Rechercher
Rechercher

Sport - Mondial de foot

Au Qatar, dernier tango entre deux Ballons d’or

La première affiche du dernier carré de ce Mondial qatari, ce soir à 21 heures sur la pelouse du stade de Lusail, offre un duel des plus attrayants entre l’Argentine de Lionel Messi et la Croatie de Luka Modric, qui a tout pour être l’un des sommets de la compétition.

Au Qatar, dernier tango entre deux Ballons d’or

Luka Modric (à gauche) et Lionel Messi (à droite) lors de leurs quarts de finale respectifs avec la Croatie et l’Argentine, avant de se retrouver ce mardi dans le dernier carré du Mondial 2022. Nelson Almeida et Alfredo Estrella/AFP

Il fallait avoir du flair pour miser sur une telle affiche trois semaines en arrière. Surpris par l’Arabie saoudite en ouverture ou annoncés sur le déclin, Argentins et Croates ont déjoué les pronostics pour se hisser à un stade de la compétition dont ils font désormais figure d’habitués.

Dans le coin gauche, Messi et l’Albiceleste. Deux titres mondiaux en poche (glanés en 1978 et 1986) mais aucun dans celle de son numéro 10 de génie qui, à sa cinquième tentative, espère se hisser au niveau de Diego Maradona au panthéon du football argentin et mondial. De l’autre côté, Modric, Ballon d’or 2018, et l’équipe au maillot à damier. Un milieu de terrain de rêve, le meilleur de la compétition, et la possibilité d’atteindre une seconde finale de Coupe du monde d’affilée, invraisemblable exploit pour un pays de moins de quatre millions d’habitants.

Lire aussi

Les as de l’Atlas

À 35 ans pour le premier, 37 pour le second, tout porte à croire que ce dernier carré est également synonyme de jubilé sur la scène mondiale pour ces deux magiciens du football moderne. Après avoir encore éclaboussé ce Mondial qatari de leur talent, ils ont d’ores et déjà gagné leur place dans le onze-type de la compétition. Mais les deux champions sont venus chercher tout autre chose, eux qui ont littéralement porté à bout de bras leurs escouades respectives, enchaînant les buts et les passes décisives leur frayant un chemin jusqu’à l’avant-dernière marche du titre suprême.

Fin de carrière en apothéose ?

Pour la « Pulga », l’occasion paraît idéale pour réparer la blessure indélébile d’une finale de Coupe du monde perdue (en 2014 contre l’Allemagne, 0-1 après prolongations après un but de Mario Götze). L’histoire serait d’autant plus belle qu’elle comblerait la seule ligne qui manque désormais à son palmarès.

Abonné aux plus prestigieux trophées individuels, en raflant la bagatelle de sept Ballons d’or, et collectifs avec le FC Barcelone, avec qui il a soulevé quatre Ligue des champions et une dizaine de championnats d’Espagne, le natif de Rosario a longtemps semblé maudit dès lors qu’il endossait la tunique de l’Albiceleste. Mais après une litanie de finales perdues et d’éliminations frustrantes, le numéro 10 a enfin vaincu le signe indien en glanant l’été dernier son tout premier titre majeur avec la sélection argentine (hormis une médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin en 2008).

Lire aussi

God Save Giroud !

Cette Copa América remportée sur les terres du rival brésilien a brisé une spirale négative sur la scène continentale qui encourait depuis 1993 ! Une anomalie pour une sélection argentine qui n’a jamais été dépourvue de talents mais souvent en manque d’équilibre et d’alchimie entre ses différentes composantes.

Mais si elle demeure toujours aussi dépendante du niveau de jeu de son brillant chef d’orchestre, déjà buteur à quatre reprises au Qatar, l’Albiceleste a également l’avantage de pouvoir puiser dans le soutien sans faille de ses « hinchas » (« supporters » en espagnol). Aussi bruyants qu’indéfectibles dans les travées du stade de Lusail, qu’ils peupleront à nouveau en masse ce mardi soir à plus de 40 000, les fans argentins assisteront au quatrième match de leurs protégés dans cette même enceinte depuis le début du tournoi et comptent bien y revenir dimanche pour la grande finale.

Messi est aussi escorté d’une équipe de vaillants soldats, qui pour certains sont très loin d’avoir la moitié de son talent mais n’ont peur de rien, comme ils l’ont montré lors d’un quart de finale terriblement tendu face aux Pays-Bas (2-2 a.p., 4-3 t.a.b.).

Le déclic de la Copa América

Rodrigo De Paul, Cristian Romero, Julian Alvarez ou Angel Di Maria, dont le sélectionneur Lionel Scaloni espère le retour à 100 %, sont tout de même plus que de simples gardes du corps de la star, et l’Argentine a des arguments, même si elle n’a pas encore réussi à maîtriser un match de A à Z.

