Damas libère un Libanais détenu après le naufrage de Tartous

Bilal Chaabane, un cheikh sunnite de Tripoli, a annoncé vendredi que les autorités syriennes avaient libéré un survivant emprisonné après le naufrage d'un bateau de migrants au large de Tartous le 22 septembre dernier, rapporte notre correspondant Michel Hallak. Ce naufrage avait tué plus de 100 personnes.

Le jour exact de la libération de ce rescapé de nationalité libanaise, Fouad Hoblos, n'a pas été précisé. 

Le naufrage de Tartous avait fait plus de 100 morts, l'un des plus meurtriers en Méditerranée orientale. Sur les 150 passagers libanais, syriens et palestiniens qui se trouvaient à bord, seuls 20 personnes ont pu être sauvées. Douze d'entre elles sont de nationalité syrienne et originaires de Lattaquié, Idlib et Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Après le naufrage, plusieurs survivants avaient été détenus puis relâchés par le régime syrien. La raison pour laquelle Fouad Hoblos est lui resté incarcéré demeurait inconnue et l'ambassade de Syrie n'était pas immédiatement disponible pour un commentaire.

L'OSDH avait rapporté que la plupart des migrants fuyaient le service militaire obligatoire ou étaient des dissidents du régime syrien. Selon les témoignages, beaucoup tentaient de fuir les zones gouvernementales en raison de conditions économiques désastreuses.

La déclaration de vendredi indique que le cheikh Bilal Chaabane s'est "rendu à Damas à la tête d'une délégation, où il a pris en charge M. Hoblos et s'est employé à le remettre à sa famille au Akkar, après avoir accompli les procédures auprès des autorités libanaises et syriennes aux frontières des deux pays", ajoutant que l'homme désormais libre est arrivé au Liban-Nord et "a été accueilli par son village et sa famille."

À la suite de la tragédie, les autorités libanaises et syriennes avaient diffusé des informations sur le naufrage par bribes. Certaines familles ne savaient pas si leurs proches étaient décédés dans le naufrage ou détenus par l'armée libanaise ou les autorités syriennes, selon des rumeurs circulant à l'époque. Les proches des disparus étaient particulièrement préoccupés par la façon dont les survivants étaient traités par les autorités syriennes et craignaient qu'en raison de leur départ illégal du pays, ils disparaissent dans les geôles du régime comme des milliers d'autres.

Dans un Liban en plein effondrement économique, un nombre croissant de réfugiés syriens et palestiniens – ainsi que de ressortissants libanais – ont tenté de rejoindre l'Europe sur des embarcations de fortune. De nombreux migrants libanais viennent du Nord, notamment de la ville de Tripoli, qui est devenue une plaque tournante de l'immigration clandestine en Méditerranée.