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Idées - Point de vue

L’égalité des genres est une économie intelligente

L’égalité des genres est une économie intelligente

Photo d'illustration : archives AFP

Lorsque les femmes travaillent, l’économie se développe. Le Liban abrite un grand nombre de femmes bien éduquées et talentueuses ; les autonomiser pour leur donner les moyens de participer sur un pied d’égalité à la relance économique représente une occasion pour le Liban qu’il ne peut laisser passer. Il s’agit de «l’économie intelligente».

La crise socio-économique a amené le Liban au bord de l’effondrement total et a renforcé les disparités dans un pays qui était déjà l’un des pays les plus inégaux au monde. Les personnes qui éprouvent les plus grandes difficultés sont les femmes et les enfants dans des communautés pauvres et vulnérables. Les taux de tâches non rémunérées, en matière de prestation de soins, sont en hausse, et les femmes libanaises quittent de plus en plus le marché du travail de façon plus importante que les hommes. Le taux de participation de la main d’œuvre actuelle pour les femmes âgées de plus de 15 ans est de 24,5 pour cent comparé à 60 pour cent pour les hommes. Autrement dit, la participation des femmes à l’économie est en recul, également au niveau de ce paramètre fondamental.

Seul un programme du FMI peut mettre le Liban sur la voie d’une relance économique. Alors que l’accord maritime entre le Liban et Israël est une étape importante pour la paix et la stabilité régionales, il ne fera pas sortir le Liban de la crise actuelle sans l’application de réformes fondamentales, y compris celles proposées par le FMI - même si des quantités de gaz et de pétrole, plus importantes que prévues, seront découvertes.

Pour qu’une relance soit réussie, de nombreuses femmes de talent au Liban doivent avoir accès aux mêmes chances que les hommes pour participer dans tous les aspects de la vie en société. Les données à l’échelle mondiale montrent clairement que les sociétés fonctionnent mieux lorsque des hommes et des femmes sont représentés équitablement et sont économiquement autonomisés. Il est indéniable que la réduction des disparités des genres va de pair avec une plus grande croissance économique, une résilience et une stabilité économique plus importantes et une inégalité des revenus plus faible. La recherche montre que l’autonomisation économique des femmes touche non seulement la santé économique des pays et ceci par une productivité accrue mais également les résultats en matière de santé et de bien-être des générations futures.

Tout simplement : lorsqu’un plus grand nombre de femmes travaillent, les économies se développent. Au Liban, L’Organisation Internationale du Travail estime que le PIB augmenterait de 9 %, si l’écart dans la participation au marché du travail entre les femmes et les hommes était réduit de 25 %. La mise en place de politiques permettant aux femmes de participer sur un pied d’égalité à l’économie n’est pas seulement une question de justice sociale - il s’agit de redresser l’économie et cela aurait un impact macroéconomique important.

Malgré la détérioration rapide de la situation, six mois après la signature de l’accord préliminaire entre l’équipe du FMI et le gouvernement libanais, aucune des actions préalables requises pour l’approbation et le lancement d’un programme du FMI n’a été mise en œuvre. L’absence d’action ne peut pas continuer. Conjointement avec des collègues européens, nous avons soulevé l’urgence des réformes du FMI avec les décideurs libanais sur une série d’engagements.

Le Liban abrite un grand nombre de femmes bien éduquées et talentueuses, qui sont prêtes à contribuer à la relance économique sur la base d’un programme du FMI. Nous rencontrons un grand nombre de ces femmes au quotidien.

Le défi est de taille, mais indispensable. Il s’agit d’étapes concrètes qui contribueraient de façon significative à réduire les inégalités et à stimuler la croissance :

Premièrement, un plan de relance économique complet est la requête essentielle du FMI. Un plan de relance sensible au genre devrait inclure un investissement national dans la protection sociale pour corriger les disparités hommes-femmes et renforcer la protection des travailleurs formels et informels. Il prolongerait et étendrait les lignes de crédit aux entreprises détenues par des femmes.

