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Nos Lecteurs ont la Parole

Un siècle pour rien

Dans leur sagesse bédouine que leur reproche des fois les autres Arabes moqueurs (ceux qu’on appelle les Arabes civilisés ou sédentaires) les Arabes du Golfe et du désert d’Arabie, où d’ailleurs est né le Prophète, voyaient déjà il y a plus d’un siècle l’imminence de la réalisation inéluctable de la fameuse déclaration-promesse de Balfour, ce lord britannique qui a bien compris qu’il fallait résoudre mondialement le problème juif une bonne fois pour toutes. Et ce en ramenant les juifs au bercail de cette vieille terre qui les a vus naître il y a trois millénaires…

Le 2 novembre 1917, le gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté transmettait par le biais du ministre du Foreign Office, lord James Balfour, cette déclaration au vice-président de la fédération sioniste mondiale lord Walter Rothschild… quatorze uniques petites lignes dactylographiées que voici :

« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour sa réalisation.

Étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine ni aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays. »

Lawrence d’Arabie fut chargé d’apporter la déclaration au roi Fayçal (le chérif de La Mecque) qui accepta en 1917 de rédiger un traité d’amitié judéo-arabe cosigné par le roi Fayçal lui-même et par Haym Weizmann… Et dont voici le texte : « Nous sommes convaincus que les Arabes et les juifs sont des parents très proches. Nous travaillons ensemble pour reconstruire et pour faire revivre le Proche-Orient et nos deux mouvements se complètent. Il y a en Palestine assez de place pour les deux peuples. Chacun d’eux a besoin de l’autre pour arriver à un véritable succès. » Incroyable et prémonitoire texte…

Imaginons un instant que les Arabes aient accepté cette proposition transmise par Lawrence d’Arabie… Un grand État palestinien faisant 15 mille km2 avec Jérusalem en entier pour capitale existerait bel et bien aujourd’hui et au moins les deux tiers des Palestiniens de la diaspora ne seraient pas des réfugiés dans des camps. Les camps… cette imposture de la conscience humaine…

Le refus catégorique des Arabes menés par des nationalistes tels le maronite libanais Negib Azouri ou le sunnite syrien Hakki bey al-Azm, lâchés par toutes les superpuissances mondiales de l’époque, allait de défaite en défaite les amener au plan désastreux de partage par l’ONU en 1948 et la création de la tentacule israélienne.

Nouveaux refus, nouvelles guerres et nouvelles victoires israéliennes, après un court mirage en 1956 pour Nasser vite balayé par la Nakba, la vraie, celle de 1967 et dans laquelle l’URSS a délibérément sauvé Israël par le biais de radars défectueux livrés à Nasser, inadaptés et inopérants sous 500 mètres d’altitude, et qui ont permis aux avions de Tsahal de raser les malheureux avions arabes avant qu’ils ne puissent décoller du tarmac…

Cette fois-ci, plus de Jérusalem-Est, plus de Cisjordanie et plus de Sinaï ni de Canal de Suez ! La cata qui va emporter Nasser en 1970 par une crise cardiaque à l’âge de 50 ans…

Depuis, sous le pont Mirabeau des « je t’aime moi non plus des relations israélo-arabes » que d’idylles sont passées !

Il y a eu Sadate, cette colombe militaire qui a appliqué l’adage bien sage de ses prestigieux ancêtres les pharaons, « la main que tu ne peux pas vaincre embrasse-la tout en lui souhaitant de se casser » ! Le Sinaï récupéré après la guerre baroud d’honneur du Kippour et la paix signée avec Israël à Camp David, c’était 60 ans après la déclaration de Balfour. 60 ans pour rien. Sans parler du retard pris et qui a coûté des dizaines de milliards de dollars aux Égyptiens.

