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Économie - Crise au Liban

Les prix des carburants en forte baisse au Liban, des stations ferment, retour des files d'attente...

Les acteurs de la filiale mettent en garde contre « une crise non souhaitée à la veille du Nouvel An ».

Les prix des carburants en forte baisse au Liban, des stations ferment, retour des files d'attente...

Une file d'automobiliste devant une station essence au Liban-sud, le 28 décembre 2022. Photo envoyée par notre correspondant Mountasser Abdallah

Une nouvelle crise de l’essence se profile-t-elle à l’horizon des montagnes russes du taux de change de la livre libanaise face au dollar de ces deux derniers jours ? Les péripéties de mercredi ont vite ravivé les mauvais souvenirs de l’été 2021 que les Libanais espéraient révolus.

En début de journée, le ministère de l’Énergie et de l’Eau publiait sa nouvelle tarification basée sur le taux de change de Sayrafa de 38 000 livres libanaises pour un dollar, fixé mardi par la Banque du Liban, tandis que le taux de change sur le marché parallèle dépassait les 44 000 livres pour un dollar. Selon le nouveau barème du ministère publié mercredi, tous les carburants ont connu une baisse de près de 18 % de leurs prix à la pompe, entraînant la ruée des automobilistes aux stations-service pour faire le plein. Les nouveaux prix sont les suivants :

– 20 litres d’essence à 95 octane : 629 000 livres libanaises (-137 000 LL)

– 20 litres d’essence à 98 octane : 646 000 LL (-141 000 LL)

– 20 litres de diesel (pour les véhicules) : 700 000 LL (-152 000 LL)

– Bonbonne de gaz domestique : 413 000 LL (-90 000 LL)

– Kilolitre de mazout (utilisé pour approvisionner les générateurs électriques privés) : 834,53 dollars (inchangé).

Une tarification qui a provoqué la grogne des propriétaires des stations, dont certaines ont rapidement fermé leurs portes, alors que d’autres, à l’instar de celles de TotalEnergies, ont limité à 600 000 livres les quantités vendues par client.

Une « crise » à la veille du Nouvel An ?

Réagissant au nouveau barème, le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-service Georges Brax a fustigé le fait que les nouveaux prix aient été calculés au taux de Sayrafa, conformément à une décision de la BDL publiée en début de semaine, alors que les propriétaires de stations-service affirment ne pas avoir pu se procurer des dollars à ce taux auprès des banques, devant plutôt les acheter au taux du marché parallèle, bien plus élevé.

Mardi, la BDL publiait en effet deux communiqués pour annoncer l’introduction de deux mesures exceptionnelles concernant sa propre plateforme de change, Sayrafa, dont le taux est inférieur de plusieurs milliers de livres à celui du marché libre. La première mesure a été de majorer brutalement le taux de Sayrafa, habituellement modifié tous les jours ouvrés en début de soirée. Fixé à 31 200 livres pour un dollar vendredi soir, il a été rehaussé à 38 000 livres mardi matin. La seconde a été de lever toutes les limites d’achat et de vente pour « les particuliers et les sociétés » dans les banques, et ce jusqu’au 31 janvier 2023. Or, selon les témoignages recueillis mercredi, les acteurs de la filière des carburants n’ont pas pu bénéficier de ce mécanisme.

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Une situation qui a ainsi engendré « des pertes de plus de 80 000 livres aux stations pour chaque 20 litres vendus », selon Georges Brax. Ce dernier a donc appelé le gouverneur de la banque centrale et l’Association des banques du Liban à faciliter l’achat de dollars au taux de Sayrafa aux propriétaires de stations-service, « faute de quoi les prix devront à nouveau être calculés au taux du marché parallèle ». « Nous nous dirigeons inéluctablement vers une crise non souhaitée à la veille du Nouvel An », a-t-il mis en garde.

En début de soirée, l’Association des sociétés importatrices d’hydrocarbures au Liban (APIC) a elle aussi publié un communiqué dans lequel elle indiquait que ses membres n’ont pas été en mesure d’acheter des dollars au taux de Sayrafa comme indiqué par la BDL, les banques « ajournant cette question après le Nouvel An ». Dans ce cadre, l’APIC a appelé tous les acteurs concernés à « intervenir immédiatement » et « à coordonner avec les banques » pour assurer la vente de devises au taux de 38 000 livres pour un dollar, conformément aux directives émises mardi par la BDL. Cela permettra aux stations « de répondre aux besoins des citoyens » et « d’éviter une crise pendant les fêtes de fin d’année », conclut le communiqué, joignant sa voix à celle des propriétaires de stations-service.

