Energean, qui a lancé fin octobre la production de gaz naturel sur le gisement de Karish, qui se situe dans les eaux israéliennes en bordure de la frontière maritime avec le Liban, vient de confirmer en parallèle le potentiel de Zeus, un autre puits exploitable creusé par le navire Stena Icemax, affrété par ses soins.
L’information circulait depuis dimanche sur certains sites d’information spécialisés et a été confirmée lundi par un communiqué publié sur le site internet du groupe énergétique international basé à Londres. Selon les résultats préliminaires, qui doivent encore être affinés, Zeus contiendrait quelque 13,3 milliards de mètres cubes de gaz, soit plus que les 10 à 12 milliards estimés avant forage.
Energean a par ailleurs revu à la hausse ses estimations concernant les réserves du puits Athena, situé à l’est de Zeus, à 11,75 milliards de mètres cubes de gaz, soit 3,75 milliards de plus qu’avant. Le groupe prévoit de communiquer sur les scénarios d’exploitation de ces puits d’ici au début de l’année prochaine dans un rapport compilé par le cabinet américain D&M (DeGolyer and MacNaughton). Il a enfin conclu sa communication en indiquant que le Stena Icemax allait désormais se rendre vers le puits Hercules, situé au sud de Karish.
Gisements modestes
Cette série d’annonces survient environ deux semaines après la signature de l’accord historique sur la frontière maritime entre le Liban et Israël. En vertu de cet accord, le champ sous-marin de Karish se situe entièrement dans les eaux israéliennes, tandis que le Liban possède tous les droits d’exploration et d’exploitation du champ de Cana, situé plus au nord-est, et dont une partie se trouve dans les eaux territoriales d’Israël. L’État hébreu sera toutefois rémunéré par la firme exploitant Cana « pour ses droits sur d’éventuels gisements ».
Les découvertes d’Energean se situent à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest du champ de Karish, et à une grosse dizaine de kilomètres au nord de celui de Tamar. « Les puits Zeus et Athena sont situés bien au sud de la ligne 29 (qui était la ligne de démarcation la plus avantageuse à laquelle le Liban pouvait prétendre lors des négociations, contrairement à la ligne 23 qui est plus proche des côtes, NDLR). Ce n’est donc pas une zone sur laquelle le Liban pouvait nourrir des ambitions », explique à L’Orient-Le Jour Marc Ayoub, chercheur dans le domaine de l’énergie à l’Institut Issam Farès de l’AUB.
Bien que significatives, les quantités découvertes dans les puits Zeus et Athena ne sont toutefois pas spectaculaires. À titre de comparaison, le champ de Karish contiendrait quelque 39,6 milliards de mètres cubes, selon les données d’Energean, auxquels s’ajoutent les 31,9 milliards de mètres cubes de Karish nord, soit un total d’environ 71,5 milliards de mètres cubes. Ces quantités restent modestes par rapport à d’autres champs, comme celui, voisin, de Tamar, qui serait trois fois plus riche, selon les différentes données qui circulent dans les milieux spécialisés.
Facteur temps
Marc Ayoub considère de plus que l’effervescence de l’activité d’Energean, qui avait commencé la production dans le gisement de Karish avant même la signature de l’accord entre Tel-Aviv et Beyrouth, permet au Liban d’être confiant concernant le potentiel gazier de ses fonds marins, mais qu’elle envoie également un signal fort à ses autorités comme aux sociétés qui ont décidé d’explorer sa zone économique exclusive (ZEE). « Les découvertes d’Energean sont autant d’indices qui permettent d’espérer que le processus d’exploration dans le sud de la ZEE (zone maritime qu’un pays peut librement diriger et exploiter) sera fructueux côté libanais. Mais cela met également en relief le retard important du Liban sur son voisin et met la pression sur le consortium mené par TotalEnergies », ajoute-t-il. « Enfin, le fait qu’Energean enchaîne les opérations depuis l’annonce de l’accord sur la frontière maritime peut être interprété comme un signe que le temps jouait bien en faveur du Liban dans les négociations et que ses dirigeants avaient un créneau pour obtenir un partage plus favorable », conclut-il.
Côté libanais, la signature de l’accord sur la frontière maritime doit permettre de débloquer le processus d’exploration du bloc n° 9 de la ZEE dont une partie chevauchait la portion de territoire maritime contestée par les deux pays. En 2018, c’est un consortium composé du français
TotalEnergies, de l’italien Eni et du russe Novatek qui avait remporté le droit d’explorer et d’exploiter ce bloc, en même temps qu’un autre, le n°4, situé plus au centre de la ZEE qui longe le territoire libanais. Le processus d’exploration du bloc n° 4 qui a démarré en 2020, avec seulement un puits foré, a confirmé la présence de gaz mais dans des quantités insuffisantes pour justifier son exploitation. Quant au processus d’exploration du bloc n° 9, il avait été suspendu.
Pour l’heure, TotalEnergies n’a pas encore fait d’annonce concernant le lancement d’une prochaine mission d’exploration, alors que l’actualité récente du groupe s’est davantage focalisée sur la réorganisation du consortium marquée par le départ du russe Novatek, dont les parts ont été récupérées en septembre par le Liban, et l’arrivée possible de QatarEnergy. Contacté, le groupe français n’a pas souhaité faire de commentaire, tandis que le ministère libanais de l’Énergie et de l’Eau n’a pas répondu à nos sollicitations.
LA TRAITRISE QUI A CEDE LA LIGNE 29 AVEC SES 1430 KM2 A FAIT DES DONS MULTIPLES AUX VOISINS RIEN QUE POUR ESSAYER DE LEVER LES SANCTIONS AMERICAINES QUI FRAPPENT LE GENDRIOTE.
09 h 46, le 09 novembre 2022