La relève du refus jusqu’au-boutiste du coûte que coûte va passer dès lors au Machrek avec ce dindon de la farce : le petit Liban… qu’Israël n’a jamais pris au sérieux ni en compte et pour lequel le régiment de la fanfare militaire lui était toujours destiné et réservé lors des guerres israélo-arabes…

Le Liban pressenti d’ailleurs un moment par Kissinger comme l’État palestinien de remplacement et de rechange entre 1975 et 1982, et pour lequel Israël opta pour une sorte de neutralité-négligence vis-à-vis d’un pays montagneux mosaïque et complexe et après avoir expulsé l’OLP en 1982, lui proposa plus tard l’accord du 17 mai que la majorité des députés libanais ont accepté et ratifié, mais pas Amine Gemayel, Nabih Berry, Walid Joumblatt et l’embryonnaire Hezbollah.

Force est de constater que depuis cette date, les catastrophes s’abattent et s’enchaînent sur le pays martyrisé du Cèdre. Une première dévaluation de la monnaie de 500 fois sa valeur puis coûte que coûte un accord bâclé de paix interlibanais qui instaure un régime de partis type 4e république française à la place du maronitisme politique type 5e république qui existait entre 1943 et 1975 !

Résultat : un capharnaüm ingouvernable où tout ministre de tout parti issu des milices devient une république en soi, hors contrôle, et où le partage du butin ressemble plus à celui effectué par les chefs de la Camora sicilienne entre eux sous l’œil placide et complaisant du Don Corleone de la banque centrale ! Ni plus ni moins…

De l’aveu même de plusieurs économistes il y a dans cette inédite ratatouille de quoi faire pâlir Ali Baba et ses quarante voleurs…

Résultat : une faillite générale historique suivie d’un sauve-qui-peut ne laissant plus rien aux autochtones !

Depuis, le Liban cumule cata sur cata ! Endettement record puis nouvelle dévaluation depuis octobre 2019 de 30 fois presque la livre nationale, inflation et misère noire préludant à des générations futures de miséreux illettrés et affamés, plaçant le fier peuple libanais jadis cité en exemple derrière les derniers damnés de la terre !

Privé définitivement du bloc de Karish qu’il avait obtenu pourtant dans l’accord du 17 mai, le Liban en signant la proposition Hochstein scelle ipso facto la perte définitive d’une bonne partie de ses fonds maritimes et reconnaîtra l’existence d’Israël malgré tous les démentis rassurants puisque pour la deuxième fois depuis 1943 il le reconnaît de facto : 1) en signant l’armistice en 1949 après la victoire du Liban à la bataille de Malikiyeh. On ne signe pas un armistice avec un fantôme… mais avec l’armée d’un État belligérant donc bel et bien existant ! 2) Lors de la ratification du présent plan américain du partage des biens gaziers et pétroliers sous-marins, envoyé par Hochstein.

Comment dès lors rester en guerre avec un voisin frontalier quand la paix est nécessaire pour pouvoir survivre économiquement !

Bref, en un siècle Israël aura tout gagné et sur toute la ligne et pour les Arabes surtout pour le dindon de leur farce le Liban, cet éternel souffre-douleur, ce fut un siècle de perdu dans le retard, la régression et le retour en arrière ! Un siècle pour rien…

Louis XIV surnommé le Roi-Soleil disait la paix doit être la règle de la vie pas la guerre… Son sage et très long règne de soixante-sept ans fut celui d’une longue prospérité et d’une grande croissance pour la France et son exceptionnel peuple gaulois cerné et entouré par les Anglais et les Saxons hostiles… et qui n’avait jamais connu de paix aussi durable depuis Clovis…

À quand un Louis XIV libanais ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Dans leur sagesse bédouine que leur reproche des fois les autres Arabes moqueurs (ceux qu’on appelle les Arabes civilisés ou sédentaires) les Arabes du Golfe et du désert d’Arabie, où d’ailleurs est né le Prophète, voyaient déjà il y a plus d’un siècle l’imminence de la réalisation inéluctable de la fameuse déclaration-promesse de Balfour, ce lord britannique qui a bien...
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