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Société - Explosions du 4 août

"Nous ne resterons pas les bras croisés" : sit-in de solidarité avec William Noun à Ramlet el-Baïda

La sœur de W. Noun affirme que les familles des victimes sont "prêtes à fermer les routes dans toutes les régions" s'il n'est pas libéré samedi.

Des proches de victimes de la double explosion du 4 août 2020 manifestant à Beyrouth, le 14 janvier 2023. Photo Joao Sousa

Des dizaines de personnes se sont rassemblées, samedi matin, devant la caserne de la Sécurité de l'Etat dans le quartier de Ramlet el-Baïda, en signe de solidarité avec William Noun, frère d'un pompier tué dans la double explosion du 4 août 2020, arrêté vendredi après-midi par la Sécurité de l'Etat. M. Noun a finalement été libéré en milieu d'après-midi, samedi.

M. Noun était détenu pour deux affaires distinctes, l'une liée à une manifestation violente mardi devant le Palais de Justice de Beyrouth et une autre, pour laquelle il a été convoqué par la Sécurité de l'Etat, l'autre à des menaces proférées contre le pouvoir judiciaire lors d'une émission de télévision jeudi soir. 

Plusieurs députés ont rejoint la mobilisation, notamment Najat Saliba, Mark Daou et Waddah Sadek, issus de la contestation populaire, ainsi que Michel Moawad, candidat officiel à la présidentielle. 

Devant la caserne, des membres des familles de victimes et des manifestants étaient réunis dès les premières heures de samedi, portraits de leurs proches à la main, au lendemain d'un sit-in ayant rassemblé plusieurs centaines de personnes. L'ambiance était calme parmi les manifestants dans la matinée. En début de l'après-midi, les manifestants avaient bloqué la route devant la caserne, empêchant les automobilistes de passer, en signe d'escalade de leur mouvement de contestation.

Plus tard, certains d'entre eux ont scandé le célèbre slogan "héla ho" du mouvement de contestation, ciblant le juge Zaher Hamadé et le procureur général près la cour de cassation Ghassan Oueidate. Ils ont également crié "William, nous sommes avec toi jusqu'à la mort !"

Une proche d'une victime de la double explosion du 4 août manifestant manifestant à Beyrouth, le 14 janvier 2023. Photo Joao Sousa

Présente devant la caserne, Nancy Noun, la sœur de William, a expliqué à notre journaliste sur place Lyana Alameddine que son frère s'était rendu de son plein gré vendredi après-midi à la Sécurité de l'Etat "pour signer un procès-verbal", mais qu'il est ensuite resté en détention. Les forces de sécurité ont alors envoyé "une patrouille de neuf agents pour perquisitionner la maison", a-t-elle ajouté. "Sans aucune gêne, ils ont même fouillé dans les affaires de Joe", le frère décédé le 4 août, a dénoncé Nancy Noun.

"Il n'y avait rien dans la maison et ils auraient donc dû le libérer, mais ils ne l'ont pas fait, ils ont ouvert dossier après dossier" lors de l'interrogatoire : "pourquoi a-t-il brisé des vitres du Palais de Justice ? Pourquoi a-t-il demandé au juge d'+Aller voir ailleurs si on y est+ ?". "Au lieu d'aller perquisitionner les maisons des personnes recherchées dans l'enquête sur l'explosion... c'est ça notre Etat !", avait-elle lancé, appelant à une mobilisation massive dans la rue. Si William Noun n'est pas libéré samedi, avait-elle averti, "nous ne resterons pas les bras croisés". Les familles des victimes sont "prêtes à fermer les routes dans toutes les régions", avait-elle ajouté.

De son côté, la mère de William Noun avait déclaré, en larmes : "Si nous restons forts, c'est grâce à la présence des gens à nos côtés". 

"Abus de pouvoir"
Jana Massoud, étudiante de 24 ans à l'Université Saint Joseph, a déclaré en pas être là "juste pour William Noun". "Je suis ici pour dénoncer un abus de pouvoir. Lorsqu'ils ont arrêté William, ils ont montré qu'ils ont peur que le peuple s'unisse", a-t-elle affirmé. "Parmi les personnes inculpées dans l'enquête du juge Tarek Bitar, certaines occupent encore des postes de responsabilité, ce n'est pas normal", a-t-elle ajouté.

