Des enquêteurs européens ont commencé lundi à auditionner des témoins au Liban dans le cadre d'investigations liées au gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.
M. Salamé, 72 ans, est la cible d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban qu'à l'étranger, liées à des soupçons de blanchiment d'argent et d'"enrichissement illicite". Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) nie catégoriquement ces accusations mais refuse de se présenter devant la justice. Fin mars, la France, l'Allemagne et le Luxembourg avaient annoncé geler 120 millions d'euros d'avoirs libanais à la suite d'une enquête pour blanchiment d'argent qui visait cinq personnes, dont M. Salamé.
Des enquêteurs des trois pays avaient convoqué lundi comme témoins au Palais de justice de Beyrouth deux anciens membres de la BDL, a ajouté ce responsable qui a requis l'anonymat. Il s'agit d'un ancien vice-gouverneur de la BDL, Saad al-Andari, et d'un ancien membre de la commission de contrôle des banques au sein de la BDL, Khalil Assaf, a-t-il précisé. L'Orient-Le Jour a toutefois appris d'une source proche de M. Assaf que ce dernier ne pourra pas comparaitre devant les enquêteurs pour des raisons de santé. L'ancien responsable auprès de la BDL a remis un certificat médical pour s'excuser de son absence. Le certificat médical a été accepté et l'audience a été reportée à une date ultérieure. Ce sera alors aux magistrats libanais d'auditionner le témoin en l'absence des enquêteurs européens qui auront d'ici là quitté le pays. La décision a été prise après concertation entre les parties libanaise et étrangère.
Les enquêteurs doivent auditionner mardi d'autres responsables du secteur bancaire, mais le gouverneur de la BDL ne figure pas sur la liste des personnes convoquées, selon le même responsable.
La semaine dernière, les enquêteurs allemands s'étaient déjà réunis avec un juge libanais, mais s'étaient heurtés à des obstacles de la part du magistrat avant que l'affaire soit réglée.
En 2021, le Liban avait ouvert une enquête concernant le patrimoine de Riad Salamé après une demande d'aide du procureur général en Suisse dans le cadre d'investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère Raja Salamé. En France, une femme proche du gouverneur de la BDL, Anna K., une Ukrainienne âgée de 46 ans, avait été mise en examen en juin dans l'enquête menée à Paris sur le patrimoine potentiellement frauduleux acquis par celui-ci dans l'Hexagone.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, Riad Salamé, comme une grande partie de la classe politique, est accusé par de nombreux Libanais de corruption et d'être un des principaux responsables de la grave crise économique et financière que connaît le pays.
commentaires (10)
Sa gestion catastrophique du secteur bancaire a ruiné la réputation financière du Liban. Par sa politique des circulaires, toutes plus illégales les unes que les autres, il a plumé les déposants honnêtes et les a mis sur la paille. Il a institué pas moins de 6 cours de change différents du dollar contre la livre libanaise et permis à son entourage de s'enrichir en jonglant entre ces différents taux. Et il continue de sévir en pondant toutes les 2 semaines une circulaire plus abracadabrante que la précédente. Le tout avec le silence complice de tous les partis politiques qui ont été les seuls à bénéficier de ses acrobaties financières!
Georges Airut
02 h 37, le 17 janvier 2023