En ce lundi pluvieux, le Liban et le monde entier ont appris le décès de l'actrice italienne Gina Lollobrigida, à l'âge de 95 ans. En mémoire de cette diva du grand écran, nous ressortons de nos archives cet article publié en 1998, qui raconte comment l'admiration du ministre syrien de la Défense, le général Moustapha Tlass, pour l'actrice avait évité à l’armée italienne de subir des attaques au Liban en 1983.
« Au cours de l’invasion israélienne du Liban, et après l’entrée de la Force multinationale, j’ai réuni les chefs de la résistance libanaise et je leur ai dit : faites ce que vous voulez des forces américaines, britanniques et des autres, mais je ne veux pas qu’un seul soldat italien soit blessé », a déclaré le général Tlass dans une interview publiée par le quotidien émirati al-Bayan.
Le chef druze et actuel ministre libanais des personnes déplacées « Walid Joumblatt m’a demandé pourquoi les Italiens en particulier. J’ai répondu : parce que pas une larme ne doit couler des yeux de Gina Lollobrigida », a ajouté le général Tlass, interrogé par le quotidien. « J’ai eu de la chance, la résistance libanaise a obéi à mes ordres. Le peuple libanais a donné le meilleur accueil aux Italiens et pas un seul d’entre eux n’a été blessé », a poursuivi le ministre. « J’admire Gina Lollobrigida, j’aime qu’une femme soit belle, je me suis épris d’elle dès ma jeunesse (...). Je lui envoyais des lettres du front et de partout ailleurs », a-t-il dit, précisant que l’actrice n’avait donné suite à sa correspondance que lorsqu’il était devenu chef d’état-major, en 1968.
Al-Bayan a publié une photo du général Tlass en compagnie de Mme Lollobrigida lors d’une réception au domicile du ministre en 1984 à Damas. L’actrice avait alors 57 ans.
« Tout le monde a été surpris lorsqu’elle est venue, même mon épouse Oum Firas. Elle s’est comportée comme si elle faisait partie de la famille, servant les invités, comme si elle était chez elle », selon le ministre qui précise avoir offert à Mme Lollobrigida un vieux sabre damascène comme souvenir.
A Rome entre-temps, l’actrice italienne a exprimé sa joie d’apprendre que le ministre syrien de la Défense avait évité à l’armée italienne de subir des attaques au Liban en raison de son admiration pour elle. «Si tous mes admirateurs étaient comme le ministre syrien et réussissaient vraiment à arrêter le terrorisme, je me mettrais tout de suite à faire le tour du monde », a déclaré à la presse Gina Lollobrigida confirmant que le général Tlass était « réellement un de ses grands admirateurs depuis de nombreuses années ».
« Je l’ai rencontré, si mes souvenirs sont exacts, en 1980 », a confié la célèbre interprète d’Esmeralda dans « Notre-Dame de Paris ». « C’est une personne très cultivée et gentille. Il m’a toujours envoyé des lettres et des cadeaux de valeur comme des bijoux ou des objets antiques », a-t-elle ajouté expliquant avoir été agréablement surprise en le voyant pour la première fois. « C’est un bel homme, élégant », a-t-elle dit. « J’ai été le voir un jour par surprise il y a plusieurs années. En me reconnaissant, il s’est presque évanoui. Depuis, je ne l’ai plus revu, mais lui a continué à me donner de ses nouvelles », a-t-elle poursuivi avant d’ajouter : « Avec les Arabes j’ai toujours eu du succès. Ils disent que je possède toutes les qualités et qu’avec moi on pourrait même se passer de harem ».
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Honte a Lorient le jour pour cet article qui fait l'éloge du tortionnaire Mustafa Tlass et de son admiration pour Gina Lollobrigida, lui qui a commis des genocides au Liban et qui est responsable de la disparition, de la torture et de mort de milliers de Libanais.
Lili Matta
17 h 42, le 17 janvier 2023