Deuxièmement, le Parlement devrait résoudre le problème des lois discriminatoires pour fournir un cadre juridique égal aux hommes et aux femmes. Il inclurait la révision des lois sur le travail et la sécurité sociale pour régler la discrimination fondée sur le genre. Voici des exemples de discrimination : celles concernant la propriété des ressources naturelles et des terres ; les femmes ont l’interdiction de s’engager dans une activité professionnelle dans plusieurs secteurs  ; et les femmes ne sont pas autorisées à travailler la nuit et dans des secteurs spécifiques.

Troisièmement, les femmes sont largement sous représentées et défavorisées dans le paysage politique actuel. Suite aux élections parlementaires en mai, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne a recommandé d’adopter des quotas de genre pour réduire les obstacles à l’entrée des femmes en politique et augmenter leur participation. Un quota de genre pour les élections municipales à venir prévues en mai 2023 constituerait une étape importante.

Le Liban compte pour nous, nous les pays nordiques et les représentants des Nations Unies. Nous partageons une croyance en la démocratie avec le Liban ; et nous souhaitons voir un pays prospère où tous les citoyens - femmes et hommes - ont des chances égales de contribuer à la société. Combler le fossé des inégalités est un moyen puissant de réaliser la relance économique ainsi qu’un important objectif de plein droit. Il s’agit de l’économie intelligente et d’une chance que le Liban ne peut pas laisser passer. L’action ne doit pas être davantage retardée. Il est temps d’agir. Nous devons nous assurer que même les femmes et les filles les plus vulnérables ont une sécurité de revenus, un accès à un travail décent et une autorité économique pour influencer l’accès aux actifs et aux ressources. En tant qu’amis du Liban et de son peuple, c’est un message d’urgence que nous vous adressons, fondé sur la crainte d’un effondrement total d’un pays auquel nous sommes attachés. Mais il s’agit également d’un message d’espoir. Un meilleur futur et un Liban plus égalitaire sont réalisables. Tout commence avec des réformes du FMI et en donnant aux femmes les moyens de participer de manière égalitaire à la relance économique.

Kristoffer VIVIKE, ambassadeur du Danemark ;

Anne MESKANEN, ambassadeur de Finlande ;

Martin YTTERVIK, ambassadeur de Norvège ;

Ann DISMORR, ambassadeur de Suède ;

Rachel DORE-WEEKS, Représentante d’ONU Femmes au Liban.

Lorsque les femmes travaillent, l’économie se développe. Le Liban abrite un grand nombre de femmes bien éduquées et talentueuses ; les autonomiser pour leur donner les moyens de participer sur un pied d’égalité à la relance économique représente une occasion pour le Liban qu’il ne peut laisser passer. Il s’agit de «l’économie intelligente».La crise socio-économique a amené...

commentaires (2)

Ah bon? C'est une question de genre ? Non. Je ne vois pas pourquoi. Une personne éduquée/compétente femme ou homme c'est cette personne qui doit travailler. Si se sont les femmes qui le sont , alors que les femmes travaillent et si les hommes le sont alors les hommes et si les deux alors les deux. Ce n'est pas question de genre mais plutôt question de personnes compétentes.

Eddy

20 h 40, le 04 décembre 2022

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Commentaires (2)

  • Ah bon? C'est une question de genre ? Non. Je ne vois pas pourquoi. Une personne éduquée/compétente femme ou homme c'est cette personne qui doit travailler. Si se sont les femmes qui le sont , alors que les femmes travaillent et si les hommes le sont alors les hommes et si les deux alors les deux. Ce n'est pas question de genre mais plutôt question de personnes compétentes.

    Eddy

    20 h 40, le 04 décembre 2022

  • Pour que les femmes puissent travailler dans des métiers valorisants, il faudrait que ceux ci existent au Liban, ce qui n’est pas du tout le cas. Le problème de l’Occident est qu’il cherche toujours à transposer son modèle dans les autres pays, alors que l’Occident peine à résoudre ses propres problèmes. Preuve en est la montée du nationalisme d’extrême droite partout en Occident

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 11, le 27 novembre 2022

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