« On doit continuer sur cette voie, en continuant à progresser et à prendre confiance. Nous avions dit que la Copa América était le début de quelque chose d’important et nous sommes sur ce chemin », a déclaré après le quart de finale l’attaquant Lautaro Martinez, en panne de réussite mais qui n’a pas tremblé au moment de transformer le tir au but décisif contre les Oranje.

Mais n’est-ce pas là la véritable recette de la « victoire à l’Argentine » ? Si l’on fantasme souvent sur la qualité technique et le jeu léché des sélections américaines, on oublie souvent que celles-ci n’ont jamais été aussi victorieuses que lorsqu’elles pouvaient compter sur un contingent de joueurs besogneux, sachant commettre les fautes nécessaires pour faire déjouer l’adversaire et mieux protéger leurs génies offensifs sur lesquels reposent bien souvent l’intégralité de leur animation offensive.

Derrière Mario Kempes, lors du titre de 1978, et Diego Maradona, pendant celui de 1986, le reste de l’effectif était majoritairement composé de « soldats » prêts à en découdre et à laisser leurs vies sur le terrain pour le maillot ciel et blanc. Et vu le nombre de cartons jaunes (18, un record pour un match de Coupe du monde) distribués lors de ce quart à couteaux tirés face aux Hollandais, jalonné par pléthore de gestes déplacés et de débuts d’échauffourées entre les deux effectifs, ce minutieux cocktail alliant une bonne dose de talent individuel et de roublardise collective semble bien avoir été remis au goût du jour par Lionel Scaloni, jouissant d’une des plus belles côtes de popularité de l’histoire des sélectionneurs de l’Albiceleste.

Vaincre « en luttant »

Les Croates aussi ont dû en passer par là pour créer au tour précédent l’une des sensations du Mondial en éliminant le Brésil aux tirs au but après être revenus à 1-1 en toute fin de prolongation.

Au moment de dresser les tableaux des favoris de la Coupe du monde, beaucoup ont sans doute oublié la Croatie en route. Mais Luka Modric et les siens ne sont pas devenus vice-champions du monde par hasard. Cette nouvelle épopée des « Vatreni » a été un modèle de maîtrise et de science du jeu, autour du majestueux trio de leur milieu de terrain Modric-Brozovic-Kovacic et d’un gardien, Dominik Livakovic, qui joue le tournoi d’une vie.

« Une des raisons de notre succès est justement que nous sommes un petit pays, un tout petit pays. Nous savons comment notre pays s’est construit, comment il a conquis l’indépendance. En luttant, parce que vous n’avez rien dans la vie si vous ne le faites pas », a expliqué dimanche Bruno Petkovic.

Le parcours cabossé de l’attaquant croate, passé par une ribambelle de clubs italiens de deuxième zone avant un retour au Dinamo Zagreb, son club formateur, est à l’image de celui de la formation à damier sur les pelouses russes et qataries : persévérant, ne s’avouant jamais vaincu, c’est à lui que revient le mérite d’avoir égalisé au bout du bout de la prolongation (1-1, 117e) juste après le but que l’on croyait décisif de Neymar, finalement embarqué dans une séance de tirs au but dont les Croates sont devenus des experts.

Dans un style loin d’être spectaculaire mais terriblement efficace, les Croates ont ainsi remporté huit des neuf derniers matches couperets auxquels ils ont participé en Coupe du monde au-delà du temps réglementaire. Un record que l’on n’est pas près de revoir de sitôt.

Déjà tombeurs des Danois et des Russes au terme de l’épreuve fatidique en huitièmes et en quarts de l’édition précédente, les hommes de Zlatko Dalic ont remis ça cette année au Qatar en se débarrassant de la même manière des Japonais et donc des Brésiliens, en grande partie grâce aux prouesses de leur dernier rempart, Livakovic, enchaînant les parades décisives lors des deux séances dont lui et ses coéquipiers sont largement sortis vainqueurs.

Messi et l’Argentine sont prévenus, les Croates n’ont plus peur de rien ni de personne. On aurait bien tort de les annoncer vaincus d’avance, tant ce Mondial a démontré par A plus B que la logique et les rapports de force inscrits sur le papier n’ont plus droit de cité au Qatar. Et tout laisse à croire que celui-ci nous réserve encore quelques surprises.

Il fallait avoir du flair pour miser sur une telle affiche trois semaines en arrière. Surpris par l’Arabie saoudite en ouverture ou annoncés sur le déclin, Argentins et Croates ont déjoué les pronostics pour se hisser à un stade de la compétition dont ils font désormais figure d’habitués.Dans le coin gauche, Messi et l’Albiceleste. Deux titres mondiaux en poche (glanés en 1978 et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut