L’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, dont le mandat se termine en principe en juin prochain, est pressentie pour un poste extrêmement honorifique aux Nations unies. Son nom a été proposé par la Maison Blanche pour la fonction de représentante adjointe des États-Unis à l’ONU et au Conseil de sécurité, avec rang et statut d’ambassadeur extraordinaire plénipotentiaire. Sa nomination n’est toutefois pas encore confirmée et doit passer par une longue procédure. Une source diplomatique à Washington explique que Mme Shea devra se rendre bientôt à Washington pour être entendue par la commission des Affaires étrangères du Sénat, avant que le Congrès ne vote en faveur de sa nomination. « Nous sommes encore au tout début du processus. Et il est bien possible que son nom ne soit pas retenu », dit la source. En attendant la décision finale, la diplomate restera à Beyrouth pour terminer son mandat. « Mme Shea continuera de s’acquitter de sa tâche comme elle l’a toujours fait. It is ‘business as usual’ », commente la source diplomatique à Washington. Si elle est confirmée à son nouveau poste un peu avant l’expiration de son mandat, elle pourrait éventuellement raccourcir de quelques semaines son séjour libanais, à condition que son successeur soit entre-temps nommé, croit savoir un responsable politique proche des milieux américains.
Plusieurs étapes
Dans un communiqué publié vendredi, la porte-parole de l'ambassade des États-Unis au Liban, Julia Groeblacher, a souligné que la nomination de Mme Shea "n'est que la première étape d'un processus en plusieurs étapes pour un poste qui nécessite l'avis et le consentement du Sénat des États-Unis". "En attendant, l'ambassadrice Shea est toujours ici à Beyrouth en tant qu'ambassadrice des États-Unis au Liban", a-t-elle ajouté.
Pour de nombreux analystes, la proposition de sa candidature au double poste onusien est sans aucun doute une promotion obtenue après avoir démontré une capacité à gérer un dossier aussi complexe que le dossier libanais. « C’est un peu le cas de nombreux diplomates américains au Liban, un pays considéré difficile et point de passage obligé pour une avancée de carrière ultérieure », estime la source diplomatique à Washington. Celle-ci cite au passage des promotions similaires obtenues par d’anciens diplomates tels que Jeffrey Feltman, qui a également fait un passage remarqué aux Nations unies, ou Elizabeth Richard, récemment désignée par l’Administration de Joe Biden pour le poste de coordinatrice en matière de contre-terrorisme, ou encore David Hale, devenu en 2018 secrétaire d’État adjoint pour les Affaires politiques.
La possible promotion de Dorothy Shea survient après la signature de l’accord maritime entre le Liban et Israël – une réalisation titanesque au regard de l’hostilité entre les deux pays – sous le parrainage de Washington. « Il ne faut pas oublier que l’envoyé spécial américain pour négocier ce dossier ne se déplaçait dans la région que de temps à autre. En son absence, c’est Dorothy Shea qui gérait toute la logistique », indique à L’Orient-Le Jour une source proche du dossier.
La diplomate US s’est en outre distinguée par ses attaques frontales contre le Hezbollah à qui elle faisait assumer la situation délétère dans laquelle se trouve le pays, lui reprochant entre autre de déstabiliser le Liban. Des accusations que le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah lui rendait bien en les reprenant à son propre compte et accusant les États-Unis du « démantèlement de l’État libanais et de la société libanaise ».
L’annonce de son prochain départ peut-il accélérer l’échéance présidentielle ? L’ancien secrétaire d’État adjoint américain, David Schenker, avait affirmé il y a quelques jours dans un entretien avec Asas média qu’il s’attendait à ce que le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, soit élu président « dans les trois ou quatre prochains mois ».
Il faut espérer que la diplomate visera, avant de partir, de rajouter dans sa vitrine de trophées l'élection d'un président.
11 h 32, le 08 janvier 2023