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Sport - Mondial

Les Bleus au sixième ciel

Face à une magnifique équipe marocaine, les Bleus s’en sont encore sortis (2-0) grâce à un but d’Hernandez et un autre de Kolo Muani. Dimanche, contre l’Argentine, ils auront l’occasion de défendre leur titre et d’écrire l’histoire en accédant à leur quatrième finale sur les sept dernières éditions.

Les Bleus au sixième ciel

Théo Hernandez célébrant son but avec le reste de ses coéquipiers lors de la victoire de la France (2-0) face au Maroc en demi-finale, mercredi, sur la pelouse du stade al-Bayt à al-Khor, au nord de Doha. Adrian Dennis/AFP

Il faut se rendre à l’évidence, cela fait belle lurette, au moins quatre ans en tout cas, que cette équipe de France a « ce petit quelque chose en plus ». On ne saurait pas vraiment comment l’expliquer, mais il y a toujours ce on ne sait quoi d’ineffable qui donne l’impression que la pièce finira toujours par tourner du côté de l’équipe de France.

Un mois en arrière, il fallait avoir beaucoup de flair ou de foi pour imaginer les Bleus se retrouver à une petite marche de conserver leur titre mondial. L’avalanche de blessures qui avait décimé toutes les lignes de leur onze titulaire était annoncée comme insurmontable.

Mais ce genre de termes n’existent vraisemblablement pas dans le vocabulaire de Didier Deschamps. Malgré tous les vents contraires qui se sont déchaînés contre ses hommes, les planètes sont encore alignées pour décrocher une troisième étoile dont on osait à peine prononcer le nom en amont de la compétition.

« Écrire l’histoire »
Capitaine de la première épopée victorieuse de 1998, le sélectionneur tricolore vient donc d’emmener pour une deuxième fois de rang sa formation jusqu’en finale de la Coupe du monde. Un exploit majuscule qui s’inscrit dans plus de deux décennies passées dans les plus hautes cimes du football mondial, durant lesquelles les Bleus auront disputé quatre finales sur les sept dernières éditions auxquelles ils ont participé.

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Ainsi s’invitent-ils à la table des Italiens, Hollandais, Allemands, Argentins et Brésiliens, seules sélections à s’être invitées deux fois de rang en finale. À la différence près que ces Bleus-là ne comptent pas se contenter d’une seule coupe dorée. « Nous avons l’occasion d’écrire l’histoire », a glissé Hugo Lloris après la rencontre, conscient que l’occasion de rejoindre la Seleção de Pelé, Garrincha, Zagalo et autres Vava, membres de la dernière escouade ayant conservé son titre entre 1958 et 1962.

Il ne s’agit pas non plus d’associer cette équipe de France version 2022 à des Brésiliens, il manque les enluminures et les dribbles chaloupés. Celle-ci est peut-être encore moins forte que sa prédécesseure, tant elle subit et offre par moment une myriade d’opportunités à ses adversaires par rapport à celle d’il y a quatre ans en Russie.

Mais comme on le disait plus haut, cette équipe semble animée par ce même petit supplément, d’âme, de talent, de sérénité et de réussite à la fois. Un cocktail qui demeure en tout cas suffisant pour lui garantir la victoire.

L’habitude des grands rendez-vous y est certainement aussi pour quelque chose. Les Anglais, après un demi-siècle d’échecs à répétition, et ces Marocains, grands novices à ce stade de la compétition, avaient forcément moins de bouteille que les champions en titre, dont l’ossature est restée foncièrement la même en dépit des blessures et des changements de circonstance.

Cinq minutes
Se sentant pousser des ailes après leurs exploits à répétition, les Marocains ont sans doute payé les efforts consentis sur la route des demi-finales ainsi que leur déficit d’expérience. Walid Regragui en premier lieu, dont le choix de titulariser un Romain Saïss sur une jambe en charnière défense centrale a coûté très cher à son arrière-garde. Désorganisée par ce passage inédit à une défense à 5, les Marocains se sont retrouvés menés au score pour la première fois de la compétition dès la 5e minute de jeu.

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Après avoir faussé compagnie à Jawad el-Yamiq, suppléant du titulaire habituel en défense centrale Nayef Aguerd (sorti sur blessure contre l’Espagne), Antoine Griezmann s’engouffre dans la surface pour servir Kylian Mbappé, dont les deux frappes contrées finissent par retomber devant Théo Hernandez. Monté aux avant-postes comme il le fait si bien avec l’AC Milan, le latéral gauche s’élève pour reprendre la balle dans les airs du pied gauche, et trompe Yassine Bounou à bout portant (1-0, 5e).