Des files d’automobilistes

De son côté, le ministère de l’Énergie et de l’Eau s’est en revanche félicité de cette baisse des prix dans un communiqué, affirmant qu’elle permettra « à toute la population libanaise de faire des économies ». Le ministère a ensuite souligné que ce mécanisme ne « réussira que si la BDL et les banques privées s’engagent à assurer les dollars aux sociétés et aux personnes privées », ajoutant « ne pas être responsable de fixer le taux de change adopté », mais que c’est la BDL qui en a la charge. En parallèle, Georges Brax, contacté par L’Orient-Le Jour, précise que le ministre de l’Énergie pourrait revenir à une structure de prix basée sur le taux de change du marché parallèle si la BDL précise que sa décision concernant la levée des limites des opérations de conversion de livres en dollars au taux de Sayrafa, publiée mardi, exclut les acteurs de la filière de carburant.

Sur le terrain, les répercussions de cette décision se sont vite fait ressentir : au Liban-Sud, particulièrement dans les villes de Nabatiyé, Marjeyoun et Saïda, la majorité des stations-service ont fermé leurs portes mercredi à la suite de la forte baisse des prix, a rapporté notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. Mais des scènes similaires ont également été signalées partout dans le pays, selon plusieurs témoignages.

Selon l’APIC, certaines « stations ont vendu dans la journée (de mercredi) les quantités dont elles disposaient, alors que beaucoup d’entre elles ont fermé soit par manque de carburant soit par peur de ne pas pouvoir obtenir des devises au prix de 38 000 livres pour un dollar ». Le cas échéant, les acteurs pourraient faire face à d’importantes pertes financières alors que la monnaie nationale continue de fluctuer sur le marché parallèle, malgré une hausse en flèche du taux Sayrafa et de la levée des restrictions qui étaient imposées.

La livre libanaise a en effet connu une nouvelle phase de fortes fluctuations lors du premier jour ouvré suivant le long week-end de Noël, chômé pour les employés de banque comme ceux de la BDL, mais pas par les agents de change qui ont été nombreux à ouvrir lundi. Alors qu’il enchaînait les records de hausse depuis une dizaine de jours, passant successivement de 44 000 à 47 000 livres sur cette période, le dollar a finalement commencé à reculer pour flotter autour de 44 000 livres pour un dollar mercredi.

Une nouvelle crise de l’essence se profile-t-elle à l’horizon des montagnes russes du taux de change de la livre libanaise face au dollar de ces deux derniers jours ? Les péripéties de mercredi ont vite ravivé les mauvais souvenirs de l’été 2021 que les Libanais espéraient révolus. En début de journée, le ministère de l’Énergie et de l’Eau publiait sa nouvelle tarification...

commentaires (5)

"Selon M. Brax, cela a causé "des pertes de plus de 800.000 LL par bidon d'essence aux stations"" Oh la la! Quel génie que ce M. Brax ! Serait-il en train de distribuer l'essence gratuitement, par hasard??

Georges MELKI

10 h 00, le 29 décembre 2022

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Commentaires (5)

  • "Selon M. Brax, cela a causé "des pertes de plus de 800.000 LL par bidon d'essence aux stations"" Oh la la! Quel génie que ce M. Brax ! Serait-il en train de distribuer l'essence gratuitement, par hasard??

    Georges MELKI

    10 h 00, le 29 décembre 2022

  • Je peux comprendre que M. Brax ne sache pas calculer. Mais j’ai du mal à accepter que votre (notre) journal publie ça sans tiquer…

    Gros Gnon

    23 h 09, le 28 décembre 2022

  • Riad s'amuse a foutre le bordel la veille de l'arrivee de l'equipe d'enqueteurs Europeens.

    Michel Trad

    18 h 58, le 28 décembre 2022

  • Alors là, ce Mr Brax avec tout le respect qu’on lui doit, pourrait aider à résoudre le problème de la Quadrature du Cercle… Comment peut il avoir perdu plus de 800 000 LL par bidon si l’on a eu une baisse de 137 000 LL pour passer à 629 000 LL ?

    C…

    18 h 15, le 28 décembre 2022

  • que le soi disant Ministère hausse le ton et exige ce prix ! Il peut fermer la gueule des stations-services!

    Marie Claude

    16 h 07, le 28 décembre 2022

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