MAINMISE CRIANTE, - IL PROVOQUE TOUT PATRIOTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 31, le 17 janvier 2023

  • C’est exactement l’attitude exemplaire à adopté face à des traîtres alliés des fossoyeurs de notre pays. Le gendron vient demander à ce qu’on (se salit), s’allie à lui après qu’il a été humilié et jeté après usage par les traîtres de notre pays qu’il a servi sans état d’âme? Il n’est pas culotté le mec, il est super gonflé de croire à ses phantasmes, se prenant pour le plus futé. Il n’a pas compris que plus personne ne veut s’approcher de ce parti qui pue et qui portera à jamais les symboles de la trahison sur le front de chacun de ses cadres et adhérents. Ils ont déchiqueté le pays et ils viennent pleurer sur ses lambeaux. C’est d’un cynisme!

    Sissi zayyat

    11 h 28, le 17 janvier 2023

  • Avec GB il n'y a pas de possible dialogue. Le CPL s'effondre sous son joug et ce ne sont pas les FL, qui ont été, par trois fois, trahi par ces gens la, qui le sortiront de la mouise dans laquelle il s'est mit tout seul. De plus, si GB est en réalité en colère contre le Hezbollah qui n'a respecté ne serait ce qu'un seul article des accords de St Michel, comme le CPL avait pris a l’époque la décision stratégique de s'allier avec des traîtres, il peut tout autant prendre la décision inverse et enfin décider de se remettre sur les rails de la légalité et de l’état de droit. Mais ce n'est pas pour cela que le CPL a été conçu. Sa création a été pour tout simplement mettre les Chrétiens a genoux et les faire accepter de lâcher le pays comme cela était prévu dans le plan Kissinger qui 'a pas fini de nous pourrir la vie. Ils ont oublié la détermination et l'amour de notre [peuple a notre pays protégé par le divin. Ils se casseront les dents tant qu;il existe un membre des FL, Kataeb ou PNL vivant encore sur cette terre. La guerre qu'il ont provoque en 1975 ne s'est malheureusement pas éteinte car toute les solutions apportées ne correspondait pas a la réalité du pays et aux désirs de ces fils. Ici je me dois de préciser que Samir Geagea, ou tout autre Geagea avant ou apres, n'est pas le leader Maronites des FL mais le leader des FL tout court qui, elles, a en son sein des Libanais de toutes confessions et de toutes les régions du pays. Ceci explique la guerre acharnée contre elles.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 02, le 17 janvier 2023

  • La fois précédente, après deux ans et demi, Geagea avait fini par se dire que, finalement, il valait mieux Aoun que pas de président du tout. Il a maintenant compris son erreur: mieux vaut pas de président qu'un président pro-Hezbollah.

    Yves Prevost

    08 h 22, le 17 janvier 2023

  • Il est temps que quelqu’un dise au Hezbollah : M.r.e !

    LeRougeEtLeNoir

    02 h 42, le 17 janvier 2023

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