Présent sur les lieux depuis la veille, le député de la contestation et ancien bâtonnier de l'ordre des avocats, Melhem Khalaf, avait estimé que "cette situation établit un précédent négatif pour la justice". "La justice n'est plus considérée comme une référence, nous sommes face à une situation déplorable. Au lieu de pouvoir raisonner, la justice est dans une situation de plus en plus tendue", avait-il souligné.

Tony Saliba, le directeur général de la Sécurité de l’État, un proche de Michel Aoun, est soupçonné de manquements aux devoirs de sa fonction, et poursuivi dans le cadre de l’enquête sur le 4 août 2020. Il a été reconduit dans ses fonctions en mars dernier.

Le député Melhem Khalaf s'exprimant devant la presse lors d'un sit-in à Ramlet el-Baïda, le 14 janvier 2023. Photo Joao Sousa

La veille, en plus du sit-in à Beyrouth, des manifestants avaient bloqué l'autoroute à Jbeil, au nord de Beyrouth, région dont est originaire William Noun et plusieurs des pompiers tués. Lors de cette mobilisation, plusieurs personnes ont été blessées lors d'échauffourées entre des protestataires et l'armée, avait rapporté l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). 

L'explosion qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés, et dévasté des quartiers entiers de la capitale a été déclenchée dans un entrepôt abritant des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium stockées sans précaution, et a été imputée par une grande partie de la population à la corruption et la négligence de la classe dirigeante. Le juge d'instruction Tarek Bitar avait tenté d'engager des poursuites contre un ex-Premier ministre et quatre anciens ministres mais a été contraint de suspendre l'enquête en raison de pressions politiques.

Les autorités libanaises ont refusé une enquête internationale, réclamée notamment par les proches des victimes et des organisations de défense des droits de l'homme.


Des dizaines de personnes se sont rassemblées, samedi matin, devant la caserne de la Sécurité de l'Etat dans le quartier de Ramlet el-Baïda, en signe de solidarité avec William Noun, frère d'un pompier tué dans la double explosion du 4 août 2020, arrêté vendredi après-midi par la Sécurité de l'Etat. M. Noun a finalement été libéré en milieu d'après-midi, samedi. M. Noun était...

commentaires (5)

Nous sommes malheureusement face à des individus qui en ayant kidnappé un état, font fi de toutes injonctions Internationales pour juger les responsables de l'explosion du port. Il ne reste plus, maintenant, qu'à imaginer l'alternative d'un mouvement collectif de contestation pouvant aller jusqu'à l'insurrection . L'on voit que tous les chefs de partis tentent de minimiser la responsabilité de leurs sympathisants, pourtant impliqués dans ce drame tout en réussissant la gageure de bloquer l'avancée de l'enquête,.

C…

18 h 29, le 14 janvier 2023

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Commentaires (5)

  • Nous sommes malheureusement face à des individus qui en ayant kidnappé un état, font fi de toutes injonctions Internationales pour juger les responsables de l'explosion du port. Il ne reste plus, maintenant, qu'à imaginer l'alternative d'un mouvement collectif de contestation pouvant aller jusqu'à l'insurrection . L'on voit que tous les chefs de partis tentent de minimiser la responsabilité de leurs sympathisants, pourtant impliqués dans ce drame tout en réussissant la gageure de bloquer l'avancée de l'enquête,.

    C…

    18 h 29, le 14 janvier 2023

  • Marche arriere interdite !

    Remy Martin

    14 h 48, le 14 janvier 2023

  • Ceci est une épreuve test pour ceux qui y croient encore. A mon humble avis, la dernière, la plus importante par tout ce qu'elle symbolise. Surtout, ne pas se tromper en la sous estimant. Elle sera observée de très près. Ne rien faire signera la fin du peu qui reste qui nous rattache encore à ce pauvre pays. Après, il ne faudra pas se plaindre, ou jouer les pleureuses. Aurons nous, par exemple, le courage de la société civile iranienne ? C'est maintenant !

    I A

    14 h 08, le 14 janvier 2023

  • Le monde est à l’envers très tristement !!

    Wow

    13 h 57, le 14 janvier 2023

  • Ca suffit ! Il ne faut plus permettre a la canaille mafieuse d'agir aussi effrontement.

    Michel Trad

    12 h 33, le 14 janvier 2023

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