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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourquoi écrire ?

Nous nous déplaçons sur le silence, comme une note sur un clavier. Nous sommes les citoyens du pays des mots. On entretient avec l’écriture une complicité faite de tendresse et de clarté, d’attente et d’espérance, de nostalgie et de révolte, de tristesse colorée avec les lueurs de l’aube. Nos mots, porteurs de la lumière de nos enfances et d’un temps mordoré par le souvenir, voguent puissants et denses sur les eaux de l’éternité.

On écrit pour concrétiser le langage du cœur, le langage de l’être profond, pour éveiller les frémissements de la sensibilité et le pouvoir de l’imagination. Il faut être nu de tout pour ce voyage dans l’inconnu où nous convient les mots.

Écrire pour cheminer sur la voie royale de la vérité. Une vérité toujours approximative, sans cesse dessinée, sans cesse entrevue, mais jamais coulée dans un monde rigide et définitif. Architecte de l’espace intérieur, l’écrivain est celui qui réorganise le monde en lui donnant une touche de divinité. Symbole de la liberté créatrice, l’écrivain transforme le réel, lui impose de nouvelles formes, une nouvelle unité.

L’écriture est une libération, elle libère la conscience de la perplexité et du doute, elle gomme la réalité hideuse, source d’inquiétude et d’effroi. Qu’il s’agisse des écrivains ou des poètes, tous trouvent dans l’écriture la possibilité de sortir d’un quotidien violent, d’être à la frontière cotonneuse de l’onirique où se résorbent les antagonismes, où se résolvent les contradictions, où disparaissent les aspérités. Écrire est une manière de se révolter.

« J’écris pour ne pas passer à l’acte, pour éviter une crise. L’expression est soulagement, revanche indirecte de celui qui ne peut digérer une honte et qui se rebelle en paroles contre ses semblables et contre soi. L’indignation est moins un mouvement moral que littéraire, elle est même le ressort de l’inspiration » (Cioran).

Par les mots, ces étoiles qui se rassemblent sur une feuille blanche, l’écrivain brise le mur de la solitude où il étouffe, et rejoint tous ses semblables, tous ces hommes anonymes qui souffrent et meurent dans l’indifférence générale. Les mots nous aident à nous affirmer, à interpréter une réalité qui nous dérange pour faire parvenir un message d’amour et de fraternité.

Écrire, c’est aller à la rencontre de l’autre, se reconnaître en lui, par lui et avec lui pour que chantent les accords d’une harmonie et les possibles d’une réconciliation avec le meilleur de nous. Il y a dans la vibration de certains mots un appel à plus de lucidité, une résonance plus large pour en accompagner le sens, pour en prolonger l’impact.

Petites phrases jetées ou plutôt déposées précieusement dans des carnets, des bouts de papier, des dos d’enveloppe, des nappes de restaurant, qui jalonnent nos poches, nos tiroirs, nos valises pour garder, pour maintenir vivante la trace d’un moment bienveillant ou d’un point d’interrogation, le souvenir d’une émotion fugace, la force d’une idée, la générosité d’une utopie porteuse de changement ou de remise en cause.

La mission majeure d’une phrase est de nous faire rêver, voyager, de nous interpeller, mais aussi de nous déloger de trop de certitudes erronées pour nous agrandir vers l’infini du partage.

En écrivant, nous faisons œuvre de création pour prolonger dans les rires de l’imaginaire ou les tâtonnements de la curiosité de l’entendement.

Si les âmes, comme les étoiles, s’attirent selon des lois inéluctables, seule l’ignorance parle de hasard. L’écriture nous amplifie pour tisser un lien, entretenir un écho, offrir des silences significatifs, raconter les histoires qui nous dépassent.

Nos mots, loin de se limiter aux contours de la subjectivité et des préoccupations individuelles, doivent dépasser le stade narcissique afin d’aller vers le monde pour saisir et exprimer l’esprit d’un peuple, l’âme d’une nation, les aspirations d’une collectivité. L’écrivain doit s’engager dans le monde comme témoin des grands combats que mènent ses compatriotes pour la liberté, la justice et la dignité. L’écrivain devient alors son temps.

Pour redessiner des horizons nouveaux, pour retrouver nos identités perdues, pour repenser nos convictions et nos valeurs, pour réinventer nos sensibilités et pour savoir nous échapper de l’amertume de l’éphémère, veillons à bâtir la demeure puissante du verbe, veillons à aimer les mots, à les protéger, à les honorer, à les écouter palpite et vibrer dans la fragilité de l’instant.

Arpentons-nous en écrivains, tout en espérant laisser des traces de notre passage, non des épreuves... Seules les traces font rêver !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Nous nous déplaçons sur le silence, comme une note sur un clavier. Nous sommes les citoyens du pays des mots. On entretient avec l’écriture une complicité faite de tendresse et de clarté, d’attente et d’espérance, de nostalgie et de révolte, de tristesse colorée avec les lueurs de l’aube. Nos mots, porteurs de la lumière de nos enfances et d’un temps mordoré par le souvenir,...

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