Le gardien marocain, qui n’avait jusqu’alors concédé aucun but d’un joueur adverse lors des cinq rencontres précédentes, doit déjà s’incliner devant le réalisme impitoyable des Tricolores. Cette ouverture du score précoce oblige les Marocains à sortir de leur schéma de prédilection : à savoir un bloc bas ou médian, totalement hermétique que ni les Espagnols ni les Portugais n’étaient parvenus à percer.

Contraints de sortir de leur camp pour revenir au score, les Lions de l’Atlas laissent trop d’espaces dans leur dos. Cette entame de match ratée aurait pu virer à la catastrophe si Olivier Giroud, par deux fois, avait trouvé le cadre sur ses deux tentatives (17e, 36e). Visiblement dépassé à chaque course enclenchée par un attaquant français, comme sur l’action menant à cette frappe sur le poteau trouvé par le désormais meilleur buteur des Bleus, Saïss est contraint de céder sa place dès la 20e minute.

Après ce changement, les hommes de Regragui repassent dans leur système préférentiel en 4-1-4-1 et sortent enfin la tête de l’eau. Tandis que les Bleus leur laissent sciemment le contrôle du ballon, ils se font de plus en plus menaçants sur la cage d’Hugo Lloris, notamment sur coups de pied arrêtés. El-Yamiq aurait pu inscrire un but d’anthologie si sa retournée acrobatique n’avait pas été détournée sur le poteau par le portier et capitaine français, encore une fois l’un des meilleurs Français de la rencontre.

Griezmann, au four et au moulin
Tout comme Ibrahima Konaté, titularisé dans l’axe en lieu et place d’Upamecano, pas encore remis de sa maladie. Le défenseur de Liverpool aura brillé de mille feux dans le deuxième acte, enchaînant les interventions salvatrices pour priver les Marocains du but égalisateur, à l’image de son tacle coupant le centre d’Attiat-Allah destiné à l’avant-centre En-Neysri (qui n’aura touché que trois ballons en 66 minutes) s’apprêtant à pousser le ballon dans le but vide (54e).

Entre la 55e et la 75e minute de jeu, la possession de balle grimpe même jusqu’à 75 % en faveur des Lions. Ces derniers font le siège de la surface française, un peu comme si les rôles s’étaient inversés par rapport à leurs tours précédents. Mais il y a toujours une tête, un pied d’un défenseur, ou de Griezmann, au four et au moulin sur toutes les zones du terrain, ou encore un poing d’Hugo Lloris pour repousser le danger.

Loin d’être la mieux garnie sur le banc, l’équipe de France double pourtant la mise grâce à ses entrants. Remplaçants de Giroud et Dembélé, Marcus Thuram et Randal Kolo Muani se distinguent à nouveau par leurs rentrées décisives. Surtout le second, tout heureux de se retrouver à la réception d’une nouvelle frappe contrée de Mbappé pour doubler la mise dans le but vide (2-0, 79e), le tout seulement 40 secondes après avoir pénétré sur la pelouse.

Un énième coaching gagnant signé Didier Deschamps, véritable abonné à la victoire, tel un alchimiste qui finit toujours par trouver les bons ingrédients pour réussir sa formule.

Finale trois étoiles

Jusqu’au bout, les Marocains y auront cru. Ils auront largement mérité les ovations offertes par leur près de 50 000 supporters, acclamés après le coup de sifflet comme s’ils avaient gagné. Première nation africaine et arabe à se hisser dans le dernier carré d’un Mondial, ils peuvent sortir la tête haute, surtout après un tel combat où ils auront regardé leurs adversaires les yeux dans les yeux.

Les Bleus pointent désormais les leurs vers les cieux. L’histoire est d’ailleurs plutôt bien faite : quoi de mieux qu’une finale contre l’Albiceleste de Léo Messi pour conclure une telle épopée en apothéose ?

Le souvenir de la victoire 4-3 en huitièmes de finale de l’édition russe trottera forcément dans quelques têtes, mais le rapport de force n’aura plus rien à voir. Le successeur désigné du « Pibe de Oro » a, lui, rendez-vous avec l’histoire. Pour sa dernière danse en Coupe du monde, l’attaquant de 35 ans compte bien se hisser au rang de Diego Maradona au panthéon du football argentin.

Une chose est sûre, chaque camp partagera le même rêve : offrir à son pays une troisième étoile.

Il faut se rendre à l’évidence, cela fait belle lurette, au moins quatre ans en tout cas, que cette équipe de France a « ce petit quelque chose en plus ». On ne saurait pas vraiment comment l’expliquer, mais il y a toujours ce on ne sait quoi d’ineffable qui donne l’impression que la pièce finira toujours par tourner du côté de l’équipe de France. Un mois en arrière,...

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