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Politique - Disparition

Hussein Husseini, faiseur d’Amal... et de Taëf

Figure quelque peu atypique, l'ancien président de la Chambre opérait en sa personne une synthèse entre l’appartenance à une importante famille du terroir et la promotion de la cause des « déshérités ». 

Hussein Husseini, faiseur d’Amal... et de Taëf

Hussein Husseini présidant une séance de la Chambre en 1991. ©Archives L’OLJ

Décédé mercredi à l’âge de 85 ans, Hussein Husseini, ancien président de la Chambre des députés, a fortement marqué la vie politique libanaise durant une période allant des années soixante-dix aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier. Cofondateur, aux côtés de l’imam Moussa Sadr, chef de la communauté chiite disparu en 1978 en Libye, du « Mouvement des déshérités », connu par la suite sous le nom de « Mouvement Amal », il était originaire de Chmistar, une grosse bourgade chiite de la région de Baalbeck, située sur le versant oriental et aride du Mont-Liban. Figure quelque peu atypique, il opérait en sa personne une synthèse entre l’appartenance à une importante famille du terroir et la promotion de la cause des « déshérités », dont Amal se voulait l’expression. Cela lui permettra d’échapper à la révolution sociale qui secoue la communauté chiite dans les années quatre-vingt et qui va entraîner la fin de la domination de l’ancienne classe féodale.

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D’abord président du conseil municipal de Chmistar, il prend dès 1972 le chemin de la Chambre et devient très vite un ténor de la vie parlementaire. En 1978, il est nommé secrétaire général du mouvement Amal, mais il lutte contre le glissement de cette formation dans la guerre civile. Sentant ce combat voué à l’échec, il donne sa démission en juin 1980, ce qui pave la voie à l’arrivée de son rival, Nabih Berry, à la tête de cette formation. Quatre ans plus tard, Hussein Husseini est choisi pour succéder à Kamel el-Assaad à la présidence du Parlement. Ce dernier incarne l’ordre ancien rejeté par la nouvelle élite politique chiite qui cherche à émanciper la communauté. Kamel el-Assaad est surtout combattu par la Syrie qui, à partir de 1984, revient en force sur la scène libanaise après une éclipse de deux ans, consécutive à l’invasion israélienne du Liban.

Pragmatique, le président de la République, Amine Gemayel, qui dispose d’un important bloc de députés qui lui sont fidèles à la Chambre, décidera d’abandonner Kamel el-Assaad en faveur de Hussein Husseini, personnalité à la fois modérée et jugée acceptable par la Syrie. C’est à ce double titre que ce dernier jouera un rôle primordial dans la conclusion de l’accord de Taëf, mettant officiellement fin à la guerre civile, en 1989. Aux côtés du patriarche maronite Nasrallah Sfeir, il est considéré comme le parrain de cet accord, avec en arrière-plan le milliardaire sunnite Rafic Hariri, futur Premier ministre. Il consigne lui-même les minutes des négociations qui mèneront à ce qu’on appellera le « Document d’entente nationale », qu’il veillera jalousement à garder secrètes.

Husseini restera au perchoir jusqu’aux législatives de 1992. Cette année-là, il est plus ou moins lâché par les Syriens qui lui préfèrent Nabih Berry. Ce dernier lui succède à la présidence du Parlement, mais Husseini continuera à se faire élire député dans sa circonscription de Baalbeck aux côtés de candidats d’Amal et du Hezbollah. Pendant plus de dix ans, il incarnera, avec d’autres voix fortes de la Chambre, une opposition mesurée aux politiques haririennes, mais il ne parviendra jamais à se prononcer clairement sur les grands enjeux nationaux qui dominent à partir des années 2000 : la lutte contre la tutelle syrienne, le statut du Hezbollah, etc… En 2008, ce défenseur acharné de la démocratie parlementaire démissionne de son mandat de député pour protester contre les procédés qui bafouent la Constitution. 

Décédé mercredi à l’âge de 85 ans, Hussein Husseini, ancien président de la Chambre des députés, a fortement marqué la vie politique libanaise durant une période allant des années soixante-dix aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier. Cofondateur, aux côtés de l’imam Moussa Sadr, chef de la communauté chiite disparu en 1978 en Libye, du « Mouvement des déshérités »,...

commentaires (6)

Le but de la tenue de procès verbaux pendant les négociations de taëf était pour les utiliser si quelqu'un oserait prétendre que la Constitution ne correspondait pas à ce qui a été discuté. Or, rien de cela n'a eu lieu et il était normal pour l'unité nationale de laisser les minutes des réunions à à l'abri. Un grand homme!

Céleste

00 h 23, le 12 janvier 2023

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Commentaires (6)

  • Le but de la tenue de procès verbaux pendant les négociations de taëf était pour les utiliser si quelqu'un oserait prétendre que la Constitution ne correspondait pas à ce qui a été discuté. Or, rien de cela n'a eu lieu et il était normal pour l'unité nationale de laisser les minutes des réunions à à l'abri. Un grand homme!

    Céleste

    00 h 23, le 12 janvier 2023

  • Hommage pour un poltron qui n’a pas eu le courage (de sortir ses notes de Taef gardées secrètes) pour faire appliquer l’accord de manière juste et pérenne

    Sam

    18 h 01, le 11 janvier 2023

  • L'histoire récente du pays est pavé de tout types de cailloux alors qu'il nous faut un rocher solide.

    Wlek Sanferlou

    16 h 35, le 11 janvier 2023

  • Raymond Eddé l'appréciait et l'estimait grandement, parce qu'il avait annulé le sinistre accord du Caire durant le mandat du Président Amine Gemayel. Un grand législateur et constitutionaliste hors pair, paix à son âme.

    Céleste

    16 h 28, le 11 janvier 2023

  • Son prédécesseur Kamel el-Assaad était un vrai patriote mais Husseini est vite tombé sous la botte des occupants Syriens de l'époque.

    Tony BASSILA

    15 h 25, le 11 janvier 2023

  • Un de moins ... vive la République, vive le Liban

    Marc C

    14 h 14, le 11 janvier 2023

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