Frontière maritime, FMI, dons médicaux... Mikati enchaîne les rencontres à la COP27

Le Premier ministre libanais désigné Nagib Mikati a multiplié hier les rencontres avec plusieurs dirigeants mondiaux à l’occasion de la COP27, la conférence de l’ONU qui rassemble à Charm el-Cheikh, en Égypte, les délégués de près de 200 pays jusqu’au 18 novembre dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

Frontière maritime entre le Liban et Chypre, accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI), dons médicaux de l’Égypte... Le haut responsable a enchaîné les dossiers, depuis son arrivée dimanche à la tête d’une délégation comprenant le ministre sortant de l’Environnement Nasser Yassine et l’ambassadeur du Liban en Égypte, Ali Halabi.

Appel du FMI et dons égyptiens

Dans la matinée d’hier, Nagib Mikati s’est entretenu avec la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva. Selon des propos rapportés par le Grand Sérail sur son compte Twitter, la directrice de l’organisation internationale « a souhaité que le Liban accélère les étapes nécessaires pour signer l’accord final, avant de s’occuper d’autres dossiers ». Le gouvernement libanais a conclu en avril dernier un accord préliminaire avec le FMI, qui prévoit une aide financière de trois milliards de dollars sur quatre ans, à condition que des réformes de redressement économique soient prises par les autorités comme la restructuration du secteur bancaire et un contrôle des capitaux. Ces réformes se font toujours attendre alors que le pays traverse une grave crise depuis 2019.Quant au roi de Jordanie Abdallah II, avec qui Nagib Mikati s’est également concerté, il a insisté sur la nécessité « d’accélérer le travail pour conclure un accord final entre le Liban et la Banque mondiale (BM) afin que la Jordanie puisse approvisionner le Liban en électricité ». En janvier dernier, le Liban a signé avec la Syrie et la Jordanie un contrat d’importation de courant électrique s’inscrivant dans le cadre d’une initiative américaine dévoilée courant août 2021 pour aider Beyrouth à sortir d’une grave crise multiforme, alors que la population subit un rationnement extrême de courant. La BM doit financer ce projet à condition que certaines réformes visant le secteur de l’énergie soient lancées.

Présidents égyptien, algérien et irakien

Nagib Mikati a également été reçu lundi par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Il a remercié le chef de l’État égyptien pour la position prise par son pays « toujours aux côtés du Liban et son soutien dans tous les domaines », ainsi que pour « la rapidité » avec laquelle Le Caire a répondu à une demande formulée par Beyrouth la semaine dernière au sommet arabe d’Alger en vaccins et médicaments, pour la lutte contre le choléra qui est réapparu dans le pays. Nagib Mikati « a été informé par l’Égypte de l’envoi d’une cargaison de 1 705 tonnes de vaccins et aides médicales », précise le Sérail.

Lors du sommet de la Ligue arabe à Alger la semaine dernière, le premier depuis trois ans, le Premier ministre sortant avait plus largement appelé les États membres à « la coopération », soulignant que le Liban, qui connaît actuellement une double vacance au niveau de l’exécutif, n’est plus ce qu’il était.Nagib Mikati s’est par ailleurs entretenu avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a assuré que son pays « soutient le Liban et demeure prêt à l’aider dans tous les domaines ». Nagib Mikati a aussi rencontré le secrétaire d’État du Vatican, Pietro Parolin, et l’a remercié du « soutien continu du pape François pour le Liban, et les prises de position qu’il a dernièrement formulées depuis Bahreïn, lorsqu’il a appelé à aider le Liban pour arrêter son effondrement ». Dimanche, le souverain pontife avait lancé un « appel » aux responsables libanais, les exhortant à « laisser de côté leurs intérêts personnels ». M. Mikati a pour sa part insisté devant Mgr Parolin sur « l’élection d’un nouveau président et la nécessité de ne pas prolonger la période de vacance présidentielle ».

Ce lundi, Nagib Mikati s’est également entretenu avec le président irakien, Abdel Latif Rachid, au sujet des relations bilatérales entre Bagdad et Beyrouth, ainsi qu’avec le Premier ministre du Pakistan, Shehbaz Sharif.

La frontière maritime avec Chypre

En marge du coup d’envoi de la COP27, dimanche, Nagib Mikati a rencontré le président chypriote Nicos Anastasiadès, et lui a assuré qu’il n’y a « aucun obstacle » au niveau du suivi du dossier de la frontière maritime entre le Liban et Chypre. Cela fait suite à l’annonce fin octobre par la présidence libanaise qu’une formule avait été trouvée pour en modifier le tracé, après la visite d’une délégation chypriote à Beyrouth.

Le président Anastasiadès a rappelé à Nagib Mikati « la nécessité de suivre le dossier du tracé de la frontière maritime, qui n’a pas changé depuis 2007 » entre le Liban et Chypre. Le Premier ministre sortant a de son côté assuré que le ministre sortant des Transports, Ali Hamiyé, « poursuit le travail » à ce sujet et qu’il n’y a « aucun obstacle dans ce domaine ».

Beyrouth et Nicosie avaient déjà amorcé distinctement le processus de prospection des ressources offshore et signé un accord en 2007 délimitant leurs zones économiques exclusives (ZEE) respectives. Mais il n’avait pas été ratifié par le Parlement libanais en raison du contentieux maritime entre le Liban et Israël, qui a été récemment résolu par la conclusion d’un accord historique sous l’égide des États-Unis.